C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
d’une capitulation les troupes qui, dans le Pacifique, font face à l’ennemi ? Il faut leur insuffler le courage de continuer le combat. Les phrases brûlantes surgies de la plume d’Inaba aboutissent à un texte qu’il est pressé de faire connaître. Discipliné, il le soumet cependant au secrétaire d’État à la Guerre et au chef du département des Affaires militaires qui, en y apportant des modifications, en accentuent plutôt la violence. Après tout, le commandement a bien le droit de s’adresser à l’Armée ! Avant de diffuser le texte, on cherche le ministre Anami afin qu’il relise la version définitive. Le ministre s’est enfermé dans son bureau et interdit qu’on le dérange…
C’est alors que paraît au ministère le lieutenant-colonel Takeshita, beau-frère d’Anami. On lui fait lire la prose « améliorée » d’Inaba. L’enthousiasme de Takeshita ne connaît pas de bornes. À ce point qu’il propose de porter lui-même le communiqué à la radio afin qu’il soit diffusé au journal parlé de 19 heures. Parvenu aux studios, il présente ce texte comme… un « communiqué du ministre Anami » destiné à la population !
C’est ainsi que les auditeurs entendront quasi simultanément, à 19 heures, le communiqué du gouvernement et celui attribué au général Anami. Songeons à l’effet qu’a pu produire la prose prétendue du ministre de la Guerre :
« Nous n’avons pas d’autre choix, si nous voulons préserver nos structures nationales, que de nous battre jusqu’au bout afin de sortir vainqueurs de cette guerre sacrée. Nous lutterons jusqu’à notre dernier souffle, même s’il nous faut pour cela mâcher de l’herbe, nous nourrir de terre et vivre à ciel ouvert… car c’est en mourant pour lui que nous permettrons à notre pays de survivre. Kousounoki, ce héros, jura de vivre et de mourir sept fois afin de sauver le Japon du désastre. Nous ne pouvons faire moins…»
On ne saurait trop donner raison à l’historien japonais qui a commenté ainsi l’extravagante épreuve à laquelle ont été soumis, ce soir-là, les auditeurs de la radio : « Il est peut-être heureux que le peuple japonais ait, pendant la durée de la guerre, renoncé à comprendre ce qui se passait, sinon il n’aurait plus su que penser. »
Samedi 11 août. 5 heures du matin.
La presse japonaise publie, avec d’énormes titres, les communiqués du gouvernement et du général Anami.
On attend à Tokyo la réaction des Alliés à l’acceptation par le Japon de la capitulation sous réserve que l’empereur demeurera sur son trône. Un témoin se souviendra : « Je vécus des heures d’intolérable angoisse. »
Dimanche 12 août, 0 h 45.
La radio capte cette réponse, telle que la diffuse une émission de San Francisco. Les Alliés exigent que « le pouvoir dont sont investis l’empereur et le gouvernement soit soumis ( subjected to ) au commandant supérieur des puissances alliées ». De plus, « la forme définitive du gouvernement japonais sera, en accord avec la Déclaration de Potsdam, établie selon la volonté exprimée du peuple japonais ».
Dès lors, il appartient aux tenants de la paix et à ceux de la guerre d’analyser le texte, ligne à ligne, mot à mot. Pour Togo et ses amis, l’expression s ubjected to doit être traduite par « sous le contrôle ». Donc, elle ne porte pas atteinte à la souveraineté de l’empereur. Quant à l’alinéa sur la « forme définitive du gouvernement », Togo et ceux qui le suivent veulent attribuer un sens strict à l’expression et décident qu’elle n’inclut pas l’empereur. Par conséquent, on peut accepter la réponse alliée.
Les bellicistes, eux, poussent de hauts cris. Ils jurent que la condition exigée n’est pas remplie, que les prérogatives impériales ne sont pas garanties. Donc, il faut continuer la guerre ! Il faut se battre, plus audacieusement, plus héroïquement que jamais !
7 heures du matin.
Des officiers – presque tous très jeunes – font irruption dans les bureaux du général Umezu et de l’amiral Toyoda. Hors d'eux, ils exigent « l’annonce publique du rejet de la note ». Déjà, des menaces précises sont proférées. Toyoda et Amezu n’ont pas de mal à se laisser convaincre. Ils se précipitent au palais où l’empereur, informé dès l’aube par la pacifique marquis Kido, les reçoit, les écoute, les remercie et leur déclare
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