Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
l’origine de découvertes archéologiques capitales. Dans le mot amateur, il y a le verbe aimer.
    Lorsqu’il arriva au Caire, Howard Carter débordait d’enthousiasme. Il n’avait que vingt ans. Il eût été bien incapable d’exhiber le moindre diplôme en archéologie. Il grillait seulement d’envie de chercher dans la terre égyptienne quelque vestige neuf qui permît d’ajouter un chapitre nouveau à la plus longue civilisation que le monde eût connue.
    On reçut avec quelque condescendance ce personnage falot. Il en débarquait tant, armés comme lui de leurs seules illusions !
    Or ce même Howard Carter allait découvrir un jour le tombeau de Tout Ankh Amon.
     
    Le père de Howard peignait à l’aquarelle des portraits d’animaux qu’il vendait à des hobereaux fiers de leurs chevaux ou de leurs vaches. C’est dire que Samuel John Carter n’avait pas fait fortune. Impossible d’envoyer son fils dans une école payante. Samuel s’était contenté de faire de Howard un aquarelliste comme lui. Ce qui l’attendait, c’était la même vie que son père, obscure et sans imprévu.
    Tout changea le jour où un égyptologue d’un certain renom, Percy Newberry, assistant du grand Flinders Petrie, confia à l’une de ses amies, lady Amherst of Hackney, qu’il cherchait un aide pour recopier au British Muséum des relevés d’hiéroglyphes. Lady Amherst songea au jeune Howard Carter, alors âgé de dix-sept ans et qui habitait à Didlington, un village voisin. Elle le convoqua, lui demanda si la proposition de Newberry l’intéressait. Carter accepta avec bonheur. Tout valait mieux que de reproduire des chevaux et des vaches sa vie durant.
    Engagé pour trois mois, Carter découvrit de la sorte l’égyptologie – et donna parfaite satisfaction à ses employeurs. En octobre 1891, quand Percy Newberry se prépara à partir pour l’Egypte, il déclara au comité de l’ Egypt Exploration Fund que le mieux serait d’emmener le jeune Carter sur le terrain. Au lieu de lui faire copier à Londres des relevés pris sur place, il serait plus économique qu’il les fît directement d’après les monuments. Le comité marqua sa réticence : il faudrait inscrire un nouveau poste au budget. Lord Amherst leva l’obstacle en déclarant qu’il paierait lui-même le salaire de Carter si celui-ci pouvait disposer d’un peu de temps pour se livrer à quelques fouilles : lord Amherst était collectionneur.
    C’est ainsi que Carter non seulement se rendit pour la première fois en Égypte, mais – chance extraordinaire – devint l’assistant de sir William Flinders Petrie. De 1891 à 1898, Howard Carter put donc travailler sous la direction de Petrie, ainsi que sous celle d’un archéologue helvétique, Edouard Naville. Sa besogne ? Établir à l’aquarelle des relevés des peintures, des inscriptions et des bas-reliefs du temple funéraire de Deir el-Bahari, édifié pour la plus illustre souveraine de l’Égypte antique, Hatshepsout.
    À un témoin peu perspicace, Howard Carter apparaissait comme le plus effacé des collaborateurs de Flinders Petrie. Paralysé par la timidité, il n’ouvrait la bouche que si on l’en priait à plusieurs reprises. Rien ne l’enchantait davantage que de passer inaperçu. Un simple tâcheron ? Quelle erreur ! Bientôt, les hiéroglyphes n’eurent plus de secret pour lui, non plus que la langue des pharaons. Il avait tout appris des méthodes de fouille et des analyses historiques qui devaient en découler. Sa première grande découverte allait être celle du grand temple de Tell el-Amarna, la capitale construite par le pharaon Akhenaton. Enchanté, Petrie lui demanda de tracer – s’il le pouvait – un plan d’ensemble de la ville d’Amarna. Carter bondit sur l’occasion, parcourut chaque jour de trente à cinquante kilomètres à travers la plaine. En quelques semaines, le plan de l’ancienne capitale était tracé  (32) .
    Plus les années passaient et mieux l’on jugeait Carter. Neuf ans après son arrivée en Égypte, il allait être nommé par Gaston Maspéro inspecteur des Antiquités pour la Haute-Égypte et la Nubie. Son quartier général serait désormais à Louxor, cité construite sur le site de l’ancienne Thèbes.
    Le saut était immense, la promotion éclatante. L’autodidacte se voyait tout à coup reconnu comme archéologue officiel. Cela ne dura pas. Étant intervenu en tant qu’inspecteur pour mettre fin à une obscure

Weitere Kostenlose Bücher