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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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engagés par Carnarvon furent choisis pour « garder les gardes ». Pour plus de sûreté, on avait comblé l’escalier d’entrée.
    Lord Carnarvon dut se rendre en Angleterre où il fut reçu comme un héros national. Le roi George V l’accueillit solennellement à Buckingham Palace. À son retour en Egypte, il fut évident pour tous qu’il se portait mal.
    Entre Carter et son mécène, les rapports s’étaient tendus visiblement. On les entendit plusieurs fois échanger des propos aigres-doux. Carnarvon vint rendre un jour une visite à Carter, dans sa maison de Louxor. Le ton monta. Soudain, on vit sortir Carter, courroucé, qui intimait l’ordre à Carnarvon de ne plus jamais remettre les pieds chez lui.
    Que s’était-il passé ? En fait, Evelyn, la fille du noble lord, s’était peu à peu éprise de Carter, et Carnarvon jugeait scandaleuse une telle situation. Nullement parce que sa fille chérie avait vingt ans et Carter quarante-neuf, nullement parce que l’idylle – bien innocente – s’était déroulée à son insu. Simplement parce qu’il était hors de question qu’un personnage de petite extraction, comme Carter, pût lever les yeux sur la fille du cinquième comte de Carnarvon. Or Carter n’avait nullement encouragé Evelyn ni répondu à cette passion puérile, mais au contraire tenté de faire entendre raison à la jeune fille.
    Après s’être trouvés si longtemps ensemble à la peine et être parvenus ensemble à la gloire, les deux hommes étaient brouillés !
    Deux jours après, Carnarvon, décidément trop malheureux, adressait à Carter une touchante lettre d’excuses : « J’ai vu Eve et elle m’a tout raconté. Je suis sûr que j’ai fait bien des sottises et j’en suis vraiment désolé. Je suppose que les soucis et le tracas m’ont affecté, mais il est une chose que je tiens à vous dire et que je vous prie de ne jamais oublier : quels que soient vos sentiments pour moi, présents ou à venir, mon affection pour vous ne se démentira jamais. »
    Au début de mars, Carnarvon et Evelyn partirent pour Le Caire. Dans la vallée, un moustique avait piqué Carnarvon et la piqûre s’était envenimée. Les ganglions de son cou s’étaient dangereusement enflés. Les médecins s’avouaient inquiets. Evelyn ne put se retenir d’écrire à Carter, ne dissimulant pas sa propre angoisse.
    Carnarvon lutta pendant trois semaines. Il s’affaiblissait de jour en jour. Il mourut le 5 avril 1923.
    — J’ai entendu l’appel. Je me prépare.
     
    Trois ans pour vider le tombeau de son inestimable trésor. Trois ans pour inventorier, identifier, restaurer les richesses sans égales de Tout Ankh Amon. Trois ans marqués aussi par un conflit ouvert avec les autorités égyptiennes. Carter s’était montré maladroit, peu diplomate, parfois insupportable. Résultat : pendant quelque temps le tombeau lui fut interdit. Et puis tout rentra dans l’ordre. Un autre que Carter aurait-il pu ouvrir le sarcophage du pharaon, contempler le premier sa momie ? L’instant de cette ultime confrontation était arrivé.
    Le 10 octobre 1925, à 6 h 30, on dégage le tombeau fermé pendant la saison d’été. On traverse l’antichambre vidée de ses meubles, la chambre funéraire débarrassée de tout autre objet – hors le sarcophage.
    Carter et ses collaborateurs font face au grand cercueil doré, long de 2,20 m. Le cercueil de Tout Ankh Amon.
    On installe un treuil. On attache des cordes aux poignées d’argent fixées sur les parois. Avec d’incroyables précautions, une lenteur voulue, on commence à soulever le cercueil. À l’intérieur du premier, on découvre un second cercueil. Il est long de deux mètres et couvert d’or avec des incrustations de verre opaque imitant le jaspe rouge, le lapis-lazuli, la turquoise.
    Le lendemain, on parvient à ouvrir et soulever ce second cercueil. À l’intérieur de celui-ci, on en découvre un troisième. Toujours avec les mêmes infinies précautions, on parvient à le soulever et à le porter dans l’antichambre. « C’est là, dira Carter, que l’importance et la beauté de notre découverte nous apparurent réellement, quand cette pièce unique et merveilleuse, ce cercueil d’un mètre quatre-vingt-cinq de long, masse fabuleuse d’or sculpté, de deux centimètres et demi à trois centimètres et demi d’épaisseur, resplendit devant nous. »
    Pour ouvrir ce troisième cercueil, il faut de longues heures. On avance

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