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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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contestée, alors que la voie du Congrès ne l'est pas.
    GdG. — Ça veut dire que le petit monde de la politique reste attaché au régime d'assemblée et n' a pas encore digéré la V e République... Notez bien qu'il y a une troisième voie, la Constitution permet aussi d'associer le Parlement à une grande révision constitutionnelle, avant que le Président la soumette au peuple. Mais pourle moment, il faut donner aux Français l'habitude de se prononcer eux-mêmes directement. »

    Devant le Conseil du 2 janvier 1964, surprenante intervention du Général : « Au terme de la première année de paix qu'ait connue la France depuis vingt-cinq ans, mais d'une année qui avait commencé dans les rudesses de l'affirmation nationale et les surprises de la grève des mineurs, je tiens à vous dire à tous combien je me félicite de la façon dont vous faites face à votre tâche. »
    Il récapitule les principales actions de l'année écoulée et conclut :
    « Notre redressement à l'intérieur et à l'extérieur se caractérise par la force et la volonté. Nous sommes inébranlables sur tous les terrains. Il n'y a pas lieu d'être outrecuidant, et d' ailleurs nous évitons de l'être. Mais nous ferons ce que nous avons décidé de faire et nous serons ce que nous sommes déjà, c'est-à-dire sûrs de nous et bien dans notre peau. »
    Après le Conseil, je lui demande s'il souhaite que je fasse écho à ces compliments. Réponse déconcertante :
    « Il ne faut pas avoir l'air de trop se féliciter. Non, vraiment pas. »
    Il encourage ses ministres, mais ne veut pas qu'on le sache...

    « Le Président aura toujours le moyen de s'en sortir »
    Salon doré, 14 janvier 1964. Le Général me charge d'annoncer pour le 31 une conférence de presse. Sur quels thèmes ?
    GdG : « Je compte vider le problème constitutionnel. L'ambition de l'opposition est de retourner au régime d'assemblée. Elle veut remettre en cause notre Constitution. Mais cette Constitution a fait ses preuves.
    « Les politiciens voudraient revenir à leur système parce qu'ils y trouvaient leur délectation. Ils n'accepteront de donner leur confiance au départ qu'à un Premier ministre qui leur donnera des garanties, qui sera leur homme, qui sera l'un d'entre eux. Ils s' arrangeront en souplesse pour changer de ministres sans qu'il y ait crise ouverte, c'est-à-dire dissolution. Ils dévitaliseront le gouvernement par l'intérieur. Ce sera le gouvernement d'assemblée. »
    De Gaulle n'imagine pas un retour pur et simple à l'instabilité ministérielle de la IV e ou de la III e . Sa crainte est plus subtile : les partis investiraient le gouvernement, sous les apparences de la stabilité.
    AP : « La presse parle de plus en plus du régime présidentiel.
    GdG. — Le régime présidentiel peut convenir cahin-caha aux États-Unis, qui n'ont que deux partis, où le pouvoir est éclaté entre les cinquante États, et où le gouvernement fédéral n'a que des compétences limitées. Mais la France est terriblement centralisée ; elle pourrait l'être moins, mais si elle ne l'était plus du tout, elleserait sans consistance. Nous avons des partis multiples, divisés les uns contre les autres et chacun contre lui-même. Alors, vouloir enfermer les députés dans cette citadelle pendant cinq ans, sans que personne puisse rien contre eux ? S'ils ne veulent pas voter les lois, ils ne les votent pas ? S'ils ne veulent pas voter le budget, ils ne le votent pas ? Ça met le Président dans le cas ou bien de s'en aller, ou bien de s'incliner. Donc, de s'en remettre aux partis.
    « En réalité, notre Constitution est fondée sur cette idée que c'est le peuple qui a le pouvoir. C'est le peuple qui le délègue au Président, sous le contrôle de l'Assemblée. La censure suppose qu'il y ait une majorité pour renverser le gouvernement et que cette nouvelle majorité accepte de se soumettre aussitôt au verdict du peuple. Le Président fera la nation juge du litige par la dissolution, ou par un référendum, ou en démissionnant pour se représenter — ce qu'il a bien le droit de faire. Il aura toujours le moyen de s'en sortir.
    « Voyez-vous, il n'y a plus rien de commun entre ce qu'est le mode de gouvernement d'aujourd'hui et ce qu'il était naguère. Le peuple a le premier mot, puisqu'il élit les deux pouvoirs, et le dernier mot, puisqu'il tranche leur conflit.
    « Alors, la Constitution est bonne, il faut la garder comme elle est...
    AP. — Est-ce que vous

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