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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Petiot a été arrêté ?
    Pour dire le vrai, les renseignements sur cette période sont restés longtemps fragmentaires. Petiot lui-même a affirmé avoir passé la nuit du 11 au 12 mars chez un ami mais il s’est toujours refusé à livrer le nom de celui-ci. Il y serait tombé malade. C’est alors que des membres de son réseau de résistance l’auraient confié à un peintre en bâtiment de cinquante-six ans et habitant rue Saint-Denis, nommé Redouté. Il y serait arrivé le 12 mars au matin.
    En fait, comme le réseau de résistance est parfaitement imaginaire, il est beaucoup plus probable que petiot s’est rendu de lui-même chez Redouté qu’il avait soigné quelques mois plus tôt d’une sinusite. Il lui a juré que c’était en tant que résistant qu’on le pourchassait et que les cadavres découverts chez lui étaient ceux d’Allemands et de collaborateurs. Redouté l’a cru.
    Obligé à une claustration absolue, Petiot en a profité pour se laisser pousser la barbe, ce qui l’a rendu méconnaissable. Retrouvant ainsi la possibilité de circuler, il s’est présenté désormais sous le nom de Henri Valéri, celui du médecin dont, rue Caumartin, il avait repris le cabinet.
    Quand le 6 juin à l’aube, cinq mille navires et mille bombardiers se jettent à l’assaut de la Normandie, quand les Alliés foncent à travers la France, quand Paris se soulève et se hérisse de barricades, s’étonnera-t-on que Petiot se soit trouvé sur l’une d’elles avec, sur une manche de sa chemise, le brassard marqué des trois lettres FFI ? Pour obtenir ce signe de ralliement alors très recherché, il s’est tout simplement rendu à la mairie du X e arrondissement et a signé son engagement dans les Forces françaises de l’intérieur. Pour ce faire, il a présenté les papiers d’identité d’un médecin, Henri Wetterwald, pour lors prisonnier en Allemagne. Il les avait « empruntés » à sa famille sous prétexte de faire rentrer le prisonnier.
    Sur la barricade de la place de la République, l’engagé Wetterwald affiche le même courage que celui qui a naguère ébloui ses codétenus de la prison de Fresnes. Des témoins se sont souvenus l’avoir vu « gesticulant et surexcité ». Au lieutenant Rollet, commandant d’un groupe franc, il déclare :
    — Je ne peux pas vous dire qui je suis. Pourtant vous me connaissez. Tout le monde me connaît. Si je vous disais mon nom, vous seriez effrayé.
    Le 19 août, il ramène triomphalement chez Redouté des grenades et des pièces d’uniforme. Le lendemain – on songe à la stupeur de son hôte – un tambour qu’il déclare avoir ramassé sur le « champ de bataille » de la République ! Peu de temps après, Redouté le voit paraître avec un nouveau brassard, tricolore celui-ci :
    — Je me suis engagé dans les Milices patriotiques du X e arrondissement !
    Paris est libéré, les barricades sont enlevées, le général de Gaulle s’est installé rue Saint-Dominique mais, dans Paris toujours en liesse, Petiot apparaît en pleine effervescence. Peut-être ne s’est-il jamais trouvé aussi parfaitement à son aise que dans cette ville où tout change quasiment d’une heure à l’autre. On dirait qu’il tient à appliquer lui-même le programme annoncé à Massu : il n’arrête pas de courir, Petiot. Comme, dans la biographie de patriote qu’il veut se composer, Pierre Brossolette joue un rôle, il le cherche partout dans Paris, ignorant que le résistant, pris par les Allemands et exposé à la torture, s’est donné la mort. On trouve la trace de l’homme barbu à la Radiodiffusion française, rue de Grenelle, au Deuxième Bureau, à la direction du journal Le Populaire  : n’est-il pas un ancien socialiste ? Culot suprême, il va même solliciter des nouvelles de son camarade Brossolette au ministère de la Guerre, là où réside le général de Gaulle !
     
    La suite de l’itinéraire du « docteur Eugène » a paru plus floue aux historiens. Sur les semaines qui vont suivre, je suis à même de proposer une série de documents longtemps restés inconnus.
    Le premier n’est autre que l’interrogatoire de Petiot le jour même de son arrestation. Ses dires, contrôlés par le témoignage inédit du capitaine Simonin, le policier le plus étroitement mêlé à l’affaire, vont nous permettre de retracer son itinéraire  (121) . Petiot déclare s’être engagé à la caserne de Reuilly au début du mois de

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