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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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était en 1912 ministre de la Guerre, et Péguy lui écrivait : "Je rêve de prendre la tête de ma section et d'aller défiler dans Weimar" ! »
    Le Général rit, comme souvent pour balayer une émotion. Cette phrase l'a touché. Sur le rêve de gloire, presque enfantin, du lieutenant qui voudrait entrer, drapeau déployé, dans la ville de Goethe, il surimprime l'image tragique du poète qui tombe, vingt mois plus tard, « à la tête de sa section ». Lui aussi, enfant, saint-cyrien, a fait ces rêves. Lui aussi a été fauché par une balle 8 . Mais lui, il a eu la chance d'en réchapper, et, trente ans après, d'imposer nos couleurs jusqu'à Berlin. Deux amants de la France, liés par une fraternité.
    AP : « Lui aussi, il se faisait une certaine idée de la France, comme d'une personne vivante, pareille à la Madone des fresques.
    GdG. — Oui, c'est évident. »
    Le ton est brusque, il faut changer de sujet... Je croyais qu'il refusait d'établir une filiation quelconque avec qui que ce soit. Et voici qu'il s'avoue un maître. Entre la France et lui, Charles Péguy a servi d'intercesseur.
    1 En argot vieilli, moineau.
    2 Pense-t-il, par contraste, à Élisabeth de Miribel, la secrétaire de Paul Morand, qui, elle, vint spontanément se mettre à son service — et tapa l' appel du 18 Juin ?
    3 Écrivain, rédacteur en chef de l'hebdomadaire collaborationniste Je suis partout, condamné à mort le 19 janvier et fusillé le 6 février 1945.
    4 Seize ans après cette conversation, j'ai eu entre les mains, à la Chancellerie, le dossier du recours en grâce présenté par l'avocat de Brasillach. Le Général avait écrit en marge : « Il ne l'eût voulu. »
    5 Ce livre figure toujours dans la petite bibliothèque de son bureau de Colombey. Les pages sont effectivement coupées.
    6 C'était de Gaulle, tome 1, p. 42. « On ne serre pas la main d'un dictateur ».
    7 La télévision avait consacré à cette commémoration une séquence de deux à trois minutes.
    8 Deux fois : devant le pont de Dinant, le 15 août 1914 : à Mesnil-lès-Hurlus, le 10 mars 1915. (En outre, il a reçu un coup de baïonnette devant Douaumont le 2 mars 1916.)

Chapitre 18
    « DÉMENTEZ... NE DÉMENTEZ PAS»
    Salon doré, 27 février 1963. Quelle phrase de mon dernier point de presse ne lui a pas plu ? J'ai droit à une algarade.
    GdG : « Pourquoi vous laissez-vous poser des questions par les journalistes ? Si vous avez quelque chose à leur dire, c'est vous qui les convoquez ! Sinon, vous vous taisez ! Quand ils vous posent des questions indiscrètes, répondez : Si je le savais, je ne vous le dirais pas, mais je ne le sais pas. Ils passeront leur chemin. »

    En me raccompagnant, cette fois sur le ton du conseil paternel : « Vos journalistes ne vérifient rien. Ils ne reconnaissent jamais leurs erreurs. Ces irresponsables donnent des leçons aux responsables, et pour commencer à moi-même. Ne vous laissez pas impressionner par cette engeance. »
    Le plus souvent, il me dicte ses instructions en cherchant des mots très mesurés. D'autres fois, il m'assène des phrases comme des coups de maillet. Si je les reproduisais telles quelles, je ferais battre les montagnes. Il m'en voudrait.
    Pompidou avait approuvé la formule : « De cette main de fer, nous devons être les gants de velours. » Elle me paraît chaque jour plus appropriée 1 .

    « Il n'y a qu'un État, il ne doit y avoir qu'une information d'État »
    Salon doré, 20 mars 1963.
    GdG : « Autour de vous, quels sont vos services ?
    AP. — Aucun, si ce n'est un service technique qui attribue des subventions à la presse en fonction du tirage.
    GdG. — Vous n'avez pas de service de presse ? Un service d'information, qui vous aide à élaborer une information d'État ?
    AP. — Chaque ministère a le sien, mais le ministère dit de l'Information n'en a pas.
    GdG. — Vous devriez en avoir un ! Chaque ministre a tendance à voir les choses selon son optique propre, à faire sa propagande et non celle de l'État dans son ensemble. Quand je parle à la nation, je ne traite jamais un seul sujet, mais plusieurs. C'est que tout se tient. »
    Le Général n'a donc pas perdu son ambition de faire le « grand ministère de l'Information » qu'il voulait confier à Maurice Schumann. Il s'était rabattu sur un petit secrétaire d'État.
    Déjà, le 18 juillet 1962, il m'avait dit :
    « Ce n'est pas acceptable ! Il n'y a qu'un État, il n'y a qu'une seule information d'État ! Vous ne

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