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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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lumières de l’hôtel s’éteignirent. On eut beau s’acharner sur les fusibles, sur le compteur, rien n’y fit. Le lendemain, on apprenait que la panne n’avait pas affecté seulement l’hôtel Continental mais toutes les lumières du Caire. Une enquête approfondie ne permit pas de découvrir d’explication technique à cette défaillance.
    Lord Carnarvon possédait un chien qui lui était très attaché. L’animal était resté en Angleterre. À l’heure même où mourait son maître, le chien se mit à hurler. Un instant plus tard, il tombait foudroyé.
    Les deux événements ont été rapportés par lord Porchester – devenu sixième comte de Carnarvon – à Mme Christiane Desroches-Noblecourt, l’une des plus éminentes égyptologues de notre temps. Celle-ci les donne comme authentiques  (31) .
    Ce n’était qu’un début. Le conservateur en chef du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, Georges Bénédite, ayant à son tour visité la tombe de Tout Ankh Amon, allait succomber peu après. Arthur C. Mace, conservateur adjoint du département des Antiquités égyptiennes du Metropolitan Museum of Art de New York, le suivit rapidement dans la tombe. Six mois après la mort de lord Carnarvon, on annonça celle de son frère, le colonel Aubrey Herbert. Puis celle de l’infirmière qui l’avait soigné. Puis celle du secrétaire de Howard Carter, fils unique de lord Westbury. De décès en décès, on en vint à une liste de vingt-sept morts mystérieuses.
    Conan Doyle – père à jamais admiré de Sherlock Holmes – parla le premier de la malédiction du pharaon . La formule devait faire fortune.
     
    La première fois que je me suis rendu en Égypte, j’ai ressenti ce même choc qu’ont éprouvé des millions de visiteurs. Le Nil, d’abord, le Nil en majesté où glissent des felouques de pêcheurs toutes semblables à celles dont le vent gonflait la voile au temps de Ramsès II. Les fellahs passent courbés sous leur fardeau, le muezzin appelle à la prière, les enfants à demi nus jouent dans l’eau glauque. La toile de fond n’est autre qu’un temple vieux de trois mille ans.
    Lorsque nous quittons le Nil pour nous enfoncer vers la vallée des Rois, ce qui nous frappe d’abord, c’est la totale modification du paysage.
    En face de Louxor, de l’autre rive du Nil jusqu’au débouché de la vallée des Rois, on compte environ huit kilomètres et demi. À mesure que l’on progresse, on oublie le vert cru des champs et le vert sombre des palmeraies : cette plaine incroyablement fertile qui s’étend vers l’ouest. Il n’y a plus ici que sable et roc, aridité et solitude. Nous sommes dans cette vallée où, depuis Thoutmôsis I er , tant de pharaons puissants ont cherché l’oubli.
    Imaginez une faille sinueuse, étroite, écrasée de soleil, le lit asséché d’un ancien affluent du Nil. Au fond, une muraille de rochers. Devant, une pente plus douce, pierres et éboulis. Pas la moindre trace de végétation, un aspect quasi lunaire, 35 à 40 °C en février. À mesure que l’on s’avance, on découvre des portes comme taillées dans la montagne. Ce sont des tombes. Parfois, dix générations les séparent mais, d’un siècle à l’autre, l’idée qui les a fait naître ne s’est nullement modifiée. Un Égyptien qui mourait souhaitait être accompagné dans l’autre monde par les objets familiers qui l’avaient aidé à vivre dans celui-ci. S’il était pauvre et inconnu, une jarre modeste, quelques grains de blé suffisaient. S’il s’agissait d’un grand du royaume, sa tombe croissait en proportion de son rang. Pour un pharaon, c’est une sorte de palais en réduction que l’on édifiait.
    Les premiers rois d’Égypte avaient voulu protéger leur sépulture en la recouvrant de pyramides. Erreur : c’était la désigner aux voleurs qui accoururent en foule. Les tombeaux édifiés près des temples n’eurent pas un sort meilleur. C’est alors que Thoutmôsis I er chercha un site désert, si ingrat que nul ne songerait à le visiter. Ainsi fut creusé dans le roc un tombeau sans nulle ostentation apparente. Les successeurs de Thoutmôsis I er l’imitèrent.
    Pour les tombes de tous ces morts illustres, une règle d’or : surtout, rien à l’extérieur qui attirât l’attention. En revanche, une fois la porte franchie, que de merveilles ! Là, dans plusieurs chambres, on rassemblait ce qui existait de plus rare, de plus

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