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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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une photo de Mitterrand, arborant la francisque et serrant respectueusement la main du maréchal Pétain.
    «Et quel est celui qui le soutient le plus activement dans l'ombre ? Bousquet 1 ! On pourrait en dire, sur lui ! Et pourquoi ne pas exploiter l'affaire de l'Observatoire ? Elle est déshonorante. Il a simulé un attentat contre lui-même et tenté de tromper la justice, la police et le peuple. Il suffit de reprendre le rapport du Sénat, qui a entraîné la levée massive de son immunité. Tout est public, mais tout est oublié, ou occulté. Et nous avons bien d'autres pièces au dossier. On peut le pulvériser. »
    Le Général a écouté en silence

    « Mitterrand est une arsouille »
    GdG : « Vous ne m'apprenez rien. Mitterrand et Bousquet, ce sont les fantômes qui reviennent : le fantôme de l'anti-gaullisme issu du plus profond de la collaboration. Que Mitterrand soit un arriviste et un impudent, je ne vous ai pas attendu pour le penser. Mitterrand est une arsouille. »
    On devine l'état d'esprit d'Alain de Boissieu 2 , quand il démissionna pour n'avoir pas à élever François Mitterrand à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur : il avait dû entendre, dix fois plutôt qu'une, des propos analogues tenus par le général de Gaulle devant ses enfants et ses petits-enfants.
    Après un temps, le Général secoue la tête et laisse tomber comme un couperet : « Non, je ne ferai pas la politique des boules puantes.

    « Il ne faut pas porter atteinte à la fonction, pour le cas où il viendrait à l'occuper »
    AP. — Mon général, une campagne électorale, c'est comme un match de boxe. On donne des coups et on en reçoit. Si on n'en donne aucun et qu'on se contente d'en recevoir, on a beau être champion du monde, on finit par être KO debout.
    Frey. — C'est tout de même étonnant que des pans entiers de la vie d'un homme public soient cachés, qu'il ait pu subir cette condamnation morale, rarissime au Sénat, qu'est la levée d'immunité, et qu'il puisse parader ! En démocratie, les campagnes électorales, c'est fait pour faire tinter les casseroles, quand il y en a !
    AP. — Pourquoi prendre des gants ? Il vous a injurié en vous comparant à Hitler, Mussolini et Franco.
    GdG. — Non, n'insistez pas ! Il ne faut pas porter atteinte à la fonction, pour le cas où il viendrait à l'occuper 3 . »
    Le Général vient d'inventer, avec son instinct de l'État, l'immunité des présidentiables. Aujourd'hui, cette vertu romaine nous semble, à Frey et à moi, plus édifiante que convaincante.

    « Mitterrand est le plus roublard, le plus dangereux. Il n'y en a qu'un qui soit sympathique, c'est Barbu »
    Frey se retire. Resté seul, je demande au Général : « Vous suivez la campagne électorale à la télévision ?
    GdG. — Oui, hélas. Ça ne vole pas haut. Comme tout ça est médiocre !
    AP. — Comment appréciez-vous les différents candidats ?
    GdG. — Tous les cinq se ressemblent, mais tous sont différents. Ils se ressemblent, parce qu'ils pataugent dans la bassesse. Ils sont différents, parce que chacun appartient à une des oppositions et se confond avec elle. Tixier-Vignancour, c'est Vichy, la collaboration fière d'elle-même, la Milice, l'OAS. Marcilhacy, c'est le notable, sûr de lui parce qu'il est notable et qu'il regarde de haut les Français, comme si les pouvoirs de la République lui étaient dus par droit d'hérédité. Lecanuet, c'est l'enfant de chœur qui a bu le vin des burettes et qui s'en est enivré. Mitterrand est le plus roublard, le plus dangereux ; il est prêt à soutenir toutes les thèses, à renier tout le monde età se renier lui-même pour s'emparer du pouvoir. En réalité, il n'y en a qu'un qui soit sympathique, c'est Barbu. C'est un brave couillon, il y en a beaucoup qui doivent se reconnaître en lui. Il ne m'en veut que parce qu'il est écrasé par la vie, il se demande comment faire.

    « Vous ne voulez pas que je proclame : "Je m'appelle Charles de Gaulle " ? »
    AP. — Tout le monde se demande, mon général, pourquoi vous dédaignez la télévision ?
    GdG. — Au nom de quoi, sous prétexte que nous avons aussi largement laissé la parole à cinq opposants, le général de Gaulle s'exprimerait-il autant que les autres ? Néanmoins, avant la fin de la campagne, je m'adresserai au public.
    AP. — Il ne faut pas minimiser l'impact de vos adversaires. Quand Lecanuet a fait son apparition en disant : " Je m'appelle Jean Lecanuet. Je suis

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