C'était de Gaulle - Tome II
l'exécution de ces réformes nous paraît satisfaisante, sauf pour le remembrement, qu'il faut accélérer.
« Il semble qu'il y ait un ébranlement dans l'opinion agricole, même dans les régions où, jusqu'à présent, on ne le discernait pas. Mais ne donnez pas l'impression d'un commencement absolu, sinon tout le monde va se précipiter chez moi. »
« Il était nécessaire que le problème agricole fût pris dans son ensemble »
Conseil du 1 er juillet 1964.
Pisani lance le débat sur le prix des céréales. « On prévoit une collecte de blé de 95 millions de quintaux. La fixation de prix stables va provoquer de très graves déceptions. Avec le maintien du prix du lait, la situation sera difficile. Nous allons être à la limite de la tension.
GdG. — Pour le prix du blé dans le Marché commun, restons fermes dans notre volonté. Nous avons des excédents. Je crains que les emblavements s'accroissent. Je rappelle indéfiniment qu'il faut les réduire. Le IV e Plan le prévoit. Il faut le respecter, ici comme ailleurs. Quant à l'agitation, nous verrons bien.
« Et la viande, est-ce que nous allons enfin maîtriser ce problème compliqué et décevant? »
Pisani expose alors en détail sa réforme de l'abattage.
GdG : « Votre communication prouve que vous prenez en main cette énorme question.
« Qu'il s'agisse de réorganiser le commerce de la viande, de supprimer les abattoirs qui ne valent rien, de développer ceux qui sont bons, de réorganiser le contrôle sanitaire, de faire l'état civil de chaque animal, d'identifier chaque morceau, d'interdire la circulation des viandes non identifiées 2 , de réorganiser le commerce, les mandataires, les commissionnaires: tout ça s'imposait.
« La consommation de viande est partout en hausse: en France, et encore plus en Allemagne et en Italie. Or, dans les pays de vieille civilisation rurale, à exploitations familiales, on se décourage devant les servitudes de l'élevage. En échange de ces servitudes, la production laitière offre une ressource régulière. Aussi, la viande stagne ou recule. Les conditions doivent maintenant être créées pour qu'elle progresse, de manière à répondre à cette demande croissante et qui sans doute persistera.
« Il était nécessaire que le problème agricole fût pris dans son ensemble. Il l'est. Nous nous en félicitons. »
« Il faudra un jour augmenter le salaire minimum agricole »
Conseil du 24 février 1965.
Grandval fait une communication sur le SMIG et le SMAG 3 .
Pompidou : « Le SMIG va être augmenté de 2 %. Nous avons déclaré que nous tendions à diminuer l'écart entre le SMIG et le SMAG, mais sans fixer de date. Nous allons entrer dans le Marché commun agricole : la hausse des prix nous poussera alors vers la revalorisation du SMAG. Il ne faut donc pas anticiper en augmentant le SMAG dès maintenant.
Pisani (avec une colère froide, dans le rôle du grand seigneur rappelant ses pairs à l'ordre pour leur faire honte de la misère des serfs, à la veille d'une jacquerie). — Je suis navré de l'orientation que prend le débat. Il y a là un manque à l'égard d'une catégorie vraiment très, très défavorisée. Je ne parle pas seulement de cœur. Je parle de justice. Je tiens à dire qu'aucun d'entre nous n'oserait mettre le nez, ou la pointe de ses souliers vernis, dans le logement d'un ouvrier agricole en province.
(Un silence s'installe, que le Général, visiblement touché, brise le premier.)
GdG. — C'est probable, en effet. Nous retenons votre observation, pour le jour où il y aura une augmentation des prix agricoles : il faudra alors augmenter le salaire minimum en agriculture. Mais en attendant, l'effort fait pour développer le niveau de vie des agriculteurs va au-delà de ce qui avait été prévu par le Plan, et même de ce qui avait été imaginé par les agriculteurs eux-mêmes. »
Avant la fin du même Conseil , Georges Pompidou, préoccupé de la sortie de Pisani et redoutant qu'une fuite ne la fasse connaître, me griffonne à la hâte un billet, en y soulignant les mots importants :
« Dites simplement : "2 % d'augmentation, étendus au SMAG et aux départements d'outre-mer." Par contre, marquer que c'est la troisième fois que mon gouvernement procède à une revalorisation du SMIG supérieure à la montée de l'indice et que c'est la première fois qu'on le fait sans attendre que l'indice saute.
« Soulignez l'obstination avec laquelle le gouvernement
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