C'était de Gaulle - Tome II
gens qui vont chez le coiffeur »
« Quant au secteur des services, il faut avoir prise sur lui. Pour les restaurants, les coiffeurs, etc., on peut prendre des dispositions réglementaires et éventuellement législatives. Les prix sont fonction du nombre de consommateurs. Il y a de plus en plus de gens qui vont chez le coiffeur, de femmes qui s'y font faire de plus en plus de choses. Cela ne se justifie pas du point de vue de l'intérêt national. (On n'ose pas rire, tant le Général sait faire cocasse avec sérieux.)
« Bref, pour les rémunérations, l'action immédiate sur les prix, les prix des services, je ne crois pas qu'on fasse ce qu'il faut.
Grandval. — Tout ce que nous pouvons espérer, c'est que les inspecteurs du travail n'interviennent pas pour demander des augmentations salariales.
GdG. — Dans mon esprit, il ne s'agit pas d'intervenir dans le débat entre patrons et syndicats. Mais sur les entreprises: on peut imposer une limitation aux hausses de salaires en les pénalisant fiscalement. J'ai l'impression que l'inflation des salaires vient du laisser-aller général des patrons, plus que de la pression de la base. Il faut se donner les moyens de faire pression sur les patrons. »
Étonnant numéro. Sur l'exposé quelque peu désabusé de Giscard, son volontarisme rebondit. Il n'est pas à court d'imagination, de suggestions. Ne dirait-on pas un conseiller technique expliquant à son ministre ce qui pourrait être fait, si l'on en avait le courage ?
1 Soit environ 250 francs en 1997.
Chapitre 7
« NOUS PASSONS DE LA STABILISATION À LA STABILITÉ »
Conseil du 13 janvier 1965.
Giscard annonce avec un brin de solennité que «nous sommes entrés dans l'avant-dernière phase de notre plan, après la première, fin 63, qui a liquidé l'inflation, et la deuxième, en 64, qui a rétabli les équilibres en profondeur. La troisième oriente l'économie vers le retour de la stabilité. La quatrième relancera l'économie.
GdG (délibérément terre à terre). — Les importations ont augmenté en décembre.
Giscard. — En valeur absolue, elles ont augmenté. Le secteur des salaires n'a pas été assez freiné.
«Au printemps, nous entrerons dans la dernière phase, la relance. Nous devons faire des progrès de compétitivité. Il va falloir préparer la reprise, soit spontanée, soit stimulée. »
Pompidou intervient longuement sur la relance des investissements. Il est un peu moins clair que d'habitude.
GdG : « Ce que nous avions prévu s'accomplit. Il est impossible de passer de l'inflation à la stabilité, sans qu'il y ait un ralentissement de l'activité intérieure. Il n'y a pas arrêt du progrès économique de la France. On s'en apercevra dans quelque temps. Il faudra vraisemblablement faire quelque chose pour faciliter la reprise, mais en toute sérénité. »
« Il y a eu, par triche, des augmentations de salaire considérables »
Après le Conseil, le Général me dit, non sans cruauté : « Ce n'est pas la peine de revenir sur ce que le Premier ministre a dit des investissements. Vous n'en sortiriez pas. Il n'en a pas lui-même une idée très précise.
(Pour une fois que Pompidou a été moins percutant, le Général ne le rate pas. De plus, il doit craindre que parler d'aide à l'investissement soit prématuré ; l'heure est encore à la stabilité.)
« Nous avions une économie qui incorporait l'inflation. Nous avons une économie qui ne l'incorpore plus. L'adaptation prévue a été réalisée. Nous passons de la stabilisation à la stabilité. L'expansion se produira dans des conditions bien plus saines. De ça, on n'a pas de raison de douter. »
Conseil du jeudi 21 janvier 1965.
Pompidou : « Le patronat comme les syndicats ne supportent pas la rigueur du plan de stabilisation, particulièrement la volonté de rétablir l'autorité de l'État. Ils essaient, avec un parfait ensemble, de faire capituler le gouvernement.
«L'éloge vibrant du libéralisme traditionnel, c'est l'attitude de tous les patronats de la terre. C'est normal, à condition que ce libéralisme ne se transforme pas en demandes pressantes à l'État en cas de nécessité, et favorise la concurrence. Parmi les mesures dirigistes, on dénonce le blocage des prix. Bloquer les prix n'a jamais empêché de les baisser! Il faut lutter contre l'extérieur avec des prix compétitifs !
GdG (abordant le premier la seule question qui fasse débat). — Il faut régler la question du SMIG. Je ne crois pas
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