Les Filles De Caleb
LES FILLES DE CALEB
Tome I
LE CHANT DU COQ
1892-1918
Arlette Cousture
4e édition
AVERTISSEMENT
LES FILLES DE CALEB est principalement inspiré de la vie de deux femmes. Toutefois, même si la toile de fond de ce roman est authentique, j’ai prêté pensées, paroles, âmes, sentiments et ressentiments à tous les personnages.
Arlette Cousture
À toutes les filles de Caleb... mais plus particulièrement à l’âme d’Émilie... et au cœur de Blanche.
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer ma plus profonde gratitude à mon conjoint, Daniel Larouche , pour son amour, sa patience, son support et son aide ;
à Marilou Michon , ma fille, qui a dû mouler son enfance sur le «travail de maman»;
à mes sœurs Lyse et Michelle , pour avoir cru en mafolle folie ;
à Oscar et Juliette Pronovost, de Saint-Tite ; Émilien Pronovost, de La Sarre ; Rolande Pronovost-Buteau, de Trois-Rivières ; Charles Pronovost, de Saint-Tite ; monsieur et madame Saül Beaudoin, de Saint-Tite ; madame Janine Trépanier-Massicotte, de Saint-Stanislas ; monsieur Gaétan Veillette, de Sainte-Thècle; au Comité historique de Saint-Tite, plus particulièrement à monsieur et madame Pierre Lebrun ;
ainsi qu'aux personnes suivantes qui, d’une façon ou d’une autre, m’ont manifesté appui et intérêt: Claude Pronovost-Beaudet, André Bolduc, Bruno Boutot, Bernard Contant, Suzanne de Cardenas, Johanne Dufour, Marie Eykel, Manon Girouard, Yvon Leblanc, Gaston l’Heureux, Michel Richard et Nicole Sawyer.
Les morts ne dorment plus dans l’oubli méprisant car du passé j’ai fait un éternel présent.
Ziddler
PROLOGUE
Saint-Stanislas, comté de Champlain Printemps 1892
Caleb revint de l’étable. La vache avait mis bas, mais il avait dû passer plusieurs heures à l’aider. Une taure vêlait habituellement assez rapidement. Grazillia, elle, avait semblé décider qu’elle prendrait tout son temps au grand dam de Caleb qui, malgré la chaleur qui régnait dans le bâtiment, avait commencé à sentir l’humidité lui ronger les os.
Il referma rapidement la porte de la cuisine d’été de crainte que le vent ne s’y engouffre, enleva ses caoutchoucs et se contenta de délacer ses mitons . Il soupira d’aise. Il entra dans la cuisine principale sans dire un mot, se dirigea vers la pompe, fît couler l’eau dans le bassin de métal et se savonna les mains. Célina lui jeta un coup d’œil inquiet, prête à répondre à son regard dès qu’il remarquerait sa présence. Son mari avait l’air préoccupé. Elle ressentait toujours un pincement au cœur lorsqu’il affichait cet air annonciateur d’une saute d’humeur, ou d’une déception, ou d’un grand trouble. Ce soir, elle ne voyait pas comment le vêlage de Grazillia avait pu le mettre dans un pareil état.
Caleb s’essuya méthodiquement les mains — comme il le faisait toujours avant de se mettre à table — passant la serviette entre chaque doigt, frottant deux fois chacune des paumes et chacun des dessus de main. Emilie, l’aînée des enfants, fit comprendre à ses frères et sœurs qu’ils avaient avantage à baisser le ton. Elle sentait que c’était une de ces soirées où chacun devait être le plus discret possible.
Célina commença à se tordre les doigts sur son tablier. Elle n’aimait pas l’atmosphère qui s’immisçait dans la maison par toutes les ouvertures. Instinctivement, elle se dirigea vers la porte pour s’assurer qu’elle était bien enclenchée. Elle eut à peine le temps d’amorcer son mouvement ; Caleb lui lança sèchement qu’il l’avait bien fermée. Comme une enfant prise en défaut, Célina rebroussa chemin, s’efforçant de sourire à travers son soupir, simplement pour rassurer les enfants. Caleb lança son essuie-main plutôt que de le suspendre au crochet et se dirigea vers la table.
«Qu’est-ce qu’on mange?»
Célina, d’une voix mal assurée, lui décrivit le menu : soupe,
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