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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Gaston Maspéro, Pierre Lacau – un Français comme de raison. Maspéro, pour encourager l’archéologie, s’était montré d’un libéralisme qui ressemblait quelque peu à du laxisme : les objets de fouilles étaient en général partagés par moitié, l’une allant au gouvernement égyptien, l’autre revenant au découvreur. Lacau – remarquable savant, mais plus soucieux que Maspéro des intérêts du pays qui lui avait fait confiance – affirmait sa volonté que le service des Antiquités choisît désormais par priorité ce qui devait revenir à l’Égypte. Dans certains cas, c’est le tout que ce service se préparait à revendiquer. Cette nouvelle fut accueillie avec amertume par Carnarvon. Il annonça à Carter, l’été de 1922, qu’il renonçait à sa concession et abandonnait définitivement les fouilles en Egypte.
    Pour Carter, c’était une catastrophe. On peut imaginer la stupéfaction de Carnarvon quand il entendit son associé lui déclarer froidement qu’il continuerait les recherches à ses frais. Cela signifiait que Carter, en une seule saison de fouilles, engloutirait la totalité des économies qu’il avait pu amasser pendant des années de travail acharné. Carnarvon fut ému au-delà de toute expression. Spontanément, il promit à Carter d’assurer pendant toute une année encore le financement des fouilles.
    Il s’agissait de la saison de la dernière chance.
     
    Le 1 er novembre 1922, l’équipe de Carter était sur place. La cible, c’était cette surface recouverte de cabanes d’ouvriers qui s’étendait devant la tombe de Ramsès VI. On se mit à les dégager. Le soir du 3 novembre, plusieurs avaient déjà été enlevées. Il ne restait plus qu’à attaquer le sol sur lequel elles avaient été bâties.
    Récit de Carter  : « Le lendemain matin, 4 novembre, lorsque j’arrivai sur le chantier, un silence inhabituel me fit comprendre que quelque chose venait de se passer. On m’annonça aussitôt que sous la première hutte qu’on avait attaquée, on venait de mettre au jour une marche taillée dans le roc. C’était trop beau pour être vrai. Pourtant, nous étions bel et bien devant l’entrée d’un escalier creusé dans la pierre à quelque quatre mètres en contrebas de la tombe de Ramsès VI…»
    Une tombe ! Mais était-ce la tombe ? On continua à travailler, avec une fièvre qui peu à peu gagnait tous les ouvriers. Dans l’après-midi du 5 novembre, on put dégager les arêtes supérieures de l’escalier. Il s’enfonçait dans le roc pour former un couloir de 3 mètres de haut sur 1,80 m de large : « À présent, nous progressions plus rapidement et, au crépuscule, alors que nous atteignions la douzième marche, nous aperçûmes la partie supérieure d’une porte scellée, bloquée par des pierres plâtrées. » Aucun doute maintenant : c’était l’entrée d’un tombeau.
    Carter distinguait, sur la porte de la tombe, les sceaux distinctifs d’une nécropole royale. Son émotion était à son paroxysme. Cette porte et ces sceaux ne signifiaient pas obligatoirement que la tombe était restée intacte. Souvent, dans le lointain passé, après qu’on leur eut signalé une tombe pillée, les autorités la faisaient refermer, ceci pour assurer à la momie profanée un semblant de quiétude retrouvée. Alors Carter aperçut, au-dessus de la porte, un linteau de bois. En toute hâte, il perça un trou sous celui-ci, de dimension suffisante pour y introduire une torche électrique. « Le couloir qui se prolongeait au-delà était totalement rempli de gravats, du sol au plafond – preuve supplémentaire du soin avec lequel on avait essayé de protéger la tombe ». Il allait écrire : « Minutes rares dans la vie d’un fouilleur ! Seul avec mes ouvriers, je me trouvais peut-être, après des années de labeur relativement improductif, au seuil d’une importante découverte. Ce couloir pouvait, littéralement, mener à tout. Et je dus faire un immense effort pour me retenir d’abattre la porte sur-le-champ. »
    La nuit commençait à tomber. Il ne put distinguer, au bas de la porte, sous la terre encore accumulée, la trace d’un sceau qui, s’il l’avait vue, aurait levé presque tous ses doutes : ce sceau était celui de Tout Ankh Amon.
     
    Malgré le désir violent qu’il en ressentait, Carter s’interdit d’ouvrir cette porte, ni le lendemain ni les jours suivants. On était probablement à la veille d’une

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