Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
en raison de votre prestige, mais aussi parce que les populations se sentent françaises. À Fort-de-France notamment, les étudiants et les jeunes vous ont réservé un triomphe indescriptible. La population est très jeune mais très française. Il y a des autonomistes, mais la population les désapprouve.
    GdG. — Par le sentiment, il n'y a pas de doute, ces populations sont attachées à la France, mais par la raison aussi. L'autonomie serait la séparation. Ces idées ont beaucoup perdu de leur emprise pour une bonne raison: nous avons constaté le développement de ces départements. Il a commencé. Ils s'en sont bien aperçus. C'est la première fois que ça leur arrivait. La départementalisation a des avantages qui commencent à apparaître sur le terrain.
    « D'autant plus qu'ils comparent avec les autres Caraïbes. Les îles voisines ont plus ou moins été peuplées de la même façon. Elles sont très désavantagées par rapport à la Martinique et à la Guadeloupe : par exemple, entre les deux, la Dominique. Tous les Antillais le voient, le savent, en tiennent compte. »
    « Il faut caser les enfants. » Il énumère les domaines où il faut faire porter l'effort : attribution des terres, création d'emplois, industrialisation, tourisme, débouchés en métropole. De quoi justifier sa conclusion:
    « La population m'a paru plus gaie, plus optimiste qu'il y a quatre ans quand je m'y étais rendu 10 .
    « Dans la période de l'Histoire où nous sommes, abandonner ces gens, ce serait les vouer au malheur. C'est impossible. Je le leur ai dit de la manière la plus catégorique. On veut faire de fausses analogies avec l'Afrique. Vouloir faire des États de ces pastilles perdues au bout de l'Océan, c'est absurde.
    « La profondeur antillaise le comprend très bien et ne veut pas en entendre parler. Les communistes se sont emparés de ce mythe,puisqu'ils veulent dissocier et dissoudre la communauté nationale. Mais tout ce qui n'est pas communiste le refuse.
    Jacquinot. — Les communistes, plus une minorité catholique.
    GdG. — Les petits vicaires, en attendant qu'ils défroquent. Ils ne tiennent même pas à leurs principes. Ils sont sans consistance. Tous ces trublions ne représentent pas grand-chose. »

    « C'est la première fois qu'un ministre... »
    Jacquinot enchaîne sur des possessions plus froides — les Kerguelen, Crozet, Saint-Paul, Amsterdam, dans les Terres australes, où il s'était rendu avant de rejoindre le Général aux Antilles. Il a pris pied sur une île qui n'a pas connu d'hommes depuis 1926. Il y a laissé une bouteille.
    GdG : « Les Terres australes : c'est la première fois qu'un ministre s'y rend. À plus forte raison un ministre d'État. Ce n'est pas banal que nous existions aux Kerguelen, où nous avons pour sujets des mouflons et des rennes; aux îles d'Amsterdam et de Crozet, où nous administrons les phoques; en Terre Adélie, où nous régnons sur les pingouins.
    « Je vous remercie de votre voyage et du témoignage que vous apportez au nom de la France. »
    Il y a des hommes qui, volontairement ou involontairement, rendent comique même la grandeur. Lui, il souligne le comique par l'expression de son visage — et débouche sur l'épique. Il faudrait un grand acteur pour rendre sa mimique et son ton quand il a dit, parlant de Jacquinot, volontiers glorieux: « à plus forte raison un ministre d'État ».

    « Je vous ai compris! »
    Après le Conseil.
    Quelle erreur j'ai commise ! Après notre retour, le Général a relevé que la presse est restée muette sur les propos qu'il m'avait expressément ordonné de reproduire :
    GdG : « Alors ? Je croyais que vous deviez publier mes déclarations.
    AP. — Je ne l'ai pas fait parce que j'ai eu des doutes.
    GdG (sévère). — Pourquoi ne m' avez-vous pas interrogé? C'est bien ce que vous faites d'habitude. Je passe mon temps à répondre à vos questions.
    AP — Il m'a semblé qu'il valait mieux ne pas fixer dans un texte définitif et qui risquait de vous emprisonner, des formules qui avaient plutôt le ton d'une conversation libre et détendue. On vous a tellement reproché "Je vous ai compris ! "
    GdG (rugit). — Mais ce mot-là, je l'avais lancé pour prendre acte de ce que les Français d'Algérie prétendaient vouloir faire, alors qu'ils l'avaient refusé depuis toujours : le collège unique, c'est-à-dire l'égalité des droits ! Jusque-là, dix voix d'Arabes comptaient pour une voix de Français. Dorénavant,

Weitere Kostenlose Bücher