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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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J'ai dit : "Je continuerai à servir mon pays tant que j'en aurai la force." Je n'ai pas dit : "Je servirai mon pays là où je suis." Et d'autre part : "Je ferai ce qu'il faut, dans la mesure de mes moyens, pour qu'il en soit demain comme il en est aujourd'hui." Ce qui veut dire : ou je me représenterai, ce que je n'exclus pas, ou, si je ne me représente pas, évidemment, je patronnerai quelqu'un, je pousserai quelqu'un pour qu'il continue dans le même esprit où je l'ai fait moi-même. Et puis voilà. »
    Il y a un an exactement 1 , je l'avais interrogé sur l'idée d'une vice-présidence — avec droit de succession en cas de malheur ou de démission, comme aux États-Unis. Un article du Monde me donne l'occasion de reposer la question.
    GdG : « Ce sont des élucubrations de juristes, à la Duverger. La réalité, c'est que le Président est élu pour sept ans. Et il est élu par le peuple. Un vice-président, c'est de la blague, ça ne peut pas marcher en France. Le pays n'admettrait pas comme son Président, surtout dans un moment difficile, quelqu'un qu'il n'aurait pas élu directement pour cette fonction. Il faut que le Président soit élu. Par conséquent, le successeur du Président doit être élu.

    « Il faut être de Gaulle pour faire jouer l'article 16 »
    AP. — Pourtant, le Président par intérim n'est pas élu, et il dispose même de l'article 16.
    GdG. — Il a l'article 16, mais l'article 16, c'est énorme ! Vous savez, il faut être de Gaulle pour faire jouer l'article 16. Et être sûr d'avoir le peuple derrière soi. Monnerville faisant jouer l'article 16, vous voyez ça ? Ça n'existe pas. Par conséquent, si je m'en vais avant les sept ans, ce serait Monnerville qui s'installerait à l'Élysée. Mais je n'ai nullement l'intention de m'en aller avant les sept ans. Naturellement, si j'étais foudroyé, alors, dans ce cas-là...
    AP. — Mais dans Le Monde, Viansson-Ponté envisageait un second septennat, qui vous permettrait de vous retirer quand vous voudriez. Et vous passeriez tranquillement la main à votre Premier ministre.
    GdG. —Mais ce serait monstrueux ! (Décidément, il affectionne cet adjectif quand on envisage une hypothèse qu'il considère comme contraire à la démocratie la plus élémentaire 2 Ce serait une façon de dire aux Français : "Ce type n'était pas foutu de se faire élire par vous, alors je vous l'impose quand même ! " Ce serait déshonorant ! »
    Il n'a dit ni « déshonorant pour lui », ni « pour moi », ni « pour les deux ». Mais il n'est pas douteux qu'il s'implique totalement dans la réprobation de cette ruse. Il ne peut pas partir sur un geste qui manquerait à l'honneur. Pour lui, la plus haute des valeurs, c'est l'honneur. Elle récapitule toutes les autres. Celui qui ne défend pas sa patrie, celui qui n'accomplit pas sa tâche, celui qui recule devant son devoir, celui qui n'est pas digne de la confiance que les autres mettent en lui, celui qui ment au peuple... celui-là se déshonore.

    « Vous voudriez que j'envisage un troisième septennat ? »
    Salon doré, 26 août 1964.
    Le budget 1965 ne comporte aucun clin d'œil vers l'électeur. Je m'en inquiète :
    GdG : « La population n'a jamais été aussi prospère, et elle le sait bien. Les agitations, c'est l'agitation des professionnels de l'agitation. Et, dans l'élection présidentielle, tout ça ne comptera pas. L'élection présidentielle, c'est une élection nationale, sur le plan national. Il s'agit de savoir qui est le meilleur pour représenter la nation au plus haut niveau. Et puis voilà.
    AP. — Votre voyage en Picardie, où vous avez laissé entendre que vous vous représentiez, a porté un coup à l'opposition.
    GdG. — Mais non ! Elle piaille tant et plus. Elle ne fait que ça !
    AP. — Savez-vous que Defferre va tout abandonner ?
    GdG. — L'opposition n'a aucune consistance. Les communistes arrivent encore, à grand-peine, à réunir une clientèle, mais c'est tout. Je cherche en vain les socialistes, les radicaux, c'est totalement évanoui.
    AP. — Mais si vous ne vous représentiez pas l'an prochain, ils se réveilleraient vite, ils s'engouffreraient dans la brèche.
    GdG. — Ils essaieraient probablement de ressusciter; seulement ils ne trouveraient pas, je crois, de substratum national.
    AP. — Il faudrait que cette situation, qui vous est due, se prolonge suffisamment pour que le peuple ne veuille plus revenir...
    GdG. —Alors, vous voudriez que non seulement

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