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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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personnellement à propos de ces « affaires obscures ». Le porte-parole y suffit.
    Bien que j'aie tamisé ces précisions un peu brutales, quelques protestations se sont fait entendre les jours suivants, de la Mauritanie et du Cameroun, qui ont prétendu n'avoir bénéficié d' aucune intervention.

    Foccart : «Il ne faut jamais que le Général soit en première ligne »
    Le 26 février 1964, je tombe sur Foccart, dans le salon des aides de camp. Je lui demande pourquoi deux putschs tout semblables ont été traités de manière si contrastée dans deux États si proches : on laisse tomber Fulbert Youlou à Brazzaville, on remet Léon M'Ba sur son siège à Libreville.
    Foccart : « C' est très simple. Le putsch du Congo, c'était le 15 août. J'étais sur mon bateau en Méditerranée. On n'a pas pu me joindre. On a laissé filer. Quand je suis revenu à terre, c'était irrattrapable. Pour le putsch du Gabon, j'étais à mon bureau, j'ai aussitôt téléphoné aux uns et aux autres, j'ai donné les ordres qui s'imposaient, et je n'ai mis le Général au courant qu'ensuite. Si je n'avais pas été là, on aurait eu à Libreville exactement le même scénario qu'à Brazzaville. Il ne faut jamais que le Général soit en première ligne pour ce genre de coups durs. Il faut les régler sans lui en parler. On parle en son nom. On le met au courant quand c'est fini. Il peut toujours nous désavouer, si ça rate. »
    C'est la doctrine des serviteurs fidèles. Guichard pour Mai 58, Frey pour le maintien de l'ordre en France pendant la guerre d'Algérie, face au FLN ou à l'OAS, n'ont rien fait d'autre : « Il n'avait pas à le savoir. »
    De l'utilité des seconds rôles. Toutefois, l'optique du Général et celle de Foccart semblent difficiles à concilier. Pour le premier, la différence des traitements réservés à Youlou et à M'Ba tient à la différence entre l'inconsistance et la consistance : on ne peut soutenir quelqu'un qui ne se soutient pas lui-même. Pour Foccart, cette différence tient seulement au fait que lui-même était hors circuit dans un cas, au centre du circuit dans l'autre.
    Il est vrai que l'incompatibilité de leurs deux optiques n'est qu'apparente. Tous deux sont d'accord pour soutenir ceux qui « neflanchent pas ». Le Général couvre l' opération Gabon, comme il aurait couvert l'opération Brazzaville si une action de force avait été engagée à temps. Seules les circonstances font la différence. La circonstance qui changeait tout, c'était la présence ou l'absence de Foccart, l'homme qui savait aider à « ne pas flancher ».

    « L'essentiel est de ne pas laisser l'univers se diviser entre pays bien pourvus et mal lotis »
    À l'issue du Conseil du 11 mars 1964, je l'interroge sur l'entretien qu'il a eu avec Grunitzky, nouveau Président du Togo. Il me détaille les sujets abordés, puis insiste sur sa conclusion :
    « Je lui ai fait un panorama mondial. La France établit avec ses partenaires une Communauté économique européenne qui prend de plus en plus d'importance. L'Afrique a tout à y gagner, ainsi d'ailleurs que l'Amérique latine. Les pays de l'Est rencontrent de grandes difficultés économiques. Les Etats-Unis ont de grands moyens, mais sont gênés par les difficultés qu'ils rencontrent partout et mélancoliques à l'idée de devoir un jour renoncer à leur hégémonie.
    « L'essentiel, c'est de ne pas laisser l'univers se diviser entre pays bien pourvus et mal lotis. Le monde entier participe à une civilisation commune. Tous les peuples qui vivaient à des années-lumière les uns des autres font partie désormais de la même tribu, du même village 3 . Ils se côtoient.
    « Il devient de plus en plus insupportable que les uns soient voués à la misère, pendant que d'autres se roulent dans l'opulence. C'est le plus grand problème de notre temps. Voilà pourquoi nous vous aidons et vous aiderons. »
    « LA FRANCE FAIT UNE RENTREE ECLATANTE EN ASIE»
    1 C'est-à-dire l'infanterie coloniale.
    2 On a appelé ces ethnies, depuis lors, Hutus (Bantous) et Tutsis (Nilotiques), mais ce sont toujours les mêmes.
    3 C'est seulement en 1967, trois ans plus tard, que le sociologue canadien Mac Luhan, dans La Galaxie Gutenberg, popularisera l'idée de « global village ».

Chapitre 10
    « LES MARIONNETTES, ÇA N'ABOUTIT JAMAIS»
    Au Conseil du 25 avril 1962, Couve expose la situation au Laos. En mai 1961, une conférence Est-Ouest a recherché un accord des trois factions

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