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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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septembre : « Je me suis présenté spontanément au colonel Ruaux et je crois savoir que cet officier supérieur connaît depuis quelque temps ma véritable identité. » Il ajoute : « Je me suis présenté sous le nom de Wetterwald et j’ai donné comme alias Valéri en demandant à être enrôlé sous ce nom. » Quand on lui demande si, parmi ses collègues, certains officiers de la caserne ont connu sa véritable identité dès le jour de son arrivée, il répond : « Non, mais par la suite mes camarades en ont acquis la certitude en raison des renseignements que j’ai fournis sur mon activité antérieure dans la Résistance. »
    Le lecteur ne peut que s’étonner. Depuis le 11 mars, toutes les polices recherchent activement celui qu’elles considèrent comme l’un des plus grands assassins de son temps. Comment admettre que des officiers français, connaissant sa véritable identité, ne l’aient pas aussitôt mis en état d’arrestation et livré à la justice ? D’autant plus que nous disposons du témoignage d’un militaire qui précisément servait à la caserne de Reuilly et qui déclare : « Au bout de très peu de jours, la plupart des officiers de la caserne de Reuilly ont su que Wetterwald était Petiot. »
    Ici l’étonnement du lecteur ne peut que s’accroître. Qu’il sache qu’un policier de grande expérience, le capitaine Simonin, l’a partagé dès 1944. Commissaire de police à Quimper pendant la guerre, il s’est mis au service de la Résistance, notamment du colonel Rémy. Au début de 1944, il a échappé in extremis à une arrestation par la police allemande. Il s’est enfui muni d’une fausse carte d’identité au nom de Simonin. Il a été aussitôt révoqué par Joseph Darnand, alors secrétaire général au Maintien de l’ordre. En août 1944, lors de l’installation à Paris des services, nés à Londres, du BCRA, il a été intégré à ceux-ci. Un mois plus tard, le colonel Paillole, directeur de la Sécurité militaire, à peine arrivé d’Alger, l’affecte au commandement de la section P (pour Police) en qualité de commissaire à la Sûreté aux armées, ce qui automatiquement fait de lui un capitaine. Il traite un grand nombre d’affaires de sécurité et c’est ainsi qu’il va découvrir tous les arcanes de l’affaire Petiot.
    Non seulement le commissaire Simonin m’a adressé une longue note écrite sur cette affaire mais il a bien voulu me recevoir et apporter à toutes les questions formulées par moi des réponses que j’estime aujourd’hui indiscutables. Je lui donne donc la parole en demandant au lecteur de comprendre que cet ancien fonctionnaire, habitué des rapports, parle de lui-même à la troisième personne : « Depuis le 11 mars 1944, date de la découverte des cadavres de la rue Le Sueur, Petiot sait qu’une information, assortie d’un mandat d’arrêt, a été ouverte contre lui du chef d’assassinat. Lourde charge sur les épaules d’un homme qui a déjà été soupçonné à plusieurs reprises d’avoir été à la base de “disparitions” inexpliquées. Il réfléchit donc sur la manière de se débarrasser de ce lacet qu’il a autour du cou… Or il a été incarcéré à Fresnes pendant près d’un an par les Allemands, ce qui à soi seul lui constitue déjà un titre à la reconnaissance de la nation. En outre, il a partagé la cellule de plusieurs militants communistes qui, sans le vouloir, lui ont fourni une documentation irremplaçable sur les pratiques et les méthodes du parti. Il en connaît même le jargon. Comme un militant chevronné, il parle de sa “bio”, il connaît l’OS, l’organisation des FTP, etc.
    « Dès lors, son plan est construit : il sait que tous les fichiers du parti ont disparu et qu’on peut se présenter comme un vieux militant sans courir le moindre risque. C’est ce qu’il fait : il se présente sous sa véritable identité à la caserne de Reuilly où il a appris qu’un certain commandant Raffy, communiste chevronné, dirige le Deuxième Bureau FTP  (122) . Il est si convaincant qu’on lui donne aussitôt la carte du parti, qu’on le charge de missions d’épuration et qu’on lui promet d’étouffer rapidement cette affaire de la rue Le Sueur, laquelle, loin de lui valoir des ennuis, va faire de lui un héros…
    « À ce moment même, le cabinet du général de Gaulle est submerge de plaintes dirigées contre de véritables bandes armées qui écument

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