C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
polonais de Londres, l’émotion soulevée par la découverte des charniers s’accroît encore. Quand la nouvelle rejoint les rangs de l’armée Anders, elle frappe littéralement au cœur les combattants. Après avoir quitté l’Union soviétique, ils ont traversé l’Iran, rejoint l’Égypte et se sont, auprès des forces britanniques, jetés dans la bataille contre Rommel. Bientôt les Polonais se battront héroïquement en Italie. Sur les ruines de Cassino conquises de vive force, le drapeau que l’on plantera sera polonais.
Bouleversé, Anders expédie aussitôt à Londres un télégramme rappelant les témoignages sur la « lourde faute » dont sont convenus Beria et Merkulov : « Il est très possible que ceux qui ont été emmenés de Kozielsk aient été assassinés près de Smolensk. Un certain nombre de noms donnés par la radio allemande figurent dans mes dossiers (14) … Depuis longtemps, nous avons la conviction profonde qu’aucun d’entre eux n’est vivant et qu’ils ont été assassinés de propos délibéré. Malgré cela, l’annonce de la découverte allemande a produit une très forte impression et a provoqué la plus profonde indignation. Je tiens pour nécessaire une intervention du gouvernement dans cette affaire dans le but d’obtenir des explications officielles des Soviets, d’autant plus que nos soldats sont persuadés que ceux des nôtres qui restent en URSS seront également exterminés. »
Pendant ce temps, les grandes manœuvres du docteur Goebbels se poursuivent. Le 16 avril, la Croix-Rouge allemande – agissant évidemment sur ordre – adresse un télégramme au Comité international à Genève : « Étant donné l’intérêt international de cette affaire monstrueuse, nous tenons pour très souhaitable la participation du Comité, particulièrement en raison des nombreux cas de disparitions de personnes en URSS ayant fait l’objet de rapports de la Croix-Rouge allemande et de la Croix-Rouge polonaise. D’après les renseignements obtenus par la Croix-Rouge allemande, toutes facilités seront données aux représentants du Comité pour leur permettre de se rendre aussitôt sur les lieux afin de prendre part à l’enquête. »
Le drame, c’est que, voulant donner satisfaction à Anders, le gouvernement polonais de Londres a adressé, la veille, au Comité international de la Croix-Rouge, une demande identique d’enquête sur Katyn. Destinée à rester secrète, la démarche allemande du 16 avril va obliger le gouvernement en exil à se départir de cette réserve. Le 17, l’agence officielle polonaise publie un communiqué sans ambiguïté : « Aucun Polonais ne peut manquer d’être profondément secoué par la nouvelle à laquelle les Allemands donnent actuellement la plus grande diffusion, à savoir la découverte, dans une fosse commune près de Smolensk, des cadavres des officiers polonais disparus en URSS et l’assassinat collectif dont ils furent victimes.
« Le gouvernement polonais a donné, le 15 avril dernier, des instructions à son représentant en Suisse pour demander au Comité international de la Croix-Rouge à Genève d’envoyer une délégation chargée d’enquêter sur place sur la réalité des faits. Il est à souhaiter que les résultats de l’enquête de cet organisme humanitaire, chargé de la tâche d’éclaircir l’affaire et d’établir les responsabilités, soient rendus publics sans tarder. »
Goebbels voulait non seulement brouiller les Soviétiques et les Polonais mais aussi diviser les Alliés. Il a réussi aussi totalement que possible.
Le résultat ne se fait pas attendre : le Comité de la Croix-Rouge internationale, attaché à son devoir strict de neutralité, refuse d’ouvrir une enquête que n’ont pas sollicitée tous les belligérants. Quant à l’URSS, elle dénonce à grand bruit le fait que « l’actuel gouvernement de Pologne, ayant glissé sur la voie d’un accord avec le gouvernement hitlérien, a en fait rompu son alliance et adopté une attitude hostile envers l’Union soviétique ». Elle en tire les conséquences en mettant fin à ses relations diplomatiques avec le gouvernement polonais du général Sikorski.
La voie est ouverte à un gouvernement polonais d’obédience communiste qui sera à pied d’œuvre lorsque l’Armée rouge aura libéré Varsovie.
Les premières exhumations remontaient – d’après les déclarations allemandes – au 12 avril 1943. Elles
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