C'était de Gaulle - Tome II
socialiste. »
Chapitre 6
« LE PREMIER BUDGET EN ÉQUILIBRE DEPUIS POINCARÉ »
Conseil du mardi 7 juillet 1964.
C'est l'époque où la négociation budgétaire est au plus vif entre la rue de Rivoli et les ministres « dépensiers ». C'est donc le moment, en Conseil, de rappeler l'objectif.
Giscard : « La progression des dépenses publiques actuellement prévues est de 7,77 %. Il faut faire un effort supplémentaire pour s'en tenir à une progression de 7 %.
GdG (enfonçant le clou plus profond). — La progression doit être au maximum de 6,99 %, elle doit rester inférieure à 7 %. C'est un effort considérable. Il fallait vraiment rompre avec le passé. »
« Pour des raisons politiques évidentes »
Cette fois, ce n'est pas le Général, ce sont les ministres que Pompidou essaie de rassurer, en expliquant que ça aurait pu être pire : « Ça correspond aux recommandations de la Commission de Bruxelles. L'Allemagne est à 6 % seulement de croissance du budget de l'État : nous ne vous en demandons pas tant.
Pisani. — Le budget d'investissement de l'Agriculture va augmenter de 0,45 %, ce qui veut dire une diminution.
GdG (inquisitorial). — Quelle a été l'augmentation de vos dépenses d'investissement de 1964 sur 1963 ?
Pisani. — 9 %.
GdG. — Ça fait quand même près de 10 % sur deux ans. Quand une année a été en forte augmentation, c'est encore faire un gros effort que de maintenir cette augmentation.
« On a eu un déferlement des dépenses publiques au cours de ces dernières années. C'est une nécessité de l'arrêter. On a les moyens de faire en 1965 un budget qui soit sincère, qui s'équilibre réellement, et qui n'ajoute pas à l'inflation. Pour l'intérieur et pour l' extérieur, cette manifestation est capitale. Si notre expansion continue, nous serons alors dans des conditions normales et plus aisées pour les budgets suivants.
« L'année 1965 est décisive : pour la stabilisation ; pour la conjoncture européenne ; pour des raisons politiques évidentes. C'est la dernière année où nous soyons sûrs que nous pourrons établir un budget en équilibre. Nous devons le faire. (Les regardss'échangent autour de la table : veut-il dire qu'il envisage d'être battu ? Ou que son successeur ne serait pas aussi rigoureux ?)
« Ce sera un changement complet par rapport à ce qui était établi jusqu'à présent. Des habitudes d'esprit avaient été prises, qui faisaient penser qu'on pouvait augmenter les dépenses d'une année sur l'autre au-delà de la progression du revenu national. Cette pratique est terminée. Ce sera marqué et signifié en 1965. D' où l'importance exceptionnelle de l'effort qui vous est demandé. »
Pompidou me glisse un papier d'instructions qui se termine ainsi : « Vous pouvez dire que j' ai personnellement (il a souligné) imposé le maintien de la croissance à 10 % des autorisations de programme du secteur programmé. »
Il ne s'agit que des dépenses d'investissement, mais Pompidou tient à se présenter — et à ce que je le présente — comme un gestionnaire soucieux de croissance, et qui sait s'opposer aux pulsions d'austérité du Général, encouragées par Giscard.
« L'État avait pris l'habitude de vivre au-dessus de ses moyens »
Salon doré, après le Conseil.
AP : « Je ne voudrais pas déflorer ce que dans quinze jours vous allez dire du budget dans votre conférence de presse.
GdG. — Je me contenterai de dire que le budget de 1965 sera en équilibre. Mais vous pouvez en dire plus. Les dépenses définitives de l'État, jusqu'à maintenant, s'accroissaient d'une année sur l'autre plus vite que ne s'accroissait le revenu de la nation. Autrement dit, l'État avait pris depuis très longtemps l'habitude de vivre au-dessus de ses moyens.
« Pour la première fois, depuis Poincaré, la progression de la masse des dépenses de l'État ne dépassera pas la progression du produit national, et le budget est en équilibre. La stabilisation se fait. Un budget de stabilité, c'est vraiment le premier que l'on voie depuis Poincaré. Et ça ne doit pas être le dernier. Il faut que ça devienne la règle.
« Mais la stabilisation n'est pas contraire à l'expansion, et je le prouve. La stabilisation continuera. Elle affecte maintenant le budget, qui en est le facteur le plus décisif. Bon. Et l'expansion continuera. Le V e Plan sera un plan d'expansion.
« Vous pouvez expliquer que le budget qui a été décidé ce matin, ce n'est pas
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