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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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formule dangereuse de participation. Il veut utiliser l'argent deux fois. On ferait un prélèvement sur les bénéfices non distribués — investissements, autofinancement. Les sommes resteraient à la disposition de l'entreprise, mais seraient versées dans un Fonds national du travail — pour alimenter les retraites complémentaires.
    « Des fonds, on en a dans tous les coins, ça ne donne rien, ça ne supprime pas le problème des vieux ni des actifs. Tous ceux qui n'auront pas cet avantage en exigeront autant. Les salariés demanderont des augmentations de salaire tout autant, ça ne va nullement les calmer. Et puis, c'est inflationniste. »
    Mais ce n'est plus Chalandon qu'il vise, quand il suggère qu'être obsédé par le couple capital-travail, c'est se tromper de sujet, et d'époque :
    «Les problèmes sociaux, c'est autre chose que le problème ouvrier. C'est une perversion intellectuelle du XIX e siècle que de les confondre. La question sociale, en ce sens-là, elle est virtuellement réglée, depuis que les ouvriers deviennent des bourgeois. La question sociale aujourd'hui, ce n'est pas les ouvriers, c'est les paysans. »

    « La grève des mineurs ne doit pas nous décourager, mais nous stimuler »
    Salon doré, 30 avril 1963.
    AP : « Comment concilier votre thèse de la participation et l' attitude agressive que les syndicats ont montrée pendant toute la grève des mineurs ?
    GdG. — L'essentiel, c'est d'entrer dans le règne de l'économie concertée. Nous y sommes déjà beaucoup plus qu'on ne le dit et qu'on ne le croit. Il faut le faire apparaître plus nettement au public. Il faut faire participer les syndicats à la décision et aux responsabilités qui en découlent. Il faut leur donner le sens de l'intérêt national. Il faut que le syndicalisme revendicatif devienne un syndicalisme de gestion. Cette grève est une alerte. Elle ne doit pas nous décourager, mais nous stimuler. »
    Il reprend, après un silence :
    « Maintenant, il faut aller à fond vers la participation. Ce n'est plus acceptable qu'il y ait, d'un côté les patrons ou l'État-Patron, de l'autre les ouvriers, en situation d' antagonisme permanent.
    « Il faut que tous ceux qui participent au fonctionnement de l'économie, à la création de richesses, comprennent qu'ils sont embarqués sur le même bateau et qu'ils se font du mal tous ensemble en se traitant comme des adversaires.
    AP. — C'est ce que vous appeliez l'association capital-travail du temps du RPF ?
    GdG. — Si vous voulez, mais ce qui se passe montre qu'il faut aller plus loin encore.
    AP. — Mais où, en pratique ?
    GdG. — L'association capital-travail peut se faire à trois niveaux. D'abord, l'intéressement aux bénéfices de l'entreprise. Une ordonnance de 1959 a déjà posé le principe des contrats d'intéressement. C'est un bon début. Quelques firmes, comme Dassault, l'ont appliqué. Ensuite, la participation à la plus-value du capital, ce qui provoque du tirage de la part du capital, mais ce n'est pas une raison pour ne pas le faire. Ça permettrait de faire des ouvriers des copropriétaires de leur entreprise. Enfin, il faut explorer dans quelle mesure les cadres et le personnel peuvent être associés à la gestion des entreprises, en contrepartie de la diminution du rôle des conseils d'administration. J'ai demandé à Bloch-Lainé de réfléchir sur ce point. »

    Pompidou : « Il y a du pour et du contre »
    Matignon, 2 mai 1963.
    Pompidou me révèle : « Nous mettons la participation à l'étude. Il y a du pour et du contre. On pense à une formule qui pénaliseraitles augmentations de salaires de plus de 4 % par an. Les sommes disponibles seraient versées en provision de participation au capital. Ça limiterait les augmentations de salaires sans frustrer les travailleurs. »
    En attendant, il m'impose le black-out. L'idée est de Giscard. Elle mérite à ses yeux davantage de considération que celle de Chalandon. Mais Pompidou veut la mûrir à Matignon, avec Grandval, qui hésite et qui est plutôt contre ; et surtout avec Massé 2 . Celui-ci a beau ne pas appartenir au gouvernement, il a beaucoup plus de poids aux yeux de Pompidou que Grandval, qui y siège.
    Louis Vallon 3 , rencontré l'autre jour dans les couloirs de l'Assemblée nationale, est venu vers moi, jovial à son ordinaire, et m'a raconté comme une bonne blague sa récente conversation avec le Général.
    «Alors, mon général, cette association capital-travail,

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