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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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était pas vraiment mis. Maintenant, il prend ses distances. Comme c'est curieux ! (Rire.)

    « Johnson est un noyeur de poissons »
    Salon doré, 6 janvier 1965.
    AP : « Johnson fera sans doute une tournée en Europe ?
    GdG. — S'il vient en Europe et à Paris, nous le recevrons du mieux que nous pourrons. S'il vient, ce serait pour noyer les poissons. Il a déjà commencé à noyer la Force multilatérale. Il tâchera de noyer aussi la réunification allemande. Il voudrait bien noyer le poisson du Sud-Est asiatique. C'est un noyeur de poissons. »
    Début décembre, le Général menaçait de ne pas voir Johnson si celui-ci venait à Paris. Aujourd'hui, il parle de le recevoir comme il convient. Il a senti que Johnson faiblissait. Il est prêt à l'aider à « noyer le poisson » — mais pas de n'importe quelle façon.
    Conseil du 17 février 1965.
    Couve, qui partira avant la fin du Conseil pour Washington, évoque les principaux sujets qu'il y abordera: le dollar, le Vietnam 2 . Le Général lui donne un dernier viatique :
    GdG : « Votre voyage sera utile, indépendamment des aigreurs de la presse et de certains milieux qui vous verront arriver comme la misère sur le pauvre monde. On ne voit pas comment nous pourrions adopter les positions des Américains. Il ne s'agit pas de leur être désagréable. Mais ils font des choix auxquels nous ne pouvons pas nous rallier.

    « À Washington, nous ne sommes pas demandeurs, ce qui est assez agréable »
    « Sur le plan monétaire, les Américains sont étreints par le déficit de leur balance. Ce n'est pas à nous de l'équilibrer. Leur position ira en empirant.
    « Pour l'Alliance atlantique, étant donné notre propre existence, notamment notre armement nucléaire, nous ne voulons point d'intégration.
    « Pour l'Extrême-Orient, les Américains sont entraînés sur une pente où ils ne savent pas s'arrêter. Ils sont aux prises directes avec l'Asie. L'Asie, c'est énorme. De plus en plus, ils s'engluent. L'Asie, frappée par eux, va se dresser contre eux.
    « Partout où les Occidentaux étaient encore présents en Asie, le climat se gâte. Les Américains vont au-devant d'une immense réprobation asiatique. Nous ne pouvons pas les escorter dans cette voie.
    «Les Russes restent sur leurs gardes, parce qu'une fois les Blancs chassés, l'Asie se tournerait contre eux.
    « Nous avons donné, en Afrique et en Algérie, l'exemple de ce qu'il faut faire, mais cet exemple n'est pas encore suivi à ce jour.
    « (Se tournant vers Couve.) Votre position n'est pas facile ; sauf que nous ne sommes pas demandeurs, ce qui est assez agréable : il y a longtemps qu'on n'avait pas vu ça. »

    « Vous êtes le représentant d'une France qui a de l'audience partout »
    Conseil du 24 février 1965.
    Couve, retour de Washington, rend compte du voyage qui aura surtout permis de s'expliquer : « Les Américains avaient le désir de ne pas trop marquer leur désaccord avec la France. Bien au contraire. J'ai eu trois conversations avec Dean Rusk et une heure avec Johnson. Je l'avais connu quand j'étais en poste à Washington et qu'il était sénateur démocrate. J'avais porté sur lui un jugement superficiel et sommaire. J'ai été amené à le modifier, maintenant qu'il a la charge des États-Unis. (Couve, en feignant de ne rectifier que son propre jugement, prend le contre-pied de celui du Général.) C'est un homme d'autorité, personnel, méfiant, réservé. Il prend ses décisions lui-même. Il ne se fie pas à ses conseillers. Il a un instinct très sûr dans ce qu'il considère comme l'essentiel de sa mission : "La Grande Société".
    « Les États-Unis sont exaspérés par nos prises de position, dans la mesure où elles contredisent les positions américaines, parexemple sur l'or. Mais aussi, nous disposons d'une audience exceptionnelle. C'est la conséquence de deux faits : d'abord, vous-même ; ensuite, la France apparaît aux États-Unis comme le seul pays qui exprime un point de vue européen, ne s'alignant pas servilement sur le point de vue américain.
    GdG. — Votre voyage était important, parce qu'on a vu que la France ne refusait pas de parler de tout sujet qui intéresse le monde ; et parce que vous êtes le représentant d'une France qui a de l'audience partout. »

    Dîner avec Charles Bohlen, 25 février 1965. Un mot de Johnson me fait comprendre qu'aux États-Unis, l'audience du Général a ses apparences et sa réalité. Bohlen me raconte qu'à Washington, au

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