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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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voir monter allégrement à l'assaut de la forteresse dollar, inexpugnable par définition.
    À peine suis-je rentré dans mon bureau, que Rueff 4 me téléphone. Jamais il n'a entendu parler du dollar, du Gold Exchange Standard, du système monétaire international, avec tant de clarté, de profondeur, de maîtrise. Il est émerveillé.
    AP : « Vous êtes content de votre élève ?
    Jacques Rueff. — Je croyais qu'il était mon maître en toute chose, sauf pour celle-là. Je me demande s'il ne le devient pas aussi pour celle-là. »

    « Rétablir l'équilibre, c'est une opération terrible »
    Salon doré, 17 février 1965.
    AP : « Ce que vous avez dit dans votre conférence de presse sur l'étalon-or est mal passé dans la presse anglo-saxonne et dans la presse française...
    GdG. — C'est la même chose !
    AP. — Mais c'est bien passé dans l'opinion, peut-être par patriotisme et puis, parce qu'on a confiance dans l'or, pas dans le dollar.
    GdG. — Exactement. Dans le tréfonds français, on est pour l'or, parce qu'on sait, héréditairement, que le règne de l'or s'est confondu avec une situation économique stable.
    AP. — Finalement, la presse elle-même a baissé le ton. Vous n'êtes plus guère contredit en France que par l'opposition, y compris les MRP qui disent que c'est un mauvais coup aux Américains...
    GdG. — Ou par Raymond Aron.
    AP. — Mais vous êtes suivi par la population.
    GdG. — La masse comprend ce que les intellectuels ne veulent pas comprendre.
    AP. — Ça va déboucher sur quoi ?
    GdG. — Sur l'effondrement de la livre et, un jour ou l'autre, du dollar, qui cessera d'être convertible en or.
    AP. — Mais nous ne pouvons pas souhaiter l'effondrement de la livre et du dollar !
    GdG. — Bah ! pourquoi le craindre ?
    (Il pense à l'effondrement en tant que monnaie de réserve, alors que je pensais à l' "effondrement" en termes de dévaluation — qui ne nous serait pas favorable.)
    AP. — Nous sommes solidaires, quand même ?
    GdG. — Les Américains et les Anglais ont pu maintenir artificiellement leur suprématie. Tant qu'ils étaient en mesure de changer leur monnaie contre de l'or, et tant qu'ils avaient des balances de paiement favorables, ça n'incommodait pas les gens. Aujourd'hui, cette situation s'est retournée, leurs balances de paiement sont défavorables, et ils perdent de l'or.
    « Pour que les Américains arrivent à maintenir le Gold Exchange Standard, comme ils sont censés le faire, il faudrait que leur balance des paiements soit équilibrée. Mais ils en sont incapables. Alors, le dollar décrochera un jour ou l'autre de l'or, malgré toutes les pressions.
    « Rétablir l'équilibre, c'est une opération terrible. Il faudrait une force politique qu'ils n'ont pas. Le père Johnson ne l'a pas. Il ne peut pas faire ça. De même qu'il ne peut pas faire la paix avec l'Asie.
    AP. — Ne croyez-vous pas qu'avant de revenir à l'étalon-or pur et simple, on sera obligé de passer par une monnaie de réserve autre que le dollar, peut-être un panier de devises ?
    GdG. — Il ne faut pas se laisser couillonner ! Les Américains et leurs séides tâcheraient de garder quand même le dollar comme principale monnaie de réserve, parce qu'elle serait la plus forte des devises du panier ! »

    « Les Américains se prennent pour les gendarmes du monde monétaire »
    Conseil du 1 er septembre 1965.
    Giscard : « Le secrétaire d'État américain au Trésor, Fowler, est venu à Paris. Il assure que les États-Unis ont mesuré les troubles provoqués par les déséquilibres continus de leur balance des comptes et considèrent son rétablissement comme un objectif prioritaire. Mais ils arguent que leur déficit financier est un déficit mondial. Fowler évoque la possibilité d'un panier de devises. Ilreprend à son compte votre thème de la réforme monétaire internationale, mais sans lui donner de contenu pratique.
    GdG. — Les Américains se prennent pour les gendarmes du monde monétaire. Fowler a dit à la radio que le Fonds monétaire international serait le cadre approprié pour régler la question. En réalité, c'est pour donner l'impression de l'action, mais ils ne veulent rien faire. »

    Après le Conseil, j'entreprends le Général sur cette démarche :
    GdG : « La visite de Fowler n'a abouti à rien et ne devait aboutir à rien. Ça n'a été qu'une première prise de contact, inévitable, sur un sujet que j'ai mis à l'ordre du jour. Rien qui modifie les

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