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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Ils n'en seront détournés que si nous faisons des efforts qui les rendent plus prospères que leur entourage. Il ne faut pas amputer le peu qui nous reste d'Empire. Ça coûte de l'argent.
    GdG. — Il faut reprendre la question ab ovo 4 . »
    Son voisin pousse du coude Frey qui n'écoutait pas ; il lui souffle : « À Beauveau, c'est pour toi. » Le latin n'est le fort que de Foyer.

    « Nous sommes capables de rembourser toutes les dettes de la IV e ! »
    Au même Conseil du 10 juillet 1963, Giscard annonce : « Nous sommes prêts à rembourser par anticipation toutes nos dettes extérieures. Nous détenons 600 millions de dollars d'excédent net.
    GdG (il jubile). — Quelle différence ! Penser que nous sommes capables, au bout de quatre ans, de rembourser toutes les dettes de la IV e , qui en était accablée !
    Giscard. — Il faudrait que notre geste prenne plus de couleur (il doit penser à une de ces manières dont il a le secret, pour colorer des choses que les autres voient en grisaille).
    Couve. — On attend pour l'annoncer le discours de Kennedy ? GdG (vivement). — A-t-on intérêt à laisser croire que nous faisons un remboursement parce que Kennedy fait un discours ? »

    Après le Conseil, il me dit : « C'est extraordinaire, ce Quai d'Orsay, il a toujours tendance à se subordonner à l'étranger ! Nous avons toujours dit que nous rembourserions nos dettes quand nous en aurions les moyens. Il faut le faire, sans attendre les discours de l'un ou de l'autre. Nous n'avons pas besoin que les autres nous dictent nos décisions, ou nous donnent l'occasion de les annoncer ! Nous sommes devenus majeurs et indépendants, quoi ! »
    Le Général se garde d'incriminer devant moi Couve, qu'il aime bien, mais le Quai d'Orsay : façon de me mettre en garde. Il dénonce la tendance collective d'un corps anonyme.
    AP : « Une campagne se développe dans les journaux américains : la France chercherait à faire pression sur le dollar. »
    Il s'est levé et me raccompagne : « Ne vous souciez pas de ces campagnes. C'est tout de même extraordinaire qu'on nous accuse de mettre le dollar en difficulté ! Voilà une accusation qui n'aurait pas pu être formulée il y a quelques années ! » Il part d'un grand rire ; un rire de bonheur.
    1 Notamment le 24 avril 1963 (tome I, p. 531 sq.).
    2 Ministre du travail
    3 En latin : À partir de l'œuf, depuis l'origine.
    4 Ministre des DOM-TOM.

Chapitre 2
    « IL FALLAIT REPRENDRE LES RÊNES, J'AI VOULU QUE CE SOIT FAIT, C'EST CE QUI EST FAIT»
    Matignon, 27 août 1963.
    Fin de vacances. Branle-bas de combat. L'équipe du Premier ministre s'agite ferme. Le Général a tonné. Il s'est plaint que persiste la montée excessive des prix et des salaires. Il a exigé un plan de rigueur et un programme d'action.
    Pompidou se lamente affectueusement : « Chaque fois qu'il revient d'un long séjour à Colombey, le Général est regonflé. Il durcit ses positions. Au fil des jours, à l'Élysée, il se laisse entraîner vers le compromis. Mais quand il a rompu quelque temps avec le gouvernement, le milieu parisien, la classe politique, il revient à ses idées premières. »

    « L'inflation, c'est le chien crevé au fil de l'eau »
    Salon doré, 28 août 1963.
    Le Général m'a convoqué, à la veille du Conseil : « Il faut préparer l'opinion à quelques évidences. Stabiliser les prix et les salaires, c'est une politique digne d'un gouvernement. L'inflation, c'est le laisser-aller, c'est le chien crevé au fil de l'eau. Nous allons mener une politique d'action contre la hausse ; une politique de rigueur. Le gouvernement est obligé de constater que la croissance des salaires et des prix dépasse ce qui est raisonnable. Il faut donc prendre des mesures plus draconiennes. »

    Matignon, même jour.
    Pompidou veut apaiser. De Gaulle veut dramatiser : il estime que la confiance disparaît et que le franc est menacé. Mais, dans l'action, les deux hommes se rejoignent. Pompidou, après m'avoir fait répéter les consignes que m'a adressées le Général, m'exhorte dans le même sens : « Les syndicats vont vouloir faire capoter le plan de rigueur. Il faut leur dire et dire aux socialistes : " Vous êtes des vilains ! Vous voulez l'inflation ! " Notre jeu sera de les mettre dans l'embarras. »

    Pourtant, à la fin du Conseil du jeudi 29 août 1963, le Général se contente de dire :
    « Les décisions seront prises la semaine prochaine. Il n'y a pas besoin d'en faire un drame.

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