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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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télévision, à la faveur du compte rendu du Conseil, et réponds de manière que les deux phrases qui ont donné prise à cette campagne ne soient plus considérées comme un camouflet pour Pompidou, mais comme un coup à ses adversaires.

    Matignon, 12 novembre. À la fin de notre petite réunion du matin, Pompidou me retient une seconde : « J'ai vu votre interview à la télé. Je n'ai pas d'objection, ni pour le fond, ni pour la forme. Mais vous auriez dû m'en parler avant. C'est le Général qui vous l'a demandé, ou c'est vous qui avez pris l'initiative ?
    AP. — Le Général me l'a seulement suggéré. »
    La corde est si tendue qu'elle frémit au moindre contact.

    « Je ne parlerai qu'une fois »
    Salon doré, 17 novembre 1965.
    GdG : « J'ai vu votre entretien à la télévision, c'est ce qu'il fallait dire.
    AP. — J'ai dit que vous useriez modérément de la radio et de la télévision. Avez-vous l'intention de parler plusieurs fois ?
    GdG. — Je ne parlerai qu'une fois.
    AP. — Une seule fois, alors que les ondes et le petit écran vont être envahis par l'opposition ?
    GdG. — Les Français me connaissent bien, depuis vingt-cinq ans que je leur parle à la radio ou à la télé et que je traîne mes guêtres dans tout le pays. Ils n'ont pas besoin que je leur parle de moi. Ils peuvent se prononcer en connaissance de cause.
    AP. — Un seul candidat est vraiment gênant, c'est Lecanuet qui, depuis vendredi, s'acharne à dire qu'il veut revenir aux sources du gaullisme, à l'esprit de 1958, en prenant autour des centristes les radicaux, les Indépendants, les socialistes et les gaullistes "déçus" ; un gouvernement "libéral, social et européen".

    « C'est la première fois depuis vingt-cinq ans que je me présente »
    GdG. — En réalité, entre 58 et 62, c'était une période de transition. Ce n'est que depuis le départ des ministres MRP que nous sommes vraiment dans la V e République. Et naturellement, c'est à partir de ce jour-là que les partis ont compris qu'ils n'étaient plus les maîtres, qu'ils ne pourraient plus faire chanter le Président de la République en retirant leurs ministres du gouvernement. Nous avons rempli le vide le jour même. Ce fut comme s'il ne s'était rien passé. Les vieux kroumirs de la IV e n'en revenaient pas. Ce que veulent tous les opposants sans exception, c'est qu'on retourne à la IV e . Le choix est là. Les Français ne s'y tromperont pas. »
    Cet optimisme m'inquiète. Dimanche, à la chasse, des agriculteurs de ma circonscription m'ont dit, entre deux traques : « Nous allons voter Lecanuet. Naturellement, au second tour, nous voterons de Gaulle. Mais au premier tour, on veut lui donner chaud aux fesses. Ça le rendra moins arrogant avec nous. » Or, le vote paysan en France, ça représente près de 20 % de l'électorat.
    Pendant que je cherche le moyen de lui dire mon souci, sa réflexion a avancé :
    GdG : « C'est la première fois que je me présente au suffrage des Français, depuis vingt-cinq ans que j'incarne la Nation. Jamais je n'ai été candidat pour me faire élire député, ou conseiller général, ou maire. Même pas conseiller municipal. Je n'attends pas d'eux de la reconnaissance, mais enfin c'est la première fois qu'ils ont l'occasion de se prononcer sur mon aptitude à diriger le pays.
    AP. — Ils se sont prononcés quatre fois par référendum; et puisque vous mettiez votre mandat en jeu, c'était un vote de confiance personnelle.
    GdG. — Oui, mais ils votaient sur des sujets : la Constitution, la paix en Algérie. Cette fois, ils votent sur des hommes, qu'ils jaugent en fonction de leur capacité à assumer le destin de la Nation. C'est autre chose. Ils ne l'ont jamais fait. C'est aussi pour ça que je me présente. Pour roder une élection nouvelle, dont on ne connaît pas vraiment encore les tenants et aboutissants. »
    Il pimente d'un zeste d'incertitude cette certitude qui m'inquiète.
    1 Ce sera le cas, en Conseil des ministres, jusqu'après le premier tour.

Chapitre 14
    « JE NE FERAI PAS LA POLITIQUE DES BOULES PUANTES »
    À la fin du Conseil du 24 novembre 1965, au moment où le Général fait le tour de la table, Roger Frey lui demande s'il peut l'accompagner un instant dans son bureau.
    Frey : « Vous ne voulez pas attaquer vos adversaires. Mais nous ? Votre seul adversaire qui compte, c'est Mitterrand. Pourquoi ne permettriez-vous pas que sortent quelques bonnes vérités cachées ? »
    Il extrait d'un dossier

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