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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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mot m'étonne tellement que je le souligne sur mon carnet), la question à Genève a été de savoir si quelqu'un allait se manifester qui ferait une politique nationale, sans passer sous la loi des autres, même s'il en reçoit des concours. De notre temps, ça n'était jamais arrivé. Excepté les communistes, jamais personne n'a voulu ou pu agir sur cette base. Même quand on a tâché de découvrir un élément national, ce fut Bao Daï, que nous n'avons pas trouvé consistant.
    « Dans cette carence, Diem a été adopté par les Américains. Ils se sont figuré qu'ils prenaient notre place et qu'ils allaient réussir là où nous avions échoué. Ils ont entrepris de donner beaucoup d'argent et de trouver des hommes à leur botte. Si quelque chose de national doit se révéler, il est bon que la France paraisse l'avoir souhaité. Dans la profondeur indochinoise, nous devons apparaître aux Vietnamiens comme la puissance qui contribue réellement à leur indépendance.

    « Il faut que nous le disions »
    « Depuis Genève, en 54, nous n'avons pas défini de politique. Il nous est maintenant facile de l'annoncer au Nord comme au Sud. Si les nouveaux dirigeants veulent être indépendants, la France les y aidera. Il faut que nous le disions. Nous sommes les seuls à pouvoir le dire. Si quelque chose a échappé en Indochine au communisme international, c'est grâce à nous. »
    À l'issue du Conseil.
    « Il faut que nous le disions », a-t-il dit, comme en passant. Ce n'était pas une intention vague. Revenu au Salon doré, il me parle lentement, et il est clair que ce texte, qui est censé résumer son intervention, bien qu'il en soit fort différent, a été mûrement préparé :
    « Les graves événements qui se déroulent au Vietnam sont suivis à Paris avec attention et avec émotion.
    « L'œuvre que la France a naguère accomplie en Cochinchine, en Annam et au Tonkin, les attaches qu'elle a gardées dans l'ensemble du pays, l'intérêt qu'elle porte à son développement, l'amènent à comprendre particulièrement bien et à partager sincèrement les épreuves du peuple vietnamien.
    « D'autre part, la connaissance qu'elle a de la valeur de ce peuple lui fait discerner quel rôle il serait capable de jouer dans la situation actuelle de l'Asie, pour son propre progrès et au bénéfice de la compréhension internationale, dès lors qu'il pourrait déployer son activité dans l'indépendance vis-à-vis de l'extérieur, la paix et l'unité intérieures, la concorde avec ses voisins.
    « Aujourd'hui plus que jamais, c'est ce que la France souhaite au Vietnam tout entier. Il appartient naturellement à son peuple, et à lui seul, de choisir les moyens d'y parvenir, mais tout effort national qui serait entrepris au Vietnam à cette fin trouverait la France prête, dans la mesure de ses propres possibilités, à organiser avec ce pays une cordiale coopération. »
    Il me fait répéter, corrige un ou deux mots.
    AP (sceptique) : « Vous croyez que cette déclaration aura un effet?
    GdG (de l'air de dire : "homme de peu de foi ! "). — Mais oui, à long terme ! Nous faisons notre rentrée en Asie. »
    Une fois de plus, des phrases à bâtons rompus devant le club des ministres deviennent déclaration publique. Les ministres s' apprêtaient à garder le secret sur les propos du Général, et ils apprennent le soir à la télévision qu'il m'a confié le soin d'emboucher la trompette. Mais les formes sont respectées : « Il faut que nous le disions » — le gouvernement a été énigmatiquement prévenu, et donc engagé.

    « Je ne suis pas le pape, mais j'ai des divisions »
    Au Conseil du 4 septembre 1963, Couve : « La déclaration faite par M. Peyrefitte a eu beaucoup d'écho. (Il feint de croire qu'elle n'engage que moi.) Elle a été abondamment commentée. Favorablement au Vietnam Nord et Sud et dans les milieux vietnamiens à l'étranger. Défavorablement par les Américains, parce que nous n'approuvons pas leur politique ; par l' Angleterre et la presse française ; et, paradoxalement, par les pays communistes.
    GdG. — L'avenir n'est à personne. Je ne suis pas sûr qu'il soit aux Américains, en tout cas pour le Vietnam. Kennedy s'agace des conseils que je lui donne et se plaint que les États-Unis portent seuls le fardeau indochinois. À l'époque où les Américains n'avaient aucun fardeau à supporter en Indochine et où celui que nous portions était beaucoup plus lourd que le leur aujourd'hui,

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