C'était de Gaulle - Tome II
hostiles, gauche, droite et centre, sur la base duquel les puissances s'engageraient à ne pas intervenir. Mais le gouvernement de droite de Vientiane, à l'instigation des Américains, a boycotté cette formule.
GdG : « La non-intervention, c'était la solution souhaitée par la France. Le gouvernement américain, favorable en paroles, ne l'a pas été en actes. Sur place, ses agents, et en Thaïlande ses militaires, sont intervenus avec acharnement pour la saboter. Ils ne peuvent pas s'empêcher de choisir des hommes qui leur soient dévoués, de corrompre. Le résultat, c'est qu'ils soutiennent des dirigeants de plus en plus coupés de leur peuple, de plus en plus discrédités. Les marionnettes, ça n'aboutit jamais. »
« Ce sont des confettis du passé »
Au Conseil du 6, février 1963, Couve fait une communication au sujet des anciens Etablissements français dans l'Inde, que Nehru a confisqués en 1954 1 .
Après le Conseil.
AP : « Dire qu'on nous faisait réciter fièrement : "Pondichéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et Mahé." Ça serre le cœur.
GdG (sourit). — Ce sont des confettis du passé. Dans des îles, nous aurions pu rester. Dans un continent, on ne peut rien contre les grands mouvements qui le parcourent. Mais Nehru a été d'une brutalité inacceptable. Après Dien Bien Phu, il nous a vus au tapis, il a envoyé ses chars et un ultimatum, exactement comme Hitler l'aurait fait. Nous avons bien ménagé Monaco, qui est un vestige féodal. Pourquoi ne nous aurait-il pas ménagés ? Il est curieux que les Chinois ont respecté les Anglais à Hongkong et les Portugaisà Macao. Or, c'est la Chine qui a la réputation d'être totalitaire ; et l'Inde, d'être une démocratie, et elle prétend donner des leçons de droits de l'homme au monde entier ! Si nous avions été aux affaires, nous ne nous serions peut-être pas couchés aussi facilement. »
« Les Américains aggravent le pourrissement, un jour la pourriture les atteindra »
Au Conseil du 20 février 1963, Couve traite de l'Indochine : «Politiquement, la France est en dehors des affaires du Sud-Vietnam, aujourd'hui dominé par les États-Unis. La subversion communiste a pris de grandes proportions. Diem gouverne avec les catholiques. Les Américains ont fait un gros effort pour développer l'armée de Diem 2 . Elle a cependant connu des revers ; une sorte d' équilibre s'est établie entre les forces de l'ordre et la subversion.
GdG. — En Indochine, la situation est pourrie. Nous n'avons aucun intérêt à prendre parti pour un camp contre l'autre... Ni, encore moins, à nous confondre avec les Américains. Ils aggravent le pourrissement. Un jour, la pourriture les atteindra. »
« La Chine est le seul pays qui puisse se permettre d'encaisser des bombes, et d'en renvoyer »
Au Conseil du 23 juillet 1963, où Couve fait état des négociations de Moscou sur la cessation des expériences nucléaires dans l'air et en mer, il annonce que « les rapports entre la Russie et la Chine sont au point de rupture ».
Après le Conseil, le Général me dit : « C'est curieux, cette coïncidence. Les Russes, les Anglais et les Américains vont se mettre d'accord pour qu'on arrête les expériences nucléaires, mais ils sont bien incapables de s'opposer aux nôtres et à celles de la Chine. Or, le seul problème est celui de la Chine. Tout le monde sait bien que la France ne se servira de ses bombes que pour se défendre. Les Anglais de même. Les Russes seuls pourraient lancer la première frappe, ou les Américains, qui ont failli le faire contre la Chine si Truman n'avait pas limogé MacArthur. Mais le seul pays qui puisse se permettre d'encaisser des bombes et d'en renvoyer d'autres, c'est la Chine. Elle n'en est pas à cinquante millions d'habitants près. Dans le poker planétaire, c'est une incroyable supériorité ! »
Son attention est en éveil sur la Chine. Il y a, entre elle et laFrance, communauté de situation, sinon d'intérêt. Et puis, si l'Indochine se fige, la Chine bouge.
« Les Américains se sont figuré qu'ils allaient réussir là où nous avons échoué »
Au Conseil du jeudi 29 août 1963, Couve analyse la crise religieuse et politique du Vietnam-Sud — qui oppose les catholiques aux bouddhistes. Il note le désarroi des États-Unis, qui s'interrogent sur Diem, mais sont conduits à être de plus en plus présents. La subversion est de plus en plus forte.
GdG : « Quand l'Indochine a été libérée (le
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