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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'expression de la pensée d'une classe sociale, la bourgeoisie, qui, dans sa majorité, a perdu le sens de l'État, le sens de la Nation, le sens de la Patrie.
    « Les juges ne cherchent qu'à juger des dossiers civils ! Surtout pas une affaire grave, qui menace le pays ! Ça, ils n'en ont pas le courage ! Ils préfèrent se cantonner dans les litiges de succession ou dans les braquages. »
    « Justice d'exception » : le mot ne le choque pas, s'il s'agit de sauver l'idée même de Justice, quand les moyens ordinaires n'y suffisent pas. Sauvegarde de la Justice, salut de la Nation, le problème est le même : il a bien fallu se résoudre à traiter l'exceptionnel par des voies d'exception, mais le but ensuite, c'est de faire en sorte que l'ordinaire soit assez fort pour assumer l'exceptionnel.

    « À dix-huit ans, on n'est pas responsable »
    Matignon, 15 février 1963.
    Une nouvelle tentative d'attentat a eu lieu le 14 février 1963 à l'École militaire contre le général de Gaulle.
    AP : « C'est quand même étrange que, six mois après le Petit-Clamart, les conjurés essaient encore d'abattre le régime !
    Pompidou. — Le régime ? Assassiner le Général, ce n'est qu'une forme de vengeance, c'est la vendetta à l'état pur : "On a perdu, on aura sa peau ! " Ce n'est pas une menace sur le régime.
    AP. — Mais abattre le fondateur du régime, n'est-ce pas abattre le régime ?
    Pompidou. — Pourquoi voulez-vous ? Les Français tiennent au régime, laissez-les se débrouiller tout seuls. »
    La relève serait-elle assurée ? De même que le Petit-Clamart a assuré le succès du référendum, un attentat qui réussirait à tuer de Gaulle garantirait l'élection d'un dauphin ? Pompidou a pleine confiance dans l'avenir du régime. Il s'est habitué en moins d'un an, non seulement à sa fonction de Premier ministre, mais à sa stature de présidentiable. L'Élysée, chacun l'y voit déjà. Après tout, il serait naturel qu'il fasse de même.

    Le 20 février 1963, le Général m'annonce son intention de faire « une allocution en avril sur la justice, quand on en aura fini avec tous les procès importants. Je tirerai les leçons. Il faudra considérer les choses avec sérénité, après les avoir jugées avec rigueur. » (De cette phrase sibylline, je crois pouvoir inférer qu'après avoir fait exécuter des sentences capitales dans l'affaire du Petit-Clamart, il annoncerait une amnistie, pour tirer un trait sur les affaires d'Algérie et leurs séquelles 4 .)
    En me raccompagnant, il me précise : « Il faut distinguer entre les colonels, chefs de tueurs, envers lesquels il faut être inflexible, et les garçons de dix-huit ans, qu'il faut amnistier. À dix-huit ans, on n'est pas responsable. »

    « Bastien-Thiry avait quelque chose de romantique »
    Salon doré, le 13 mars 1963.
    AP : « Certains journalistes ont été surpris que vous ayez gracié des assassins qui vous ont bel et bien mitraillé, et que vous n'ayez pas gracié Bastien-Thiry, qui n'a pas participé directement à l'action.
    GdG (vivement). — Justement, c'est impardonnable ! Il n'a pas tiré lui-même ! Il s'est contenté de donner le signal de la fusillade avec un journal. Et quel journal ? L'Aurore ! ... Mais ce qui est impardonnable aussi, c'est qu'il a fait tirer sur une voiture dans laquelle il savait qu'il y avait une femme 5 . »
    Dans sa réponse, seule l'allusion à L'Aurore, même si elle est teintée d'humour, me surprend. Pourquoi faire un sort à ce détail ? Sans doute parce que L'Aurore, qui a été si acharnée en faveur de l'Algérie française, si complaisante pour l'OAS, lui paraît le symbole d'une chaîne : les uns suscitent les idées qui tuent, d'autres commandent aux tueurs, les derniers tuent. Le Général refuse l'impunité des chefs et des inspirateurs : c'est pour cela que Brasillach, déjà, a été exécuté.
    Il poursuit, sur une note ambiguë : « Chaque peuple doit avoir ses martyrs. Encore faut-il qu'ils soient dignes de cette fonction. Un de ces imbéciles de généraux qui jouent au ballon dans la cour de la prison de Tulle n'aurait pas fait l'affaire. Bastien-Thiry avait quelque chose de romantique. Ce sera un bon martyr. »

    « Les pauvres diables tournent en rond »
    À l'occasion du voyage dans les Ardennes, le 23 avril 1963.
    AP : « On a pris beaucoup de mesures de sécurité. Il y a un CRS derrière chaque arbre. L' OAS représente encore quelque chose ?
    GdG. — Mais non, elle ne représente

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