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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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accorder avec les Italiens. À plusieurs pays européens, nous pourrions faire bien plus que séparément. Nous serions accueillis à bras ouverts. C'est une magnifique carte à jouer.
    AP. — Et l'Espagne et le Portugal ?
    GdG. — Bien sûr, il faut faire tout ça en commun entre Européens, y compris les Espagnols et les Portugais. Mais qu'est-ce que vous voulez que les Portugais envoient à l'Amérique, sinon leurs curés ? C'est déjà quelque chose, d'ailleurs.
    « Quant aux Américains du Nord, ils ne sont pas tellement hostiles à ce que nous prenions des initiatives dans ce domaine. Kennedy m'en a parlé. Ils sentent qu'ils n'en sortiront pas tout seuls et que ça va tourner mal. Ils désirent que nous les aidions. Bien sûr, ils ne souhaitent pas que nous prenions leur place. C'est comme avec l'OTAN, ils veulent pouvoir continuer à diriger. Ce qu'ils aimeraient faire, c'est une sorte de pool, dont ils prendraient bien sûr la tête, qui leur servirait de masque, et derrière lequel ils pourraient encore commander. Mais je ne m'y prêterai pas. Il faut une action commune des Européens et nous avons une belle place à prendre. »
    Le traité franco-allemand a été signé la veille. De Gaulle parle en représentant conquérant du nationalisme européen — nouveau conquistador entraînant les Européens.

    « Cette guerre de la langouste, c'est encore une histoire d'Américains »
    Au Conseil du 27 février 1963, Couve nous entretient de la langouste que nos pêcheurs bretons vont chercher au large des côtes brésiliennes. Cinq bateaux français sont arraisonnés. Vive émotion en Bretagne, où l'on demande la protection de notre marine de guerre. Le Brésil a refusé le recours à l'arbitrage que nous lui avons proposé. Énormes réactions passionnelles.
    GdG. — Ces gesticulations sont déplacées. Il ne s'agit pasdes eaux territoriales. Ça se passe à 200 kilomètres des côtes du Brésil.
    Couve. — Plutôt 150. Juridiquement, notre dossier est bon. Le fond de l' affaire, c'est que les pêcheurs bretons achètent beaucoup plus cher les langoustes, aux pêcheurs brésiliens misérables, que les pêcheurs américains. Les pêcheurs américains sont furieux de cette entorse à leur monopole. Ce sont les Américains qui soulèvent la presse brésilienne contre nous. »

    Après le Conseil.
    GdG : « Cette guerre de la langouste, c'est encore une histoire d'Américains! Parce que nos bateaux osent faire concurrence à des compagnies américaines! Ces langoustes sont payées 2 500 francs 3 le kilo à Paris. Les compagnies américaines, qui nous les vendent, les achètent aux pêcheurs brésiliens à Recife pour 75 centimes. Ces compagnies ont évidemment grand intérêt à garder leur monopole. Les Américains sont trop contents de déchaîner les journaux brésiliens contre la France.
    AP. — Ça promet, quand vous irez sur place.
    GdG (lève le bras, d'un geste indifférent). — C'est un moyen pour eux de détourner les colères. Tout ça est misérable. Misérable. »
    Salon doré, 27 mars 1963.
    AP : « Cette visite du Président mexicain se passe bien?
    GdG. — Oui. Lopez Mateos voudrait faire installer par des firmes françaises sa pétrochimie, ses raffineries, ses barrages pour l'électricité, etc. Il n'est pas mécontent d'échapper au tête-à-tête avec les Américains. C'est catastrophique, pour des gens comme les Mexicains, de ne pouvoir traiter qu'avec un seul pays, qui veut les dominer économiquement. Alors, la France leur permettrait dans une certaine mesure d'échapper à l'emprise américaine. »

    « Il faut donner l'habitude au monde entier d'une France qui a la tête haute »
    Dans le train entre Paris et Sedan, 22 avril 1963.
    AP : « Ferez-vous votre voyage en Amérique latine cette année?
    GdG. — Je le ferai l'an prochain, si je ne suis pas mort d'ici là. Mais n'en parlez pas encore, c'est trop hypothétique. (Le Général n'annonce pas un projet qu'il n'est pas certain de mener à bien ; dans le ton, je sens comme un souci de ne pas défier la Providence : l'avenir n'est qu'à Dieu.)
    « L'Amérique latine est un continent où bien des choses vont sejouer. Il est essentiel que la France et l'Europe y soient présentes. Elle a besoin de nous : nous n'avons pas à en rougir! Il faut éviter le tête-à-tête des Américains du Sud et des Américains du Nord. Pourquoi nous en excuser? Pourquoi nous en cacher? Il faut garder le front haut !
    « Voyez-vous, pendant des

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