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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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raconte à qui veut l'entendre qu'il est pour de Gaulle et contre Pompidou. Mais, dans notre régime, on ne peut pas être pour le Président de la République qui oriente la politique du gouvernement, et contre le Premier ministre qui la coordonne sous son contrôle. Il faut être pour tous les deux ou contre tous les deux, si on a un peu d'esprit de logique. Seulement la logique et la gauche, ça fait deux. Parce que la gauche, par démagogie, attrape les arguments qui frappent le plus l' électorat. Plus frustes sont les électeurs, plus on nage dans la mauvaise foi pour les entraîner. Nous, nous allons de l'avant. Qui nous aime, nous suive. Et si l'on ne nous suit pas, nous en tirerons aussitôt les conséquences, nous ne nous accrocherons pas.
    AP. — Defferre attaque Pompidou pour ses liens avec les Rothschild, etc. Il semble persuadé que vous ne vous représenterez pas, contrairement à la plupart des gens.
    GdG (flairant le piège ?). — Laissez-les penser ce qu'ils veulent. (Silence.) Mes adversaires tâchent de faire le cartel des non , ça sera difficile pour eux. Trop de choses les opposent les uns aux autres.
    AP. — Edgar Faure dit qu'il est à fond pour vous, mais, à défaut, pour Defferre, dont il laisse entendre qu'il deviendrait le Premier ministre.
    GdG. — Je n'en doute pas ! Edgar Faure a voté non ?
    AP. — Oui en 58, non en 62. Depuis, il est beaucoup mieux disposé. Il a été flatté de sa mission en Chine. Il se montre à nos réceptions.
    GdG. — Les types qui ont voté non voteront pour Defferre. (Rire sceptique.) Mais il est parti trop tôt, Defferre. C'est difficile de faire la vedette pendant tant de mois. »

    « C'est monstrueux ! Tous les candidats doivent être sur un pied d'égalité absolue ! »
    Je lui présente deux projets de décret que j'ai préparés pour l'organisation de la campagne présidentielle à la radio et à la télévision, et entre lesquels il faut choisir : « Selon l'un, tous les candidats, quels qu'ils soient, ont droit à deux heures de télévision et à autant de radio. Seconde solution : le ou les candidats d'opposition auraient la moitié du temps, et le ou les candidats de la majorité, l'autre moitié. Le Premier ministre aurait une préférence pour cette seconde solution, qui serait conforme à ce que nous avons fait précédemment pour les campagnes législatives et référendaires : moitié, moitié. »
    Le Général, croyant n'avoir pas compris, me fait répéter. Il s'exclame alors, sans ménagement pour Pompidou, en tapant sur son bureau du plat de la main :
    « Mais c'est inacceptable ! C'est monstrueux ! Ce ne sont pas des partis qui s'expriment pour les élections présidentielles ! Ce ne sont pas des partisans ! Ce sont des hommes, avec leur caractère, leurs qualités et leurs défauts, leur passé, leurs projets, leur carrure. Ils doivent être tous sur un pied d'égalité absolue ! La question ne se pose même pas ! »
    Je déchire ostensiblement le projet anéanti.

    Salon doré, 18 février 1964.
    Le Général revient devant moi sur ces projets de décret. Son indignation est retombée. Son propos est plus nuancé. Sans doute ne veut-il pas que je me méprenne sur les conséquences à tirer, avant la campagne, de ce qu'il a prévu pendant la campagne.
    GdG : « La démocratie, voyez-vous, ce n'est pas la contestation perpétuelle, c'est la contestation à époques fixes. Ça fait chaquefois de grandes campagnes à la télévision. On vote souvent, dans ce pays.
    « Il ne faut pas commencer la campagne trop tôt ! Jusqu'à ce que la campagne soit officiellement ouverte, aucun citoyen ne peut être considéré comme candidat privilégié à une fonction électorale. Et expliquez bien qu'il est indispensable qu'un Président, ou un Premier ministre, ou un ministre important, quand ils sont en exercice, passent plus souvent à la télévision qu'un quelconque opposant. L'opposition n'a rien à dire, si ce n'est à japper. Tandis que ceux qui sont aux affaires parlent au nom de la France quand et comme ils le veulent. Et non pas en tant qu'adversaires de l' opposition ! Pas de campagne électorale permanente

    « Sans quoi, Max-Pol Fouchet serait élu Président de la République »
    AP. — On dit que si un ministre, surtout le Premier, passe à la télévision en dehors des campagnes, ça fausse d'avance le jeu de la campagne.
    GdG. — Si un ministre veut se présenter à l'élection présidentielle, de deux choses l'une. Ou bien

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