Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
s’éternisant dans les brouillards anglais, son médecin lui conseilla d’aller se refaire une santé en Égypte. Il s’embarqua en 1903. Lui aussi venait de choisir son destin.
    À peine arrivé, il se prit de passion pour les sites et monuments égyptiens. Il voulut tout savoir de cette civilisation disparue mais fascinante. Après trois ans de curiosité un peu désordonnée, il résolut de passer lui-même à l’action. En 1906, le service des Antiquités lui accorda un permis de fouilles à l’ouest de Louxor, non loin de la vallée des Rois. Il se mit aussitôt au travail, engagea une équipe et pendant des semaines creusa un peu au hasard. Son mérite ? S’être rendu compte qu’il n’arriverait à rien sans l’aide d’un spécialiste.
    Il retourna au Caire, s’adressa à Maspéro. Qui le directeur du service des Antiquités pouvait-il lui recommander ? Maspéro n’hésita pas. Il avait sous la main l’homme qui conviendrait mieux que personne à lord Carnarvon. Il s’agissait d’un ancien assistant de Flinders Petrie – quelle recommandation ! – et il avait été inspecteur du service des Antiquités. À la suite de circonstances malheureuses inutiles à rappeler, cet archéologue de qualité se trouvait libre. Il s’appelait Howard Carter.
    Pour lord Carnarvon, un avis de Maspéro était un ordre. Depuis le grand Mariette, il était de tradition que les Français eussent en Égypte la haute main sur tout ce qui concernait les antiquités. Dans l’accord franco-britannique de 1904, qui attribuait le Maroc à la France et l’Égypte à l’Angleterre, il était dûment stipulé : « Le poste de directeur général des Antiquités d’Égypte continuera, comme par le passé, d’être confié à un savant français. »
    Bien qu’il parût davantage, lord Carnarvon était âgé de quarante et un ans. Carter avait trente-trois ans. L’un jouissait d’une imposante fortune, l’autre était quasiment famélique. Ce qui les unissait : la passion de la recherche. Ce qui les opposait : la dépendance où ils allaient se trouver l’un de l’autre. Carter aurait voulu fouiller seul, mais il avait besoin de l’argent de Carnarvon. Le noble lord aurait voulu s’attribuer seul le mérite des découvertes, mais il savait qu’il ne pouvait se passer de la science de Carter. Ainsi allait s’engager une collaboration de seize années, en apparence sans nuages, mais tissée en réalité d’autant de haine que d’amour.
    Le contrat que les deux hommes allaient signer accordait à Carter une livre anglaise par jour, soit 25 francs de l’époque.
     
    Maspéro avait attribué à Carnarvon et à Carter une aire de fouilles située à Deir el-Bahari, au nord-ouest du secteur où jusque-là Carnarvon avait travaillé. Dès l’abord, la collaboration se révéla fructueuse. Carnarvon put écrire dans son journal : « Au bout de dix jours de travail à Deir el-Bahari, nous avons rencontré un tombeau intact qui donnait une impression de modernisme inhabituelle. Différents cercueils se dressaient dans la crypte. Le premier qui attira notre attention était blanc et couvert de jolies peintures ; un drap mortuaire le recouvrait et un bouquet de fleurs avait été déposé à ses pieds. Pendant deux mille cinq cents ans, personne n’avait touché ces cercueils ; pendant deux mille cinq cents ans, ils avaient été oubliés. Nous ne tardâmes pas à comprendre la raison pour laquelle les voleurs n’avaient pas encore rendu visite à cette sépulture ; elle ne contenait aucun mobilier funéraire. Les propriétaires de ces cercueils étaient manifestement de pauvres gens ; ils avaient, eux ou leur famille, dépensé tout l’argent qu’ils pouvaient consacrer à l’inhumation à payer les cercueils dans lesquels ils étaient enterrés. »
    Lord Carnarvon était lucide : il ne se méprenait pas sur la valeur de sa découverte.
    Trois semaines plus tard, on découvrit un tombeau d’un intérêt plus évident : celui d’un certain Teta-Ky, fils de roi. Trois jours après, on entra dans une tombe de la XVII e dynastie. Peu d’objets, mais deux planches de bois enduites de plâtre et couvertes d’un texte dont l’égyptologue Griffith devait dire qu’il était « d’une importance considérable pour l’Histoire ». C’était toute la vie du général Kamose qui, vers l’an 1650 av. J.-C., libéra l’Égypte de la domination des Hyksos. Carter se montra enchanté mais lord

Weitere Kostenlose Bücher