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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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à la longue ; des rapports directs et des échanges croissants pourraient la faire évoluer de l'intérieur.
    (C'est ce qu'Edgar Faure m'avait appelé un jour le " syndrome d'impasse ", dans lequel on enferme un peuple en l'entourant d'un cordon sanitaire, et qui peut rendre fou. Ses brillantes idées se retrouvent ici en français usuel.)
    AP. — Il vous a demandé dans quels délais vous envisagiez ça ?
    GdG. — Il a essayé de me cuisiner. Je lui ai dit que je n'étais pas en mesure de répondre, ça ne tient pas seulement à la France. Mais si nous appliquions un jour la décision d'établir une représentation à Pékin, nous en reparlerions d'abord avec les États-Unis. »
    Il parle de tout ça avec une telle précision dans les termes, qu'il a écrit d'avance les répliques qu'il ferait à son interlocuteur. « Si nous appliquions un jour la décision », cela veut dire à la fois que nous avons déjà pris notre décision sans consulter les États-Unis, et qu'avant de l'appliquer, nous les informerons. Il sait ce que parler veut dire.
    1 On a lu ci-dessus l'essentiel des entretiens de Rambouillet (III, p. 233 sq .).
    2 Par exemple le 13 mars 1963. Cf. t. I, p. 319.
    3 Le Général a donné audience la veille à l'ambassadeur des États-Unis à Paris.
    4 Edgar Faure, chargé d'une mission de sondage, se rend en Chine du 18 octobre au 5 novembre 1963.

Chapitre 12
    «LES DIRIGEANTS CHINOIS SONT INÉBRANLABLES DEPUIS QUINZE ANS »
    Nous avons eu un grand Conseil, ce 8 janvier 1964. La plupart des ministres ont été cueillis à froid, quand nous avons tous été invités à nous exprimer, comme dans les grandes occasions. Il est impressionnant que le secret ait été si bien gardé. À voir la surprise de presque tous, je crois bien qu'ils ne se doutaient de rien.
    Couve : « Après l'affirmation de notre position sur le Vietnam par notre déclaration du 29 août 1963, la visite très positive de M. Messmer au Cambodge marque une nouvelle étape dans la politique française en Asie. Il a annoncé aux Cambodgiens notre intention de leur livrer un lot important de matériel, d'agrandir le lycée de Phnom Penh, de créer un Institut agronomique, de développer la coopération technique. » (Missoffe, à mi-voix : « On l'appellera Messkhmer ! »)
    Mais Couve ne s'en tient pas au petit théâtre indochinois. Soudain, il élargit la scène : « Une étape encore plus importante va être franchie dans nos rapports avec la Chine de Pékin. » Il poursuit par un long historique de la question : « Depuis un siècle, chaque fois que quelque chose d'important se passait en Indochine, c'était réglé avec la Chine. En 1954, l'armistice conclu à Genève en présence de Chou En-lai, la question s'est posée à M. Mendès France. Mais les gouvernements successifs ont eu peur d'entrer en conflit avec Washington. En outre, les Chinois, en symbiose avec l'URSS, n'avaient pas d'autonomie pour leur politique étrangère.

    « Alors, le désaccord entre la Chine et la Russie, c'est du chiqué ? »
    « Depuis la rupture avec la Russie, la Chine est redevenue un facteur important sur la scène internationale. Des voyages de personnalités françaises en Chine ont commencé à créer des liens. Il y a une place à prendre pour l'Occident. Il ne faut pas trop tarder. La Grande-Bretagne a échoué : pas d'ambassadeur, un simple bureau. Il n'y a pas d'autre puissance que la France qui soit capable de tirer parti de cette situation. »
    Là-dessus, il énumère objectivement les difficultés : émotion aux États-Unis, en URSS, en Afrique francophone, à Formose.
    Le Général souligne l'importance du problème et demande l'avis des membres du gouvernement. « Nous n'avons pas à prendreaujourd'hui une décision explicite. Avant qu'elle soit prise, il faut consulter nos alliés, notamment américains, anglais, allemands, italiens et aussi les Japonais, les Indiens, les Pakistanais, voisins de la Chine, et des pays avec qui nous avons de bons rapports.
    Sainteny. — Le problème n'est pas nouveau. La contrepartie, c'est la rupture avec Formose. Faut-il prendre ce risque ? »
    Couve répondra : « Formose, c'est le vrai problème. Il n'est pas concevable que nous prenions l'initiative d'une rupture avec Formose. Il est probable que Taipeh décidera de rompre, mais ce n'est pas tout à fait certain. Pour les Américains, l'affaire est sentimentale. Chiang Kaï-shek est l' allié et le vassal des États-Unis. En outre, c'est une

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