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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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était légale au regard du droit français et du statut des Forces d'occupation en Allemagne. Les juridictions françaises l'ont jugé. Le Général ne veut ni mentir, ni désavouer des services qui ont pris une initiative dans l'intérêt de la justice sur une base légale. Mais il ne veut pas avoir à justifier l'opération par un plaidoyer public, qui reviendrait à mettre la Sécurité militaire en position d'accusé.
    Le Général conclut : « Ils veulent pouvoir dire que les lascars qui ont arrêté Argoud n'étaient pas en service commandé. C'est relativement vrai.
    AP. — Oui. Ils ne souhaitent que ça.
    GdG. — Erhard a peur à ce point d'une campagne ?
    AP. — Oui. Évidemment, ce serait disproportionné qu'une pareille phrase soit dite par vous-même, ou par le Premier ministre.
    GdG. — Sûrement pas. En attendant, dites-en le moins possible. »

    « La position allemande dans l'affaire Argoud nous préoccupe »
    Salon doré, samedi 15 février 1964.
    Le Général finit par me déclarer ce qu'il dira à Erhard si celui-ci évoque l'affaire Argoud : « Je lui dirai que la position allemande nous préoccupe. Quand Argoud se promenait en Allemagne, le gouvernement allemand, notre ami, le laissait faire tranquillement, malgré nos représentations renouvelées. Argoud était le chef d'une bande d'assassins, mais il allait et venait à sa guise en Allemagne.Nous entretenons des troupes en Allemagne pour la sécurité du monde libre. Argoud incitait des officiers à la désertion et il a réussi avec quelques-uns, sans aucune réaction du gouvernement allemand, qui était pourtant au courant. Nous étions en état de légitime défense.
    « Le gouvernement français n' a pourtant donné aucun ordre pour l'arrêter. Argoud nous a été amené à Paris, sans que nous cherchions à approfondir les moyens par lesquels il l'a été. La justice l'a condamné ; d' ailleurs, pas à mort. Et maintenant que tout ça est terminé, l'Allemagne nous manifeste son mécontentement. Est-il normal qu'après ce qu' Argoud a fait en Allemagne, la France doive encore des excuses ? Je considère que ce serait excessif.
    AP. — Et si le Chancelier persiste à vous demander des regrets ?
    GdG. — Je lui dirai carrément aussi que Bidault, Soustelle, Sergent recevaient en Bavière beaucoup de facilités, dont nous avons eu connaissance. C'est la moindre des choses qu'il regrette la négligence ou même des complicités du côté allemand, s'il me demande de regretter ce que l'enlèvement d'Argoud a eu d'expéditif. »

    Le 18 février 1964.
    AP : « Pour l'affaire Argoud, il y a eu du progrès ?
    GdG. — N'en parlons plus.
    AP. — Erhard ne s'en est pas plaint encore ?
    GdG. — Si. Si. Mais je lui ai dit ce que je vous avais dit que je dirais, qu'on l'avait averti plusieurs fois et qu'il avait laissé faire.
    AP. — Qu' a-t-il répondu ?
    GdG. — Il n'a su que dire. Il m'a demandé de me mettre à sa place : "Les députés me font des difficultés." Je lui ai répondu : "Mettez-vous plutôt à la mienne : moi, on veut m'assassiner." (Rire.) Nous allons échanger des lettres pour dire que c'est terminé 1 . »
    L'affaire Argoud, simple fait divers ? Le Général s'y est peint tout entier. Le culte du secret : ce genre d'affaire ne se traite pas sur la place publique. La responsabilité, contrepartie de l'autorité : le supérieur couvre ses subordonnés, et donc les initiatives qu'ils ont pu prendre pour l'intérêt supérieur, même s'ils n'en ont pas reçu l'ordre. Le parti de l'offensive : on ne se défend qu'en attaquant.
    1 Le Général reparlera de l'affaire Argoud à propos de l'affaire Ben Barka (cf. p. 452).

Chapitre 10
    « LE FANTÔME DE LA CATASTROPHE NATIONALE S'EST DISSIPÉ»
    Au Conseil du 13 février 1963, Missoffe a fait une communication où il n'a parlé que des « pieds-noirs ». Le Général le reprend gentiment : « Ne reniez pas votre titre. Vous n'êtes pas ministre des pieds-noirs, vous êtes ministre des rapatriés. »

    Au Conseil du 14 novembre 1963, Missoffe dresse l'état des rapatriés. Leur donner du travail, c'est leur éviter la mentalité d'assistés.
    GdG : « Nous avons l'habitude des tentatives d'agitation. Tantôt, ce sont les associations de parents d'élèves. Tantôt, celles d'anciens combattants. Et les associations de rapatriés ?
    Missoffe. — Elles sont dans une déliquescence totale. Il y en avait deux ou trois à l'origine. Il y en a 603 aujourd'hui.
    GdG. — Le bilan est

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