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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'initiative dans certaines circonstances : redresser une situation compromise, remédier à une injustice criante, assurer un arbitrage. Mais ce sont là, pour moi, des moyens provisoires, non des buts. Le but, c'est une économie saine, c'est-à-dire libérale, auto-régulée par des échanges sans frontières.
    « Notez bien que Giscard pense exactement comme moi. Mais il excelle à saisir toute occasion de se bâtir un personnage à la Poincaré et aussi de s'attirer les faveurs du Général. Il joue son jeu. Et il faut reconnaître qu'il ne manque pas d'habileté. »

    « Je maintiens qu'on n'a pas de politique ! »
    De temps à autre, surgit l'étincelle d'une irritation entre le Général et Pompidou. Ainsi, au Conseil du 27 novembre 1963, où Jacquinot évoque les droits de douane sur le coprah, le Général, impatient : « On n'a pas de politique sur le coprah. C'est une perpétuelle improvisation.
    Pompidou. — Si, il y a une politique ! Elle n'est pas faite pour être évoquée en Conseil des ministres, mais elle existe.
    GdG. — Au prochain Conseil des DOM-TOM, il faudra qu'une politique soit élaborée, parce que je ne crois pas qu'elle le soit. »
    Pompidou prend un air excédé ; pire : peiné. Le Général ne lui a pas fait confiance.
    À la sortie, il me glisse : « Le Général n'a pas compris qu'il ne faut pas qu'il tranche de tout. D'abord, parce que nous ne devons pas lui compliquer la vie, mais la lui simplifier. Ensuite, parce qu'il y va de l'équilibre entre l'Élysée et Matignon et, finalement, de l'équilibre du régime : nous ne devons pas évoquer en Conseil des ministres ce qui doit être réglé dans une petite réunion autour de moi. »

    « Le ministre des Finances est responsable de ses services »
    Au Conseil du 5 février 1964, est évoqué un point de détail : la rémunération des établissements d'enseignement supérieur à l'étranger. Pompidou prend un air excédé, lui d'ordinaire si apaisant dans son souhait d'épargner au Général des affairesmédiocres qui ne sont pas de son niveau : « Je le dis ici. Ce n'est pas admissible que cette affaire traîne! J'ai rendu mon arbitrage depuis six mois. Je le dis ici publiquement, pour que ça cesse.

    GdG. — Le ministre des Finances est responsable de ses services. Il doit prendre des dispositions dans ce sens. »
    Giscard reste silencieux et contracté. Il regarde le Général droit dans les yeux. Une réplique lui brûle sûrement les lèvres : « Je m'interdis de répondre, mais vous savez bien que, si je ne résiste pas à la pression des dépenses nouvelles, il sera impossible d'atteindre les objectifs du plan de stabilisation. »
    Surprenant échange entre ces trois hommes, dont un muet, qui tous trois ont un sens aigu de l'État et qui s'affrontent pour imposer chacun leur volonté...
    Quand nous nous levons, Pompidou me retient par la manche :
    « Pas un mot, même en briefing, de ma sortie contre Giscard ! Mais si je ne l'avais pas faite, il aurait évidemment continué. Et d' ailleurs, il continuera peut-être quand même. »
    1 Créé par décret du 3 décembre 1963.

Chapitre 4
    « SI NOUS PERDONS L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, NOUS AURONS PERDU TOUTE LA PARTIE »
    Dans l'avion entre Lyon et Paris, 29 septembre 1963.
    GdG : « Tixier-Vignancour serait le premier candidat à la Présidence de la République à se déclarer! Eh bien! On va pouvoir s'amuser : Vichy et l'OAS ensemble ! Puis, il y aura le communiste, le radical, le MRP, etc. Ça commence bien. »

    Salon doré, 14 janvier 1964.
    GdG : « À l'élection présidentielle, en réalité, notre régime, et même, je le crois, notre pays, va jouer une partie difficile. Si nous perdons cette partie, ou même si nous la gagnons dans des conditions très médiocres, nous aurons perdu toute la partie. Je veux dire par là que tout ce que j' ai pu faire sera balayé. Tout ce qui est crapoteux en France s'accommodera du retour à la IV e . Alors, il est essentiel que nous gagnions cette partie-là. Elle se jouera dans une large mesure à la radio et à la télévision. La presse écrite n'a pas le même impact qu'autrefois. L'image, l'image en mouvement, l'image parlante, rien n'est comparable. Ce sera une question d'adéquation de l'image et de la fonction. La télévision, dans deux ans, jouera le rôle capital pour bâtir un personnage de Président. »

    « Mes adversaires tâcheront de faire le cartel du non »
    Salon doré, 12 février 1964.
    GdG : « Defferre

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