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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Quand Wetterwald, dit Valéri, lui a confié qu’il était en réalité le docteur Petiot et que les cadavres, opportunément exploités par la presse des nazis français, était ceux d’Allemands ou de collaborateurs, Raffy a préféré le croire. Désormais, il garantira à Petiot une solidarité sans faille.
     
    Promotion stupéfiante : Petiot est chargé de l’épuration. En tant que tel, il recueille les dénonciations touchant des collaborateurs. Le problème de leur culpabilité ne le préoccupe guère. Il étudie surtout la situation de fortune des cas qui lui sont soumis. Les seuls collaborateurs qui l’intéressent sont ceux qui promettent d’être « juteux ». Bonny et Lafont ne raisonnaient pas autrement pendant l’Occupation. Au début, il fait en sorte que les membres des commandos expédiés aux adresses retenues puissent croire qu’il s’agit vraiment de grands coupables. Quelquefois, cela est apparu un peu gros. Peut-être Petiot, au retour de certaines expéditions, a-t-il enregistré des marques d’étonnement, voire des critiques. La logique le conduit à sélectionner ceux dont il utilisera désormais les « compétences ». Il ne prendra plus que les moins regardants. Quand ceux-là arrêtent un collaborateur, ils vident aussi son appartement. Le butin est apporté à Petiot. C’est précisément ce qui va le perdre.
     
    Revenons à la sinistre affaire du maire torturé de Tessancourt. Sur l’opération dépeinte par le capitaine Simonin, nous sommes à même aujourd’hui d’apporter un certain nombre de précisions : le maire se nommait Leurogance et il était âgé de soixante-quatorze ans. Une note de service, émanant du bureau du capitaine Valéri, a servi de sauf-conduit aux membres du commando : « La collection de timbres appartenant à Monsieur Baumgartner, de la LVF, actuellement en fuite, nous avons décidé de la rechercher à Tessancourt. Elle est dissimulée dans un coffre-fort derrière la penderie. Ceci d’accord avec le capitaine Dollar de Mantes qui nous en a appris l’existence. » La LVF (Légion des volontaires français contre le bolchevisme), le capitaine Dollar : tout y est !
    On sait aussi que Petiot, en raison de l’importance qu’il attachait au butin qui était en jeu, a tenu à prendre personnellement la tête du commando. Parvenu chez M. Leurogance, il a personnellement « cuisiné » le malheureux. On connaît le nom des trois acolytes qu’il a emmenés avec lui : le lieutenant Duchesne, le caporal Salvage et un certain Cabelquenne.
    La collection de timbres était estimée à cinq millions  (124) . Interrogé, le capitaine Valéri affirmera qu’elle a été confiée à un certain capitaine Gray qui se l’est fait voler… Seulement il y a mort d’homme. Et le caporal R. a senti naître une légitime inquiétude.
     
    Boulevard Suchet, le jeune bourgeois fourvoyé a livré un renseignement précieux :
    — C’est moi qui loge Petiot. À Saint-Mandé, rue Paul-Bert, je lui prête un studio qui appartient à mes parents.
    Puisque l’on s’est résolu à arrêter Valéri-Petiot, les usages voudraient que le directeur de la Sécurité militaire informe de la décision le colonel commandant le régiment dans lequel sert l’officier. Ce dernier devrait être aussitôt mis aux arrêts de rigueur et son premier interrogatoire devrait avoir lieu en présence du Chef de Corps. Les révélations de R. – vérifiées sur place par Simonin – interdisent de procéder ainsi : ce serait courir le risque que les supérieurs de Valéri, toujours convaincus de sa qualité de héros de la Résistance, veuillent le soustraire à la justice et le faire évader !
    Donc on ne l’arrêtera pas. On l’enlèvera.
     
    Une surveillance organisée par le lieutenant Gabrielli et plusieurs fonctionnaires de la Sécurité militaire a permis de déterminer les horaires et habitudes de Petiot. Pour se rendre à la caserne de Reuilly, il va, chaque matin à la même heure, prendre le métro à la station Saint-Mandé-Tourelle.
    Je rends la parole au capitaine Simonin : « Et c’est ainsi que, le 31 octobre, lorsque le docteur tend son ticket à la poinçonneuse de la station de métro Saint-Mandé-Tourelle, les deux bras musclés du sous-lieutenant Vian lui paralysent les bras, tandis que les lieutenants Surville et Gabrielli lui passent les menottes aux mains et aux pieds. Vingt secondes plus tard, Petiot est embarqué dans une voiture

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