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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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c'est-à-dire sans aucune impasse, quelques journalistes se précipitent pour téléphoner.
    Je n'ai pas imaginé un instant que ce n'était pas une décision préalablement arrêtée avec le Premier ministre et le ministre des Finances. Je n'ai donc pas alerté Giscard — comme je le fais quelquefois, quand le Général me prescrit d'annoncer une nouvelle qui risque de faire sauter en l'air le ministre concerné.
    En début d'après-midi, tombe une dépêche cinglante de l'Agence France-Presse. Le cabinet du ministre des Finances dément mes propos, affirmant qu'« il n'a pas été question de cet objectif au Conseil des ministres », et qu'il est « complètement exclu qu'il soit atteint pour 1965 ». Il laisse même entendre que je n'ai « pas dû comprendre de quoi il s'agissait », puisqu'il faudra « attendre encore plusieurs mois pour être fixé sur le volume des dépenses ».
    Sur l'interministériel, j'appelle Giscard pour lui confirmer l'instruction que j'ai reçue, puis Burin des Roziers, qui le rappelle aussitôt pour lui authentifier la volonté du Général.
    Et on croit que le « domaine réservé » du Général se borne aux Affaires étrangères et à la Défense ! Le domaine réservé du Président,c'est toute question dont il estime de son devoir de se saisir, parce qu'elle met en cause l'intérêt national. Le Général a décidé qu'il n'y aurait pas d'impasse. Et s'il a mis, par ma voix, son ministre devant le fait accompli, c'est peut-être qu'en ne réagissant pas à son propos pourtant très clair sur l'impasse, Giscard l'avait mis en défiance.

    « Non, le plan de stabilisation, on ne l'arrête pas encore »
    Au Conseil du 6 mai 1964, Giscard : « Il faut que les administrations ne puissent engager au deuxième trimestre que les autorisations de programme prévues pour ce deuxième trimestre, c'est-à-dire 25 %.
    GdG. — L'an dernier, c'était au deuxième trimestre que tout le monde a pris le mors aux dents ?
    Giscard (qui sait tout de suite tirer parti d'une attitude du Général ; l'instant d'avant, il souhaitait que le deuxième trimestre ne dépasse pas 25 % ; il se précipite dans la fissure ouverte). — Ne faudrait-il pas réduire le pourcentage du deuxième trimestre ? On pourrait le ramener à 21 ou 22 %.
    Pisani (gémit). — Mais c'est un piège à ministres ! Il y a une inertie pendant le premier trimestre qui oblige à une accélération au second ! Sinon, déclarons tout de suite que toute l'administration du pays est mise en tutelle par quelques fonctionnaires obscurs dans une soupente du ministère des Finances.
    GdG (défend les fonctionnaires obscurs). — On a quand même bien besoin que ces fonctionnaires veillent dans leur soupente à ce que soit observée une politique d'étalement sur toute l'année. Si le retard du premier trimestre provoque une accélération au second, c'est cela même qui provoque la surchauffe. »

    Après le Conseil du 6 mai 1964, je demande au Général : « Alors, vous êtes assez content de ces résultats ?
    GdG. — Le rythme de l'augmentation des prix est maintenant inférieur à celui de la plupart des grands pays.
    AP. —Alors, on l'arrête, ce plan de stabilisation ?
    GdG. — Non, non ! Pas encore, car l'emballement se poursuit dans certains secteurs, le bâtiment par exemple ; si l'on n'y prenait garde, il risquerait de s'étendre. Alors, le gouvernement maintiendra l'application du Plan pendant la période qui vient. N'en dites pas plus. »

    Au Conseil du jeudi 21 mai 1964, préparation du budget 1965. Giscard rappelle l'objectif : ne pas dépasser 7 % de croissance. « Le mal inflationniste est si profond, qu'il imprègne notre esprit. Aucune grandeur dans la nature ne progresse de 10 % par an !
    Pompidou. — Que les ministres ne demandent pas 10 en espérant que les Finances, parties de 5, consentiront 7.
    Fouchet. — Mes craintes sont grandes. Ne pas me concéder ce dont j'ai besoin, c'est condamner la réforme de l'enseignement à l'échec. C'est comme si on installait des baignoires, mais sans canalisations pour y amener l'eau.
    GdG. — Personne ne conteste la nécessité de soutenir l'Éducation nationale, notamment pour les constructions. On n'est pas mal disposé. (Dans la bouche du Général, cela sonne comme un " Va, je ne te hais point".) Mais on ne peut pas faire une réforme de l'enseignement qui dépasse nos moyens.
    « Il faut voir les problèmes dans leur ensemble. Où est l'essentiel ? C'est d'en finir avec

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