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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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riche, de plus éclatant. Les peintres les plus talentueux ornaient les murs de fresques admirables. Des sculpteurs renommés fondaient dans l’or l’effigie du disparu ou taillaient des statues de bois à son image. On usait des matériaux les plus précieux parmi lesquels l’or surabondait aussi bien que des joyaux de toute provenance.
    L’essentiel, pour tous ces Égyptiens, était que l’on ne vînt pas violer leur sépulture. Ni qu’on leur ôtât les objets nécessaires à leur voyage pour l’éternité. Si les petits ne couraient guère de risque à cet égard, il n’en était naturellement pas de même des pharaons. Nul n’ignorait l’existence des trésors que l’on enfermait avec leur dépouille. On savait que rien n’arrêterait les voleurs. Alors, on multipliait les précautions. On choisissait un lieu prétendument inaccessible. On dissimulait l’entrée de la tombe. On creusait des couloirs dissuasifs qui ne conduisaient nulle part. Las ! nous avons la preuve, par de nombreux récits retrouvés – papyrus, tablettes, inscriptions – que, presque toujours, la tombe était violée peu de temps après qu’elle eut été refermée. Il suffisait de quelques années, voire de quelques mois, même de quelques jours ! La subtilité, l’ingéniosité des voleurs dépassaient toute imagination. Quelque précaution que l’on prît, ils en venaient à bout. Ce qui les intéressait au premier chef, on s’en doute, c’était l’or. Pour s’en saisir, ils brisaient les meubles précieux, détruisaient l’enveloppe des sarcophages, anéantissant des œuvres d’art dont la beauté ne suscitait chez eux que la plus parfaite indifférence.
    Ainsi en fut-il pendant des siècles et pendant des millénaires. Des dynasties naquirent et s’éteignirent. Trois cent cinquante pharaons se succédèrent. L’Égypte devint grecque, romaine, arabe. Sans souci de la chronologie ni de l’histoire, les voleurs continuaient leur pillage. Chercher les tombes – et les découvrir – demeurait une industrie traditionnelle autant que rémunératrice. Quelques tombes avaient échappé aux voleurs de jadis. On se contentait de ce qu’avaient négligé les premiers pillards. Ce qui, en définitive, procurait un profit encore non négligeable.
    Après la redécouverte de l’Égypte par l’expédition de Bonaparte et les géniales découvertes de Champollion, naquit une véritable égyptomanie. Tous les musées d’Europe ou d’Amérique recherchèrent des objets égyptiens. Des centaines de collectionneurs à travers le monde les convoitèrent aussi. Les pillards redoublèrent d’activité. Pour un peu on les eût reconnus d’utilité publique. Les khédives ne voyaient apparemment nul inconvénient à ce que ces trésors quittassent leur pays. Méhémet Ali, dans sa bienveillance, n’avait-il pas fait cadeau au roi Louis-Philippe de l’un des deux obélisques de Louxor, rompant ainsi sans le moindre scrupule la symétrie de l’entrée du plus célèbre temple du monde ? Comment Méhémet Ali aurait-il puni les pillards alors qu’il n’éprouvait aucun remords à dévaliser lui-même son pays ?
    Vint heureusement le temps où les archéologues prirent la relève des voleurs. Ils commencèrent à accourir, bataillons toujours plus serrés, au cours du XIX e siècle. À la fin des années 1880, cette irruption se mua en invasion. Ils venaient d’Angleterre et de France – ces deux pays précédant les autres de plusieurs longueurs – mais aussi d’Italie, d’Allemagne, d’Amérique. On en voyait de riches et même de très riches – ceux-ci ne se ruinèrent pas parce qu’ils n’étaient pas ruinables – mais de pauvres aussi, dont le seul voyage avait fait fondre toutes les économies. Ceux-là, pour satisfaire leur passion de fouiller, acceptaient de vivoter en exerçant de petits métiers.
    L’archéologie est une passion. On peut l’assimiler à la fièvre que fait naître le jeu chez certains. L’archéologue découvrira quelquefois des trésors d’une valeur immense, mais – à part quelques exceptions connues – ce n’est pas la valeur marchande de ces objets qui le fascinera. Il ressentira, dans la seule découverte, une ivresse qui le payera de tout.
    Ces archéologues étaient loin d’être tous des professionnels. Disons même que, parmi eux, l’amateurisme dominait. Il faut retenir ce terme. Même à notre époque, ce sont des amateurs qui se révèlent souvent à

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