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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Blancs d'un côté, leurs Noirs de l'autre, comme nos petits Blancs en Algérie, en Afrique noire ou en Indochine, face à nos Arabes, à nos Noirs ou à nos Jaunes. La lutte est inexpiable. Il n'y a pas de solution qui puisse satisfaire tout le monde. C'est pourquoi on ne saura jamais la vérité. Car elle est trop terrible, trop explosive ; c'est un secret d'État. Ils feront tout pour le cacher ; c'est un devoir d'État. Sinon, il n'y aurait plus d'États-Unis.

    « Ils observeront la loi du silence »
    AP. — Vous pensez qu'Oswald est un prête-nom ?
    GdG. — Tout porte à le croire. Ils se sont saisis de ce communiste qui n'en était pas un, tout en l'étant. C'est un minus habens et un exalté. C'était l'homme qu'il leur fallait. Un merveilleux accusé. La fable était de faire croire que le type avait agi par amour du communisme. Ça aurait permis de déclencher une chasse aux sorcières communistes et de détourner l'attention. Vous avez vu comment ils l'ont arrêté ? Ils le gardaient en réserve ! Ils se sont saisis de lui dès qu'il a fallu le trouver. Le type s'est enfui, car il devait se méfier. Ils ont voulu l'abattre sur-le-champ, sans même que la justice ait pu se saisir de lui.
    « Malheureusement, ça ne s'est pas passé exactement comme ils l'avaient sans doute prévu. Le type s'est défendu. Un policier a été tué. Il y a eu des témoins. Par suite, on était obligé de le poursuivre en justice. On ne pouvait pas le descendre sans autre forme de procès. Mais un procès, vous vous rendez compte, c'est épouvantable ! Des gens auraient parlé. On en aurait remué, des choses ! On aurait tout déballé ! Alors, la police est allée chercher un indicateur qui n'avait rien à lui refuser et qu' elle tenait parfaitement en main ; et ce type s'est dévoué pour tuer le faux assassin, sous prétexte qu'il fallait défendre la mémoire de Kennedy !
    « C'est de la rigolade. Toutes les polices du monde se ressemblent, quand elles font ces basses besognes. Dès qu'ils ont réussi à supprimer le faux assassin, ils ont déclaré que la justice n'avait plus à s'en occuper, puisque l'action publique était éteinte par la mort du coupable. Plutôt assassiner un innocent, que de laisser éclater une guerre civile. Plutôt une injustice qu'un désordre.
    AP. — Mais Bob Kennedy 5 essaie de prendre l'affaire en main.
    GdG. — Je me demande bien comment il fera. Chaque État faitla justice sur son territoire. C'est une loi fondamentale. Le gouvernement fédéral peut faire une enquête, mais il ne pourra pas en tirer de conséquences.
    « L'Amérique risque de connaître des soubresauts. Mais vous verrez. Tous ensemble, ils observeront la loi du silence. Ils se serreront les coudes. Ils feront tout pour étouffer le scandale. Ils jetteront le manteau de Noé sur ces turpitudes. Pour ne pas perdre la face devant le monde entier. Pour ne pas risquer de déchaîner des émeutes aux États-Unis. Pour sauver l'unité du pays et éviter une nouvelle guerre de Sécession. Pour n'avoir pas à se poser des questions à eux-mêmes. On ne veut pas savoir. On interdit aux autres de savoir. On se l'interdit à soi-même.

    « Les États-Unis ne sont pas une nation, c'est un costume de Polichinelle »
    AP. — David Schoenbrunn 6 ...
    GdG (vivement). — C'est un faux témoin sans importance.
    AP. — Peut-être, mais il a fait ce matin une déclaration intéressante sur Europe 1 — un mea culpa collectif. "Nous sommes tous des assassins. Nous avons tous tiré sur le Président avec le fusil à lunettes. C'est notre société que ce meurtre condamne et, en particulier, notre goût des westerns."
    GdG. — Oui, le goût des westerns y est peut-être pour quelque chose. Tout ça est un western. Mais c'est aussi un penchant naturel du peuple américain, qui est toujours enclin à chasser les sorcières. Tantôt, la sorcière communiste ; tantôt, la sorcière noire.
    « En fait, les États-Unis sont un costume de Polichinelle. Les Negroes ou les Latinos, qui s'entassent dans des ghettos misérables, ne font pas partie de la même nation que des descendants d'Européens qui détiennent tous les leviers, toute la richesse, tout le savoir, tous les pouvoirs.
    « Voyez-vous, la France est une nation. Elle est la nation qui a su fondre dans son creuset, de siècle en siècle, toute sa diversité, tous ses agrandissements, toutes ses immigrations, toutes ses populations hétérogènes. L'Algérie ne méritait pas d'être

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