Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
rejette. Nous sommes à la fin de 1926. En 1927, la défense fait appel devant la Cour suprême du refus de Thayer. Le 5 avril 1927, la Cour suprême de justice confirme le jugement de Thayer.
    Dès lors, la machine judiciaire s’emballe. Le 9 avril, Sacco et Vanzetti sont condamnés. Définitivement. Le 3 août, le gouverneur Fuller refuse d’accorder la grâce. Les journaux paraissent avec d’énormes titres : « L’exécution aura lieu le 11 », « Luigia Vanzetti, la sœur de Bartolomeo, quitte l’Italie pour Boston », « Sacco continue la grève de la faim ». Partout, les foules descendent dans la rue. Des orateurs appellent à l’émeute. On se bat à Boston. On se bat à New York. On se bat à Londres. On se bat à Berlin. Le 7 août, les syndicats français annoncent : « Grève de vingt-quatre heures le lundi 8 août. » Dix mille hommes défilent dans Wall Street devant les banques qui ont fermé leurs portes. Et l’on manifeste à Copenhague, à Oslo, Moscou, Johannesburg, Santa-Fé de Bogota, Montevideo, Mexico. Une bombe éclate à Broadway dans une station de métro : 3 blessés graves, 38 personnes à l’hôpital. Une autre bombe à Buenos Aires, où l’on brûle des tramways. Des émeutes à Paris, Lyon, Bordeaux, Lille, Roubaix, Tourcoing, Brest, Saint-Nazaire… Des milliers de télégrammes, venus de tous les coins du monde, s’accumulent sur le bureau du gouverneur Fuller.
    Le 8 août, 10 000 manifestants tentent de prendre d’assaut la prison de Charlestown. Ils sont repoussés par les marines . Un dernier appel au juge Thayer est déposé. Le 9 août, Einstein et Hansen envoient des télégrammes pour demander la grâce. On lance d’autres bombes à Chicago, Londres, Buenos Aires. Le père de Sacco adresse un télégramme à Mussolini qui répond : « Je fais tout mon possible, en tenant compte des règles internationales, pour sauver de l’exécution Sacco et Vanzetti. »
    Le 10 août, le pape Pie XI fait connaître son opinion : « Quelle que soit la situation juridique des deux condamnés, l’attente dans laquelle ils sont depuis sept années aurait suffi à leur mériter la grâce. »
    À Charlestown, la prison est maintenant défendue par deux mille hommes. L’exécution est fixée à minuit. À 22 h 31, le gouverneur Fuller accorde un sursis aux deux condamnés.
    À la prison, Sacco et Vanzetti ont quitté l’antichambre de la mort. Ils regagnent leurs cellules. La défense fait appel devant la Cour suprême du Massachusetts. Le 19 août, la Cour suprême rejette l’appel. Le 20, Sacco et Vanzetti retrouvent l’antichambre de la mort.
    Partout dans le monde, des millions d’hommes et de femmes attendent. Le 23 août, à 0 h 1, Celestino Madeiros quitte sa cellule. Il entre dans la chambre d’exécution. On l’assied sur la chaise électrique. On l’attache, on envoie le courant. Il est mort.
    À 0 h 9, c’est Sacco qui entre dans la chambre d’exécution. À son tour, il s’assied sur la chaise. En italien, il dit :
    — Vive l’anarchie !
    Et en anglais :
    — Adieu, ma femme… Bonsoir, messieurs.
    Il murmure :
    — Maman…
    Le bourreau appuie sur la manette. L’effrayante décharge. Il est mort.
    À 0 h 22, Bartolomeo Vanzetti apparaît à son tour. D’une voix forte il dit :
    — Je désire vous dire que je suis innocent. Je n’ai jamais commis de crimes ; quelques péchés, jamais de crimes.
    La troisième décharge. Elle dure vingt secondes. Il est mort.
    Le lendemain, dans l’Action française , Charles Maurras écrira : « Le sort qui a été fait à Sacco et à Vanzetti est révoltant. Il ne s’agit pas de savoir si les condamnés sont coupables ou innocents et ceux qui prétendent que “tout les fait présumer innocents” s’avancent beaucoup. Ce qui est certain, c’est que depuis sept ans, ils étaient sous la menace d’une mort imminente et l’on ne conçoit pas que, dans un pays civilisé, on inflige pareille torture à des créatures humaines. Le procédé américain tient de la pure sauvagerie. » L’Humanité publie une édition spéciale et appelle les prolétaires à descendre dans la rue. Presque toute la nuit, on se battra. Ceux qui frappent, ceux qui reçoivent des coups rendent hommage à ces deux Italiens obscurs mués tout à coup en martyrs.
     
    Le fondement de notre droit est que le doute doit toujours profiter à l’accusé. Disons que dans l’affaire Sacco et Vanzetti, le

Weitere Kostenlose Bücher