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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Conseil, le Général me laisse percevoir que les efforts conjugués de Giscard et de Pompidou n'ont pas réussi à apaiser sa pulsion de méfiance : « Si on a l'air de dire aux syndicats qu' "onn'exclut pas que...", ils traduisent aussitôt ces "peut-être..." en promesses fermes. Ils les répètent à tous les échos, et si souvent, que cela finit par devenir une vérité révélée ; on ne peut plus rien y changer. »
    Et lui, il a traduit la promesse dilatoire de Giscard en engagement d'économies — jusqu'à en « prendre acte »...

    Pompidou : « L'économie ne se dirige pas comme une parade »
    Matignon, jeudi matin 24 octobre 1963.
    À la fin de notre « petit cours », Pompidou, debout, me parle à voix basse — il ne veut pas faire état devant ses collaborateurs de secrets du Conseil des ministres, et encore moins de dissensions avec le Général : « Le Général est tellement volontariste, qu'il ne peut pas supporter l'idée que la vie économique n'obéisse pas à sa volonté, ni au Plan. »
    Il ferme un œil, allume une cigarette, la cale au coin de sa bouche : « Giscard, après avoir pendant un temps renâclé à ce plan de stabilisation que le Général voulait lui imposer ainsi qu'à moi, a enfourché ce cheval ; il en fait son affaire personnelle. C'est maintenant moi qui traîne le plus les pieds. » Ses convictions libérales sont heurtées par cet excès de dirigisme. Il conclut, au moment où je passe la porte : « L'économie ne se dirige pas comme une parade. »

    « Ce sont les mentalités qu'il faut changer »
    Au Conseil du 30 octobre 1963, nouveau point par Giscard :
    « L'évolution des prix depuis septembre marque une détente très appréciable. Un contrôle efficace a été assuré grâce au concours du ministère de la Justice. (Il avance la tête en signe d'hommage à Foyer.) C'est la première fois que des procès pour délits économiques ont abouti avec une pareille rapidité.
    « Les réserves du Trésor sont passées depuis la mi-septembre de trois milliards et demi à six milliards et demi — forte ponction sur la circulation monétaire. On va donc laisser repartir les commandes de l'État, sauf dans trois secteurs où la pression de la demande est encore excessive : construction, génie civil, électronique.
    « Je constate toutefois que ni dans les entreprises privées, ni dans les administrations, on n'a encore une claire perception des buts de la politique de stabilisation des prix. Faute de leur adhésion, nous allons être obligés de faire appel à des pressions contraignantes.
    GdG. — Je crois que ce que vous venez de dire est juste, à la fois pour ce qui est acquis et pour ce qui ne l'est pas encore, c' est-à-direles mesures nouvelles qui permettront de reprendre en profondeur ce qui n'aura abouti d'abord que superficiellement. Avant tout, ce sont les mentalités qui doivent changer. »

    À l'issue du Conseil, le Général me dit :
    « Voyez-vous, les gens n'ont toujours pas compris. Il est indispensable que les administrations et le patronat apportent un concours actif à cette politique.
    « Cet état d'esprit de stabilisation doit pénétrer dans les esprits. La politique des salaires doit obéir à un rythme voisin de celui prévu par le Plan et ne le dépasser en aucun cas. L'attitude des grandes entreprises montre qu'elles n'apportent pas un acquiescement profond au plan de stabilisation et qu'elles n'en ont même pas une idée nette. »

    « Si vous remettez tous en cause le resserrement de vos budgets, nous n'en sortirons pas »
    Au Conseil du 6 novembre 1963, Giscard fait la liste des coupes budgétaires qui permettront de gager dans le budget le 1 % d' accroissement des salaires du secteur public, soit 450 millions — 250 de plus que le chiffre annoncé au Conseil du 23 octobre ; il avait donc été avancé au petit bonheur.
    GdG : « Il est très important que le budget soit sincère. Puisqu'on a décidé, en mon absence et contre mon gré, qu'on augmenterait d' 1 % les salaires du secteur public en plus des 3 % décidés, il faut que la dépense soit inscrite dans le budget, avec les moyens de financement correspondants.
    Triboulet (sur un ton de déploration). — L'impasse est réduite de 7 milliards à 4,7 milliards.
    GdG (qui, lui, voit là matière à grande satisfaction). — En fait, on n'avait jamais vu ça ! Nous devons tous nous faire une psychologie nouvelle.
    Triboulet (briscard de la IV e ). — J'ai toujours vu appliquer des

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