Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
se poursuit. Chaque objet est d’abord photographié. On a fait venir des États-Unis l’un des meilleurs photographes-archéologues de l’époque, Harry Burton, du Metropolitan Museum . Chaque pièce doit subir un traitement particulier assurant sa conservation. Tout cela doit s’accomplir avec d’infinies précautions. Pour remettre en état une robe royale et éviter qu’elle ne tombât en poussière, il faut deux mois. Remonter les chars se révèle un casse-tête incroyable.
    Toute inscription est soigneusement relevée et déchiffrée. Dans la tombe de Séti II où l’on a installé un laboratoire, des techniciens procèdent à des analyses. Les pièces les plus fragiles sont consolidées et soigneusement emballées.
    Parmi les collaborateurs que Carter avait engagés, il faut citer A.C. Mace, neveu de Flinders Petrie, les dessinateurs Hauser et Hall, sir Alan Gardiner, le professeur Henry Breasted. La conservation des objets était assurée par Alfred Lucas, directeur du département de chimie au Musée national du Caire.
    L’extraordinaire de la situation, c’est que Carter et Carnarvon, lorsqu’ils ont introduit officiellement les visiteurs dans la tombe, se sont vus forcés de jouer une singulière comédie. Ils devaient avoir l’air de découvrir, en même temps que les autres, ce qu’ils avaient déjà vu clandestinement ! Avant d’arriver au tombeau, Breasted, péremptoire, déclara qu’on ne trouverait pas de momie. L’entassement des objets démontrait qu’il y avait là une cache, nullement un hypogée. Carter répondit qu’il n’était pas de cet avis. Qu’aurait-il pu dire de plus ?
    À chaque visite, renaissait la même stupeur, le même enthousiasme. Breasted dira que, pour lui, ce fut une vision absolument « incroyable », un moment unique, merveilleux. Le souffle coupé, il put seulement, incapable de proférer une seule parole, serrer la main de Carter. Il « se laissait aller au plaisir de regarder, sans système ni raison, la profusion d’objets augustes ».
    Chaque jour, un ou plusieurs objets étaient transportés dans la tombe de Séti II. C’était le moment guetté par les touristes. Des oh ! , des ah ! fusaient. Les photographes professionnels et amateurs se ruaient. Carter devait dire que l’on avait « fait usage dans la vallée, durant ce premier hiver, de plus de pellicules que depuis l’invention de la photographie ».
    Moment exaltant que celui où un ouvrier surgit de la tombe portant sur un plateau le buste grandeur nature du pharaon. Soudain, dans la foule, ce fut le silence. Il semblait que Tout Ankh Amon lui-même apparaissait, dans sa jeunesse et sa beauté, paré des couleurs mêmes de la vie.
    Et le trône d’or ! Et toutes les reliques évoquant l’épouse du pharaon, comme aussi les liens si tendres qui l’unissaient à son mari !
    On acheva de vider l’antichambre. Lord Carnarvon annonça que, le 17 février, on procéderait à l’ouverture de la porte qui permettrait de découvrir cette pièce mystérieuse que l’on devinait au-delà.
     
    On se serait cru au théâtre. Une assistance choisie – ou plutôt triée, ô combien ! – transpirait dans l’antichambre : princes, lords, ambassadeurs, ministres, archéologues. Devant eux, le mur. Ce fut Carter lui-même qui frappa le premier coup qui devait permettre de pratiquer une ouverture. Il continua précautionneusement. Dix minutes après, l’ouverture paraissait assez grande pour qu’il y fît passer sa lampe électrique. Un silence. Et puis, d’une voix étranglée :
    — Je vois un mur de faïence bleu et or !
    Décidément, Carter était un grand comédien.
    Il agrandit l’ouverture. Les invités se bousculèrent pour voir. C’est alors seulement qu’ils comprirent qu’ils se trouvaient dans la chambre funéraire de Tout Ankh Amon. L’un après l’autre, chacun s’y glissa. Aucun n’oublierait ce moment unique.
    À quelques jours de là, la reine Elisabeth de Belgique se rendit au tombeau en compagnie de son fils. Elle se déclara « confondue par la beauté de ces trésors ».
    Le 26 février, à 5 heures et demie du matin, Carnarvon et Carter fermèrent officiellement le tombeau. Il était hors de question que l’on poursuivît les travaux au cours de la saison d’été où la température monte parfois au-delà de 50 °C. On bloqua l’entrée par une porte métallique. Des gardes furent placés en permanence devant elle. Quatre contremaîtres

Weitere Kostenlose Bücher