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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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la région parisienne massacrant de prétendus “collaborateurs” et font ensuite main basse sur l’argent, les bijoux, les objets d’art, etc. De Gaulle n’aime pas les vols et les pillages qui suivent ces assassinats et, un matin, il convoque le colonel Paillole, directeur de la Sécurité militaire, et lui dit simplement : « Vous allez me faire cesser cette chienlit ! » (c’est son mot).
    « Rentré dans son bureau, le colonel Paillole y trouve un dossier qui va servir de point de départ à son enquête : à Tessancourt, de soi-disant “épurateurs” ont fait irruption chez le maire de la commune, homme âgé qui n’a été ni résistant ni collaborateur, mais qui possède une collection de timbres évaluée à plusieurs dizaines de millions de l’époque. On torture le maire sauvagement pour lui faire avouer où il a caché cette collection et ce sont ces petites vignettes postales (que le maire finit par remettre avant de mourir des sévices qu’il a endurés) qui vont faire dérailler le beau plan ciselé artistiquement par le docteur Petiot. Paillole a sous la main, dans ses services, un commissaire de la Sûreté nationale, mobilisé pour lors en qualité de commissaire de la Sûreté aux armées sous le nom de “capitaine Simonin”. C’est un policier chevronné. Vingt-quatre heures après le début de son enquête, les voleurs de Tessancourt sont identifiés et deux d’entre eux se retrouvent à la Santé au quartier de Haute Surveillance.
    « Les malfaiteurs sont arrêtés, la collection de timbres est retrouvée ; tout semble donc aller pour le mieux et le capitaine Simonin n’a plus qu’à se rendre chez son colonel pour lui remettre son rapport et prendre en main le dossier suivant. Pourtant, un troisième complice n’a pu être appréhendé et c’est pourquoi, le lendemain, l’officier retourne à la prison pour interroger à ce sujet les deux détenus. Stupeur : aux premières heures de la matinée, un officier FFI, accompagné d’une garde importante, s’est présenté au directeur de la Santé et s’est fait remettre les deux détenus. Il a d’ailleurs signé une décharge portant le timbre du 1 er Régiment de marche de Paris, caserne de Reuilly. Après quoi, le directeur, quelque peu surpris par cette démarche, a vu tout le groupe entrer au café situé face à la prison où officiers, soldats et détenus ont pris ensemble le petit déjeuner dans la plus aimable gaieté.
    « Peu impressionnable, le capitaine Simonin se rend à la caserne de Reuilly pour demander des explications au Chef de Corps. Mais après une longue absence au poste de garde, on lui fait savoir qu’aucun “responsable” n’est présent et que personne ne peut le recevoir. »
    J’interromps ici le récit du capitaine Simonin pour faire état de l’étonnant dialogue qu’il n’a pas voulu insérer dans son récit et qu’il m’a personnellement rapporté. Quand il se présente à la caserne de Reuilly, on le salue à peine. Il déclare :
    — Je désire m’entretenir avec le Chef de Corps.
    — C’est que nous en avons plusieurs…
    — Je veux rencontrer un officier responsable.
    — On va aller voir.
    Simonin attend une demi-heure. L’autre revient :
    — L’officier qui commande demande que vous inscriviez votre identité sur ce papier, votre grade et votre appartenance.
    Simonin obéit. L’autre s’en va et revient encore. Il prononce ce verdict sans appel :
    — Ici on ne reçoit pas les membres de la Gestapo de Londres.
    Ainsi, aux yeux de certains officiers de la caserne de Reuilly, les services français récemment arrivés d’Alger ou de Londres étaient assimilés à une gestapo…
    Revenons au récit lui-même. Il va nous réserver bien d’autres surprises : « Le capitaine Simonin retourne, boulevard Suchet, à la Direction de la Sécurité militaire pour rendre compte, et là, nouveau coup de théâtre : dans le bureau du colonel, il retrouve le caporal R., l’un des deux détenus “libérés” le matin même de la prison de la Santé  (123) . Curieuse conversation d’ailleurs puisqu’il s’agit d’un “marché” que le jeune militaire propose à l’officier supérieur. Si l’on accepte de passer l’éponge sur l’affaire de la collection de timbres (on passe prudemment sous silence la mort du maire !) l’évadé de la Santé est prêt à indiquer où se trouve le docteur Petiot.
    « Indignation du colonel qui arrive d’Alger et

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