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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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symbolique. Ça ne nous gêne pas.
    AP. — Mais vous pensez qu'en 69, à la fin du pacte de l'OTAN, nous pourrons nous en retirer complètement, ou nous pourrons exiger un remaniement de l'Alliance ?
    GdG. — Pourquoi voulez-vous ? Il n'y a qu'à laisser courir. (Rire.) Il n'y a plus besoin de changer quoi que ce soit. Sauf le jour où nous voudrons retirer les quelques troupes ou les quelques escadrilles que nous avons encore laissées sous le commandement de l'OTAN, c'est-à-dire sous les ordres des Américains. Mais, pour le moment, je ne vois pas à quoi ça servirait. »

    « Il faudrait que la France se précipite pour lécher les bottes des Américains »
    Salon doré, 4 décembre 1963.
    AP : « Votre refus d'une rencontre avec Johnson à Washington ne crée-t-il pas un premier incident dans vos rapports ?
    GdG. — Pourquoi ? J'ai déclaré à Johnson que j'étais tout à fait disposé à le rencontrer au printemps prochain. Je n'ai jamais dit que j'irais chez lui. S'il veut venir, il sera le bienvenu !
    AP. — Certains journaux sont déçus par la publication de son calendrier, où vous ne figurez pas.
    GdG. — Bon prétexte pour eux de baver sur la France ! Ils ne peuvent pas supporter que la France ne s'aplatisse pas. Pour vos journaleux, il faudrait qu'elle se précipite pour lécher les bottes des Américains, et plus vite que les autres !
    AP. — Finalement, vous ne le ferez pas, ce voyage...
    GdG (avec impatience). — Mais je n'ai aucune raison d'y aller ! J'y étais allé en 60, en visite d'État. Une en un septennat, ça suffit. De même en Angleterre, ça suffit ! En Allemagne, ça suffit ! En Italie, ça suffit ! Kennedy était ensuite venu me voir à Paris. Quand j'étais allé aux États-Unis, il n'était pas au pouvoir ; il était donc normal que je rende sa visite au Président Kennedy. Ma dette envers lui s'est éteinte par ma présence à son enterrement.
    AP. — Les Américains auront des réactions désagréables...
    GdG. — Ça m'est complètement égal. Ils comprendront que la France est un allié, et le plus sûr dans les moments difficiles, mais indépendant. »

    « Les Anglo-Saxons, je les aime, à condition qu'ils ne prétendent pas nous dominer »
    Salon doré , 11 décembre 1963. Je questionne le Général sur la prochaine réunion annuelle de l'OTAN.
    AP : « La France va-t-elle demander une révision des stratégies nucléaires occidentales ?
    GdG. — Pour quoi faire ? Tout ça, ce ne sont que des faux-semblants. Il faut laisser courir.
    AP. — Quelle sera l'attitude de la délégation française ?
    GdG. — Elle n'aura aucune attitude. Elle laissera dire.
    AP. — Elle sera d'une totale passivité ?
    GdG. — Il y a une réalité, c'est que les Américains se dégagent nucléairement de l'Europe. Ils ne veulent pas qu'un conflit en Europe les entraîne automatiquement dans la grande apocalypse. Ils veulent se laisser la possibilité d'y échapper, quitte à nous y plonger par là même, et c'est ça qui est grave.
    « Ils cherchent à tromper l'opinion, en inventant des trucs compliqués et pleins de bons sentiments. Nous nous opposerons à ce qu'ils fassent endosser par l'OTAN leur théorie de la pause atomique, qui n'est destinée qu'à couvrir leur dégagement nucléaire. »
    Un silence, puis il conclut : « Si Johnson veut venir me voir à Fort-de-France, terre française, où je serai dans deux mois, je n'y vois pas d'inconvénient. Il ne faut pas qu'on croie que je n'aime pas les Anglo-Saxons. Je les aime. À condition qu'ils ne prétendent pas nous dominer. »

    « Il ne sert à rien d'envenimer les choses »
    Salon doré, 29 janvier 1964.
    AP : « Notre reconnaissance de la Chine va peser sur les élections aux États-Unis. Les Américains prennent ça très mal.
    GdG. — Qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse que Johnson soit élu ou pas ? D'ailleurs, je préfère encore Nixon à Johnson 4 .
    AP. — La presse américaine donne l'impression qu'il y a une détérioration grave de nos relations.
    GdG. — Les Américains, chaque fois qu'on fait quelque chose qui ne leur plaît pas, proclament qu'on pourrait avoir des relations meilleures. Ça, c'est vrai. Quand nous ne voulons pas que l'Angleterre entre dans le Marché commun — ce qui ne les regarde pas —, et qu'ils adoptent une attitude agressive, eh bien, eux, ils n'améliorent pas les relations. C'est exact. Quand ils proposent de placer nos malheureuses bombes sous leur commandement et que nous

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