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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Giscard : "Vous êtes en plein dans le plan de stabilisation." Est-ce à dire qu' après avoir pris l'initiative de ce plan, vous ne vous sentez plus impliqué ?
    GdG. — Je ne l'ai pas dit à Giscard, je l'ai dit à vous tous ! Les ministres appliquent tous, chacun pour ce qui le concerne, ce qui a été décidé sous mon autorité. Je suis intervenu pour donner l'impulsion, c'est mon rôle ; vous savez bien que si je ne l'avais pas donnée, personne ne l'aurait fait, ni Pompidou, ni Giscard. Mais vous verrez, l'opération réussira. C'est le bon sens. Les sacrifices ne sont pas tellement lourds. Ceux qui voudraient empêcher ce plan de réussir encourraient la désapprobation de l'opinion.
    AP. — Que comptez-vous faire si les syndicats se déchaînent ?
    GdG. — Il n'y a pas grand-chose à en espérer. Même si leurs fédérations trouvent les conversations utiles, ils ont toujours cent sous à demander. Ils ne s'élèvent pas au plan de l'intérêt général. La porte est ouverte, on se concerte, soit ! Mais le plan de stabilisation n'est pas de leur responsabilité. Il est de la responsabilité du gouvernement. »
    En me raccompagnant à la porte, il ajoute, comme pour se rassurer : « Il y a déjà une stabilisation sur les prix. Il y a déjà des effets sur le crédit. Le plan de 58 avait réussi et personne n'avait bougé.
    AP. — Sauf les Anciens combattants.
    GdG. — Qui s'en souvient ? »

    « Vous avez lâché 1 % dans le secteur public quand je n'étais pas là ! »
    Au Conseil du 23 octobre 1963, Pompidou évoque ses entretiens avec les confédérations syndicales. Il leur a souligné l'importance que revêt, pour le maintien du pouvoir d'achat des salariés, la réussite du plan.
    Pompidou : « Il est important que le gouvernement crée une ambiance de concertation, qui ne permette pas aux syndicats de dire qu'on les traite comme quantité négligeable.
    GdG. —Attention ! Dans vos conversations avec les syndicats, gardez une grande réserve. L'État doit rester maître du jeu.
    Joxe (avec le sourire). — Il ne doit pas avoir l'air de trancher. »
    Le Général n'apprécie pas ; il contre-attaque aussitôt : « Il nefaut jamais avoir peur de trancher ! Vous avez décidé de lâcher 1 % pendant que je n'étais pas là ! »
    Il a toujours l'impression qu'on profite de ses déplacements — en Iran cette fois 1 — pour capituler. Un ange passe. C'est Giscard qui a la présence d'esprit de rompre le silence. Il sait apaiser le Général :
    « Pour les prix, l'évolution est encourageante. La taxation est appliquée. L'indice général des prix à la fin de l'année sera certainement au plus égal à l'indice de fin de septembre. Cependant, la tension de l'économie persiste. Le maintien rigoureux des dispositions du plan de stabilisation est nécessaire ; il faudra même l'accentuer. »
    Joli ! Giscard a réussi à détourner le Général d'un mouvement de mauvaise humeur, et en même temps à l'encourager dans son attitude intransigeante. Du grand art, au rythme de la guerre éclair.

    « Les syndicats traduisent les peut-être en promesses fermes »
    Pompidou, moins rapide, se rattrape quand même. Visé par l' allusion au 1 % d'augmentation salariale « lâché » aux fonctionnaires, il doit répondre :
    « C'est une mesure transitoire, pour préserver le pouvoir d'achat durant le plan.
    GdG. — Mais le budget de 1964, notamment pour la fonction publique, a été établi sur la base de 0,75 % par trimestre ! Maintenant, vous parlez de 1 % ! Ça entraînera donc un supplément de dépenses ! Sans recettes ? »
    Les balles passent de plus en plus au ras du filet. Giscard, dont la technicité n'est jamais en défaut, répond instantanément :
    « Pour la progression des salaires, elle coûtera 200 millions, couverts par des économies déjà prévues, et par des abattements supplémentaires sur les dotations budgétaires.
    GdG. — Ce qui me préoccupe, ce sont les moyens de paiement. Il est fâcheux que, chaque fois que l'occasion s'en présente, on procède à des paiements qui n'avaient pas été prévus. C'est ainsi qu'on fabrique de l'inflation. Si chaque fois qu'une dépense supplémentaire se présente, nous fabriquons des billets ou des bons du Trésor, l'inflation repart... Pourquoi nos importations augmentent-elles ?
    Giscard. — C'est un problème que nous réglerons davantage au début de l'année 1964.
    GdG. — Cela se réglera par des économies. J'en prends acte. »

    Après le

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