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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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vous auriez dit à George Ball que les bases américaines en France devraient être évacuées.
    GdG. — Encore des ragots. J'ai dit à George Ball qu'en 69 au plus tard, l'organisation actuelle de l'Alliance atlantique cessera pour ce qui concerne la France. Et puis c'est tout.
    AP. — On me posera la question.
    GdG. — Eh bien, vous direz que non. Voilà, c'est tout. Quant au reste, ce sont des suppositions. Ce sont des choses qui ne sont pas engagées et ne le seront pas avant l'an prochain. George Ball n'a rien à dire. Je n'ai pas à répondre au New York Herald, même par votre bouche. Laissez tomber. »
    Ainsi, il est évident que le Général a prévenu George Ball de son intention de faire évacuer les bases américaines l'an prochain ; que les prétendus « ragots » sont exacts ; que les Américains ont organisé une fuite ; que je suis prié de démentir... la vérité. Et il est donc clair aux yeux des Américains que le Général va se représenter, puisque nul autre que lui n'aurait le culot de les chasser du sol français. Mais pourquoi le leur avoir annoncé à l'avance, puisqu'ils vont user de tous leurs moyens pour le faire échouer ?
    Salon doré, 13 octobre 1965.
    AP : « La Force multilatérale ne sera finalement que bilatérale, entre les Américains et les Allemands ?
    GdG. — Si jamais elle existe. Auquel cas, c'en est fini de l'Alliance atlantique. C'est pourquoi ils y renonceront.
    AP. — Inversement, s'ils renoncent à créer la Force multilatérale, c'est une obligation pour nous de rester dans l'Alliance ?
    GdG. — L'Alliance est souhaitable tant qu'une menace subsiste à l'Est ! L'Alliance, oui, mais pas l'OTAN, pas l'organisation militaire intégrée aux ordres des Américains.

    « L'Alliance cessera d'exister quand le rideau de fer se lèvera »
    AP. — Le rideau de fer se lèvera seulement le jour où il n'y aura plus l'Alliance atlantique face au pacte de Varsovie ?
    GdG. — Je dirais l'inverse : l'Alliance ne cessera d'exister que le jour où le rideau de fer se lèvera et où les pays de l'Est deviendront pareils aux autres.
    AP. — Dans un proche avenir ?
    GdG. — Non, pas proche... mais progressif. Ça prend du temps, tout ça. La normalisation s'établit peu à peu, il y a de grands changements, déjà, dans les esprits. Ce sentiment de menace du temps de Staline et, il faut bien le dire, de Foster Dulles, a disparu. »
    Le rideau de fer s'est levé en 1989. Les pays de l'Est sont devenus « pareils aux autres ». Et pourtant, il n'est pas question de mettre fin à l'OTAN, mais au contraire de l'étendre et, avec elle, l'hégémonie américaine. Faut-il que les habitudes d'asservissement de l'Europe se soient invétérées ? Plus que ne l'avait craint de Gaulle, qui était si confiant, finalement, dans le génie collectif de l'Europe.
    Conseil du 17 novembre 1965.
    GdG : « J'ai reçu le sénateur Mansfield. Il m'a déclaré qu'il n'était pas question que la Force multilatérale permette à quelque pays étranger que ce soit, de participer à la fabrication ou à l'utilisation de la bombe. Les Américains ne partagent pas. Ils gardent jalousement leurs secrets, leurs sites d'expériences, le commandement de leurs forces atomiques. En somme, il n'y a d'exception qu'en faveur des Russes, dont l'espionnage vole tout aux Américains ; et en faveur des Anglais, à condition qu'ils renoncent à l'indépendance et se contentent de se blottir sous l'aile des Américains. Si nos savants atomistes coopéraient avec les savants américains, les réactions du Congrès seraient épouvantables. D'ailleurs, nous paierions sous forme de sujétion ce que nous gagnerions en temps et en argent. Mais il n'en a jamais été question ! »
    Il conclut, avec une certitude sereine : « L'indépendance, ça ne se négocie pas. »
    Encore faut-il l'avoir dans la tête et dans le cœur.
    1 Dans un mémorandum adressé aux Départements d'État et de la Défense, Johnson déclare qu'il n'approuvera aucun plan de défense qui n'ait été discuté en détail avec la France et affirme que les États-Unis n'exerceront aucune « tactique de pression » sur les Alliés.
    2 Les bombardements quotidiens du Nord-Vetnam ont commencé le 5 février 1965.
    3 Hervé Alphand, ambassadeur de France à Washington.
    4 Secrétaire d'État adjoint aux Affaires européennes.
    5 Vice-président des États-Unis.
    6 Sous le couvert de l'Organisation des États américains, des forces militaires américaines et

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