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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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première porte, laissâmes notre équipe d’ouvriers pour surveiller la tombe et nous rentrâmes chez nous à dos d’âne, silencieux et comme assommés. »
    Carter dira encore que Carnarvon, lady Evelyn, Callender et lui ont discuté une partie de la nuit. Que trouverait-on derrière la seconde porte scellée ? « Aucun de nous n’a beaucoup dormi cette nuit-là. »
    Des centaines d’écrivains et de journalistes ont glosé sur ce chapitre, l’un des plus célèbres de l’histoire de l’archéologie. Il a fallu attendre longtemps pour savoir que ce récit ne reflétait qu’en partie la vérité. Une longue enquête d’un chercheur américain du Metropolitan Museum , Thomas Hoving, le témoignage de l’un des membres de l’équipe qui fouilla la tombe de Tout Ankh Amon, des documents inédits conservés au Metropolitan Museum of Art permettent de présenter aujourd’hui une version totalement différente de ce que l’on a cru pendant des décennies.
     
    Après avoir considéré avec émerveillement les richesses contenues dans l’antichambre, les archéologues n’ont nullement quitté les lieux. Dans le brouillon d’un article jamais publié, lord Carnarvon révèle que – probablement à sa demande – Carter a pratiqué dans la porte intérieure une ouverture suffisante pour que, tous les quatre, ils aient pu se glisser « avec quelque difficulté » dans l’antichambre. Evelyn était la plus mince, la plus petite. Elle est entrée la première. Les autres l’ont suivie.
    Ce n’est donc pas de loin qu’ils ont pu considérer les objets accumulés là, mais de si près qu’ils ont été jusqu’à en prendre en main plusieurs. Après quoi, ils se sont approchés de la cloison opposée, dans laquelle se dessinait la place d’une porte. Pas plus que pour la première entrée, Carter ne semble avoir hésité. Il s’est mis à desceller les moellons, dégageant une ouverture par laquelle il a introduit le faisceau de sa lampe électrique : aucun trésor, pas le moindre objet d’or mais un passage qui, trois mètres plus loin, s’achève par un mur nu. Comment ne pas en avoir aussitôt le cœur net ? Carter et Callender se mettent fiévreusement à dégager une ouverture dans le bas du mur. En rampant, Carter se glisse dans la pièce voisine. Il se redresse, promène le faisceau de sa lampe autour de lui. Fantastique ! Au milieu d’une pièce somptueusement décorée d’or et de faïence bleue, ce qu’il découvre là, devant lui, c’est une immense chapelle en bois doré admirablement ornée : 3,30 m de large, 5 m de long, pour une hauteur de 2,73 m.
    Carter vient de pénétrer dans la chambre funéraire du pharaon !
    Lord Carnarvon va le suivre. Et sa fille Evelyn. Pour Callender, impossible : il est trop gros. Peu d’espace entre les flancs extérieurs de la chapelle dorée et les murs de pierre : seulement 75 centimètres.
    Vont-ils ouvrir l’une des portes de la chapelle qui remplit presque entièrement la chambre funéraire, laquelle mesure elle-même 4 m sur 6,40 m ? Déjà, à plusieurs reprises, ils ont enfreint la loi égyptienne. Celle-ci est formelle : une telle exploration doit obligatoirement être entreprise sous le contrôle d’un fonctionnaire du service des Antiquités. Quelques heures plus tôt, Engelbach a quitté le terrain de fouilles. Alors, ils hésitent.
    Sans doute aussi ont-ils ressenti cette sorte de révérence sacrée, ce sentiment composé de crainte, de respect, presque de gêne, dont Carter a parlé lui-même, et que l’on éprouve « lorsqu’on pénètre dans une chambre fermée par des mains pieuses des siècles auparavant. Un instant le temps s’abolit. Trois mille, quatre mille ans peut-être depuis qu’un pied a foulé pour la dernière fois ce sol… L’air que l’on respire, le même depuis des millénaires, on le partage avec ceux qui déposèrent la momie dans sa sépulture. Et chacun de ces petits détails vivants accroît votre sentiment de vous comporter en intrus ».
    Et puis ils n’y tiennent plus. Il faut, il faut absolument qu’ils sachent. Ils vont tirer les verrous de la porte de la première chapelle et ouvrir cette porte. Sous le plus léger des linceuls de lin – incroyablement conservé – ils vont découvrir une autre chapelle.
    En réalité – ils ne l’apprendront que plus tard – il y a là quatre chapelles en bois doré, emboîtées les unes dans les autres. La première, celle qu’ils

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