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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'Europe occidentale est envahie par les Russes ?

    « Depuis qu'ils ont appris qu'Israël avait sa bombe »
    « Quand ils avaient le monopole de la bombe, ils pouvaient intervenir partout. Ils ont pu obtenir la capitulation immédiate du Japon, alors que, sans elle, rien ne prouve qu'ils auraient gagné avant des années et des années. Grâce à la bombe, Truman a pu refuser à Staline une zone d'occupation au Japon, comme celles qu'il avait dû lui concéder en Allemagne et en Autriche. Grâce à la bombe, il a pris le risque du pont aérien de Berlin et de l'intervention en Corée. Grâce à la bombe, il a pu instaurer l'Alliance atlantique et faire échapper la Grèce et la Turquie à la mainmise de Moscou.
    « Mais, depuis que les Russes ont des armes atomiques équivalentes, l'équilibre de la terreur a neutralisé la bombe américaine. Rien ne prouve que les Américains courraient le risque d'être vitrifiés pour défendre un de leurs alliés.
    «Avoir ou n'avoir pas la possibilité de lancer une bombe atomique, ça change tout. Vous savez depuis quand les Américains se sont décidés à reconnaître Israël, ce qu'ils avaient refusé jusque-là ? Depuis qu'ils ont appris qu'Israël avait sa bombe. Même s'il ne l'a pas essayée, il la possède. Et c'est nous qui la lui avons fournie 2 !
    « Naturellement, gardez tout ça pour vous. »
    Il reste un instant silencieux. Il ne veut pas en dire davantage sur ce secret d'État et regrette peut-être de m'en avoir trop dit.
    « Pour longtemps, les seuls pays à disposer d'un système opérationnel d'armes nucléaires sont les cinq vainqueurs de la guerre, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Ce n'est pas un hasard. Comment des patriotes français pourraient-ils admettre que la France se déclasse elle-même, en renonçant à l'effort que se sont imposé les quatre autres ?
    « Aucun des pays qui possèdent des armes ne s'en défera. En revanche, d'autres s'en doteront tôt ou tard. La bombe se disséminera. C'est inévitable. Le danger peut venir de n'importe où. Vous m'entendez ? N'importe où. Il faut se préparer à tirer tous azimuts ».
    C'est la deuxième fois que j'entends cette formule d'artilleur 3 .

    « Si des éléments hostiles s'installaient à Bizerte... »
    Au Conseil du 9 octobre 1963, Messmer annonce froidement : « Notre ambassade à Tunis a fait une démarche auprès de Bourguiba pour annoncer que nous évacuerions Bizerte le 15 octobre. Bourguiba en a tiré parti pour faire des manifestations verbales. Mais la décision remonte à quinze mois 4 . Elle sera entièrement exécutée la semaine prochaine.
    GdG. — Bizerte est de moins en moins utilisable, de plus en plus vulnérable. Si des éléments hostiles s'y installaient et nous menaçaient, nous savons ce qu'il nous resterait à faire. »
    Il m'avait dit, en avril 1963 5 : « Si une explosion nucléaire avait lieu sur le goulet, elle enfermerait tout le monde dans le lac, et le raz de marée anéantirait l'arsenal et le port. Bizerte devient un piège. Nous l'évacuerons donc. »
    Il n'en dit pas davantage. Il préfère enchaîner sur l'attitude de Bourguiba et les sottises du Quai :
    « Bourguiba, en 61, nous avait attaqués en espérant nous chasser honteusement. On a réagi comme il fallait. Ce ne sont pas nos troupes qui ont pris la fuite, ce sont les siennes.
    « Il n'y avait pourtant pas de raison de revenir sur la décision que nous avions prise de nous retirer. Mais j'avais bien dit qu'il fallait partir sans en parler ! C'est la maladie des ambassadeurs : faire les aimables. »

    « ...nous aurions tôt fait de liquider Bizerte avec une petite bombe »
    Après le Conseil, le Général m'apostrophe : « C'est terrible, vos copains du Quai ! (Je croyais qu'il avait oublié mes origines. Mais non. Pour lui, je ne suis pas un "politique ", je suis "du Quai ". Il n'est pas loin de m'englober dans la responsabilité collective de ces diplomates qui "font les aimables ".)
    « C'est plus fort qu'eux ! Ils se croient obligés de donner des gages ! Ils se comportent non comme des ambassadeurs de la France auprès d'un pays étranger, mais comme des ambassadeurs de ce pays auprès de la France ! Notre ambassadeur a donné une magnifique occasion à Bourguiba de bomber le torse ! Devant son pays, il apparaît comme celui qui a arraché cette évacuation ! Ce n'est plus nous qui lui avons donné une correction, c'est lui qui nous l'a donnée ! L'armée a fait son travail, la

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