C'était de Gaulle - Tome II
%.
« 6. Une politique des revenus sera mise en train.
« 7. Les objectifs sociaux seront beaucoup plus importants que dans le IV e Plan. Les crédits qui leur seront affectés augmenteront : pour la construction de logements de 35 %, pour les prestations sociales de 40 %, pour les équipements collectifs, de 55 %.
« 8. La politique d'aménagement du territoire sera intensifiée — grands axes de communication, industrialisation de l'Ouest, axe Méditerranée-Mer du Nord, modernisation de la région parisienne, villes millionnaires. »
Ça se déroule comme s'il lisait au télé-prompteur. A-t-il appris par cœur ? Il a une mémoire quasi maladive.
« L'inflation des salaires vient du laisser-aller des patrons »
Au Conseil du jeudi 12 novembre 1964, Giscard fait le point sur la stabilisation : « Les équilibres fondamentaux de l'économiefrançaise ont été restaurés pour l'essentiel. Mais, depuis deux mois, il y a une tendance à la reprise de la hausse des prix, surtout pour les services. Disons-le : la politique de stabilisation a échoué pour les salaires. Le taux horaire aura progressé dans l'année 1964 de 9 %. Aucun artifice ne peut stabiliser longtemps l'économie quand la croissance salariale est telle ! Le marché de l'emploi est insuffisamment approvisionné. Dès qu'une entreprise a des difficultés, tout le monde s'émeut à la pensée qu'on pourrait remettre sur le marché de l'emploi quelques milliers d'ouvriers et on se coalise pour l'empêcher.
Pisani (à mi-voix). — Comme il a bon cœur !
Giscard. — Devant cette incoercible montée des salaires, le blocage des prix est en train de s'user. C'est une technique grossière, qui ne peut survivre plus de quelques mois. Les fabricants changent la marque, introduisent une nuance. C'est un nouveau produit : le blocage est inapplicable.
« Mais surtout, l'excédent du pouvoir d'achat est la cause générale de l'inflation, sans laquelle les causes particulières ne joueraient pas. »
Le Général est-il agacé de ces mauvaises nouvelles ? Déconcerté par cette analyse qui montre que l'inflation échappe à la prise de l'État ? Ou plutôt, par pragmatisme, veut-il abréger les analyses et arriver tout de suite aux décisions :
GdG (le brusquant) : « Alors, en pratique, qu'est-ce qu'on fait ? Quelles doivent être les mesures pour combattre ces tendances ?
Giscard. — D'abord, le maintien des contraintes actuelles. On aurait pu souhaiter leur levée : c'est impossible. On ne peut revenir sur l'encadrement du crédit, le blocage des prix, la régularisation de la dépense publique. Aucun risque ne doit être pris. La stabilisation est fondamentale pour l'année 1965. Le dispositif doit être renouvelé et approfondi pour atteindre cet objectif. »
« Les gens ont toujours l'argent facile »
Pompidou intervient aussitôt pour dédramatiser. Il n'avait cessé de scruter le visage du Général pendant la communication de Giscard : « La situation de la trésorerie est excellente. Notre commerce extérieur a plus que largement retrouvé l'équilibre. Je reconnais que les salaires montent trop. L'alimentation baissera à cause des formes nouvelles de grande distribution de type américain. Pour le moment, la demande croît, alors que l'offre ne croît pas autant. On ne va pas contre la vérité économique. Les hausses de rémunérations dévorent la productivité et même une partie des marges. Mais dans l'ensemble, le plan de stabilisation est une réussite.
GdG. — Il est très important que la stabilisation, fondamentalementréussie grâce à l'intervention de l'État, soit marquée par le budget 1965. Les gens ont toujours l'argent facile. La psychologie n'est pas encore inversée. C'est fâcheux.
« Je ne peux pas accepter qu'on ne trouve aucun moyen d'action directe sur les entreprises. On avait envisagé des mesures; on n'en a jamais pris aucune. Les industriels font absolument ce qu'ils veulent. C'est excessif. Nous agissons sur le commerce, sur les détaillants, sur la production. Pourquoi pas sur les rémunérations?
« Pour les prix, il y a des tensions. Je ne suis pas sûr qu'on intervienne très vite et très vigoureusement. Pour le beurre, malgré la diminution des livraisons de lait, il y a eu des exportations de beurre, et la raréfaction a fait monter les prix. On aurait dû arrêter ces exportations. Pour le poisson: pourquoi n'intervient-on pas pour approvisionner Paris en poisson?
« Il y a de plus en plus de
Weitere Kostenlose Bücher