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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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perdrait celui de dissoudre. Le Président et l'Assemblée ne pourraient rien l'un sur l'autre. Ce serait le blocage — la porte ouverte à la paralysie ou au coup d'État. Il faut que le peuple puisse trancher. Quant au système américain... S'il faut faire approuver les nominations de préfets par les députés, vous vous rendez compte !
    AP. — Et le quinquennat ?
    GdG. — Ça rendrait le mandat présidentiel plus précaire.
    « Le risque, si on fait coïncider l'élection présidentielle et l'élection législative, c'est que le Président devienne prisonnier de l'Assemblée, c'est-à-dire des partis. Les deux consultations, dans la foulée, résulteraient de combinaisons électorales. Or, tout a été agencé dans cette Constitution pour permettre au Président d'échapper à ces combinaisons et de placer le gouvernement en position de force vis-à-vis de l'Assemblée. Il n'y a pas forcément accord parfait entre la majorité qui a élu le Président et la majorité législative. Mais le Président doit pouvoir se tirer d'affaire tant qu'il n'est pas désavoué par le peuple.
    « Si les gaullistes acceptaient le régime présidentiel, ils liquideraient eux-mêmes la Constitution qu'ils ont voulue. Songez-y pour l'avenir. »

    « La foire aux vanités a quelque chose d'inéluctable »
    Au Conseil du 31 juillet 1963, Pierre Dumas présente le bilan de la session parlementaire qui s'achève : productive, mais marquée par la nervosité : « Dès qu'il y a pression de l'opposition, tous les députés de la majorité se retrouvent soudés. Or, la majorité d'aujourd'hui a intégré le fait que le régime est bien installé. Donc, elle a des mouvements d'humeur.
    Pompidou. — Je demande aux ministres d'accorder plus de temps à l'Assemblée. Beaucoup d'entre eux pensent que la majorité n'a qu'à marcher au canon. Il faut ménager les apparences. À l'inverse, si l'on pousse trop loin, on retombe dans le régime d'Assemblée ; et j' ai senti au Palais-Bourbon une tendance à considérer que la majorité a des droits sur le gouvernement.
    GdG. — Dès lors qu'il y a un Parlement, on ne peut pas empêcher que s'y manifestent des tendances. Si cordialement adhérente que soit la majorité dans sa masse, ce sont des hommes, ils sont rivaux. On ne peut empêcher la tentation des zizanies, des complots. Certains ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas ministres ; ils ne pardonnent pas à ceux qui le sont. D'autres ont des marottes. La foire aux vanités a quelque chose d'inéluctable. Et puis, ils ont l'idée, dès qu'ils sont élus et que les huissiers courbent l'échine, que le pouvoir procède d'eux.
    « Mais (le ton se raidit) la Constitution est faite pour empêcher que ces tentations n'aboutissent à ce que les pouvoirs publics ne soient pas en mesure d'accomplir leur mission. Toute la question est là. Si les députés de la majorité ne l'admettent pas, ils cessent d'être avec le gouvernement, avec le chef de l'État, avec la Constitution qu'ils ont approuvée. Ils sont là en vertu d'un mouvement immense, qui a parcouru le pays et qui a créé cette Constitution, ce régime et bien d'autres choses encore.
    « Le gouvernement ne doit pas céder. Il ne doit pas être à la remorque du Parlement, ni même de sa majorité au Parlement.

    « Les ministres n'appartiennent pas à leur parti »
    « À la fin de l'ancien régime 1 , les ministres étaient convoqués perpétuellement par les groupes, les commissions, etc. Il faut évidemment éviter ça. Les ministres n'appartiennent pas à leur parti. Mais il est bon que, de votre chef, vous ayez des rapports cordiaux avec les parlementaires, ou du moins avec ceux qui ne sont pas des opposants inconditionnels — car il n'y a qu'une catégorie d'inconditionnels dans la vie politique française, ce sont les opposants inconditionnels. »

    Salon doré, 25 septembre 1963, je lui demande : « Pensez-vous organiser un référendum d'ici la fin de l'année ?
    GdG. — Sûrement pas. Peut-être en 1964. Mais plus probablement en 1965.
    AP — Dans ce cas, ce référendum servirait de locomotive à l'élection présidentielle ?
    GdG (avec un sourire). — Oui, peut-être, par exemple. »
    Ce référendum, dans son esprit, achèverait l'édifice constitutionnel.La pièce maîtresse en serait le remplacement du Sénat par un Conseil, déjà ébauché en 1947 dans le discours de Bayeux : une assemblée consultative où l'on retrouverait à la fois l'ancien Conseil

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