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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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militaire. Le capitaine Simonin qui a réglé l’opération dans ses moindres détails est assis près du chauffeur et va en rendre compte à la direction de la Sécurité militaire. »
    Petiot enfin sous les verrous ! Le capitaine Simonin se souvient : « Dès les premières questions, Petiot prend de haut le sort qui vient de lui être réservé. Il est un héros de la Résistance et il ne cesse d’injurier ceux qui l’interrogent, les traitant de “mercenaires au service des Américains”, de “stipendiés du capitalisme”, etc. Ses camarades de résistance et ses amis “du parti” ne vont d’ailleurs pas tarder à venir le délivrer et les sanctions vont pleuvoir sur la tête de ceux qui le détiennent illégalement. À l’entendre, il a tué à lui seul plus de “boches” que tous les agents du service qui l’interroge. Puis il débite tout ce qu’il a appris de la Résistance au cours de son incarcération à Fresnes. Mais, sur ses activités d’épurateur à la caserne de Reuilly, Petiot reste muet.
    « — J’ai obéi aux ordres de mes chefs, dit-il sans relâche. Vous faites partie comme eux de l’Armée française ? Allez leur demander de vous dire quelles sont les missions qu’ils m’ont confiées et comment je les ai exécutées.
    « Et il ajoute : si vous n’avez pas peur d’eux ! » Le rapport du capitaine Simonin, chef de la section « P », à « Monsieur le Directeur de la Sécurité militaire » s’achève ainsi :
    « Au cours de l’interrogatoire que nous avons fait subir à Petiot, ce dernier a déclaré avoir appartenu à divers mouvements de Résistance, et que c’est à ce titre qu’il se déclarait responsable de la mort de 63 personnes.
    « Il est actuellement connu sous le nom de capitaine Valéri, officier-adjoint au commandant Raffy, chef du 2 e Bureau du bataillon de dépôt du 1 er Régiment de marche, caserne de Reuilly.
    « Petiot a déclaré, mais n’a pas voulu le confirmer dans sa déposition par écrit, que ses supérieurs étaient au courant de sa véritable identité. »
    Le procès-verbal de l’interrogatoire confirme la synthèse présentée par le capitaine Simonin. Voici, dès son arrestation, ce qu’affirme Petiot :
    « Au cours du dernier trimestre 1941, je suis entré réellement dans la Résistance, dans l’organisation de pierre Brossolette  (125) . J’ai été mis en contact, par une personne dont je n’ai jamais connu le nom, avec un agent venu de Londres pour organiser la Résistance en Franche-Comté. Il m’a mis en relation avec un « Groupe d’action » de l’organisation de Pierre Brossolette. Le chef de ce groupe était un certain Cumulo (orthographe phonétique) sur le compte de qui je puis vous donner renseignements suivants :
    « Son groupe d’action s’appelait “l’Arc-en-ciel”. Cumulo présentait une certaine ressemblance de silhouette et d’allure avec moi. Il était brun et nous nous faisions parfois passer l’un pour l’autre. Par la suite, je fus amené à fonder moi-même un groupe de sécurité qui a pris le nom de “Fly Tox”. Le groupe “Fly Tox” doit être connu du système Brossolette et je vous donne mon pseudonyme qui était connu des Allemands et qui doit être connu des personnes de ce groupe et qui est Docteur Eugène. »
    Invité à donner les noms des membres de ce groupe, Petiot répond : « J’estime que le groupe “Fly Tox” doit être connu et que les précisions que vous me demandez sont inutiles. » Il reprend l’historique de « Fly Tox » : « Bientôt mon groupe se spécialisa dans le dépistage et l’exécution des mouchards de la Gestapo. Nous avons ainsi exécuté 63 personnes et j’ai assisté à la plupart de ces exécutions. Voici comment nous procédions : nous arrêtions les personnes comme si nous étions des membres de la Gestapo afin de provoquer leur réaction et de les amener pour se défendre à nous communiquer les renseignements sur leur activité pro-allemande. Ces interrogatoires avaient lieu dans mon hôtel rue Le Sueur. Ensuite, lorsque nous avions acquis la certitude de la culpabilité, nous procédions à l’exécution, soit au revolver, soit à l’aide de mon arme secrète  (126) . Les cadavres étaient immédiatement transportés dans la forêt de Marly ou dans les bois de Saint-Cloud dans des endroits dont je n’ai conservé aucun souvenir sauf toutefois lorsqu’il s’agissait de militaires allemands en uniforme

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