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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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pas pouvoir tout supprimer ? »
    Une fois l'instruction donnée, le Général se détend : « J'ai dit à Bohlen 3 : " Vous subirez l'odieux de la mort de Diem et de Nhu. Vous aurez beau faire et beau dire, personne ne vous croira. C'est vous qui en serez responsables." Les Américains l'ont flatté, l'ont caressé, l'ont bâti, l'ont enrichi. Mais tout a fini par des horreurs. Ils porteront inévitablement l'opprobre de ce massacre, que rien ne peut justifier. Bohlen a baissé la tête quand je le lui ai dit.
    AP. — Les successeurs de Diem vous inspirent plus confiance ?
    GdG. — Un conglomérat de militaires n'est jamais efficace. Il n'y a pas de tête. Aucun ne s'impose. C'est l'histoire du putsch d'Alger ou de l'OAS qui recommence. Ils vont se bouffer le nez entre eux. Ils feront la preuve de leur impuissance.

    « Les Américains ne s'en tireront pas, ils vont à la catastrophe »
    AP. — À moins qu'ils ne se lancent dans une fuite en avant, en essayant de battre le Vietcong à plate couture ?
    GdG. — Ils n'ont d'autre possibilité que de faire la guerre. Ils vont essayer de battre le Vietcong, ce qui veut dire que la guerre s'étendra, ce qui veut dire que la population se détournera de cette poignée de militaires, car la population aspire à la paix. Je ne crois pas à l'efficacité des militaires quand ils prennent le pouvoir. (Il ne sourit pas.)
    AP. — Et que vont pouvoir faire les Américains ?
    GdG. — Ça va être l'anarchie, ça l'était déjà, ça ne peut que le devenir davantage encore. Les Américains vont être de plus en plus engagés. Ils ne s'en tireront pas. Ils vont à la catastrophe.
    AP. — Mais alors, quelle solution voyez-vous ?
    GdG. — Une intervention étrangère ne peut mener à rien, sinon au désastre, à la guerre civile. Quand il y a eu les accords de Genève, il avait été déclaré expressément qu'il n'y aurait pas d'ingérence étrangère et qu'il fallait inciter les deux Vietnams à se joindre pour former une fédération, et non pas à se battre. C'est l'inverse qui a été fait, parce que les Soviets et les Américains se sont mis de la partie.
    « Il n'y a qu'une solution de sagesse : que le Vietnam se débarrasse des ingérences étrangères, qu'il obtienne la liberté, l'unité et la neutralité. Tout le reste est une mauvaise littérature.
    AP. — Vous ne croyez pas que Ho Chi Minh va en profiter ?
    GdG. — Je ne crois pas plus au Vietnam Nord qu'au Vietnam Sud. Je n'ai jamais été pour Ho Chi Minh. »

    « La Chine est un immense marché »
    Il a été également question pendant le Conseil d'une mission d'Edgar Faure à Pékin. Je demande au Général ce qu'il en attend 4 :
    GdG : « Ça devrait nous permettre de développer nos échanges. La Chine est un immense marché et les premiers qui s'y installeront auront une place préférentielle. » (Ce début m'étonne : il doity avoir de l'Edgar Faure sous cette présentation. Il ne serait pas naturel au Général de s'investir dans une vulgaire opération commerciale.) Il enchaîne aussitôt : « Et puis, nous obtiendrons des arrangements pour le Sud-Est asiatique.
    AP. — Quel genre d'arrangements ?
    GdG. — Eh bien, nous souhaitons que le Vietnam se réunisse, soit neutralisé et devienne indépendant. Encore faut-il que nous soyons d'accord avec les Chinois pour amener les Américains à accepter cette solution.
    AP. — Edgar Faure aura tout négocié ?
    GdG. — Non, je l'ai chargé d'examiner le terrain. Il faudra ensuite une véritable négociation. Il va s'arrêter à Delhi pour sonder également Nehru.
    AP (après avoir fait le naïf, il faut quand même lui montrer que je n'ai pas cru aux simples prémices d'un accord commercial). — Ce serait un joli coup. Mais ça peut aussi soulever trop d'obstacles.
    GdG. — Qui n'essaie rien n'a rien. Si ça ne réussit pas, ça ira de mal en pis pour le Vietnam. Si ça réussit, ça peut avoir pour effet d'épargner au Vietnam une longue guerre civile.
    AP. — Les Américains feront tout pour contrecarrer votre plan.
    GdG. — Ne vous en faites pas pour les Américains. Ça n'ira pas loin. Les Américains sont de plus en plus isolés. »
    Comme j'arbore un air un peu hilare, le Général précise : « Ils finiront par être détestés par tout le monde. »

    « Edgar Faure, disons qu'il s'est envoyé en Chine »
    Salon doré, 14 novembre 1963.
    AP : « On me pose des questions sur le voyage d'Edgar Faure. GdG. — Ne dites rien ! Sachez seulement que

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