C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
recherche d’une escadre allemande signalée par erreur et coule un sous-marin italien. Impatiemment on attend l’ordre d’en découdre. Rien ne vient. C’est sur la terre ferme que la guerre est en train de se perche.
À Mers el-Kébir, on vit – comme partout en France – à l’affût des informations que transmettent les ondes. Sur les cartes, on change tous les jours les épingles qui marquent l’avance foudroyante de l’armée allemande. Paul Reynaud ayant démissionné, on apprend que le président Albert Lebrun a désigné le maréchal Pétain comme président du Conseil. On découvre – non sans fierté – que le vieux soldat a nommé l’amiral Darlan ministre de la Marine. Le jour vient où Pétain, de sa voix chevrotante, fait savoir qu’il s’est adressé à l’Allemagne pour connaître les conditions d’un armistice.
De l’amiral Gensoul au plus humble des matelots, une angoisse identique s’est levée : et la Flotte ?
Avant la demande officielle d’armistice, un ordre de Darlan a rejoint la Force de Raid : « Toutes les actions navales et aéronavales doivent être poursuivies avec la plus farouche énergie. » Au cours de la nuit suivante, nouveau message dont assurément Gensoul a dû peser chaque phrase, chaque mot, chaque syllabe : « Quelle que soit l’évolution de la situation, la Marine peut être certaine qu’en aucun cas la flotte ne sera livrée intacte à l’ennemi . Tous ordres à ce sujet seront authentifiés par signature Xavier 377 sans laquelle ils seront nuls. Accusez réception. »
D’autres messages se croisent dans l’éther. Ils confirment que l’armistice va être signé et que l’on peut prévoir une amère réaction britannique. Le 21 juin, à 19 heures : « À toutes autorités maritimes. Navires de guerre français présents dans les eaux britanniques ou ralliant ports britanniques doivent être dirigés sur ports français situés au-dessous du 40 e parallèle (30) . »
Le 22 juin, l’armistice a été signé, à Rethondes, dans la même clairière et le même wagon où, le 11 novembre 1918, Foch avait imposé sa loi à l’Allemagne vaincue. Cette fois le vainqueur s’appelle Hitler. Il a tenu à être personnellement présent et à notifier que les conditions fixées aux Français n’étaient pas négociables. Implacables, ces conditions – sauf pour la Flotte.
Assurément les Allemands ont connu la position proclamée urbi et orbi par Darlan : la France ne remettra pas ses bateaux au vainqueur. Si Hitler exige qu’ils soient livrés, il n’y aura pas d’armistice.
Par voie de conséquence, on a pu lire, à l’article B de la convention d’armistice : « Le gouvernement allemand déclare solennellement au gouvernement français qu’il n’a pas l’intention d’utiliser à ses propres fins la flotte de guerre française… Le gouvernement allemand déclare solennellement et formellement qu’il n’a pas l’intention de formuler de revendications à l’égard de la flotte française lors de la conclusion de la paix. »
Cependant, le 23 juin, un nouveau message a été capté par le Dunkerque : « Soyez maintenant très discrets vis-à-vis des officiers de liaison britanniques qui devront être débarqués immédiatement si un armistice franco-allemand est conclu. »
Pendant quelques mois, les deux marines française et anglaise se sont battues côte à côte. Une véritable fraternité est née. Les ressentiments issus de tant de siècles – de La Hougue à Trafalgar – ont semblé s’estomper. Des amitiés personnelles se sont nouées. L’instant est-il venu qui va marquer la fin de tout cela ?
La France est à genoux mais, à Oran, la route du littoral se couvre de trolleys, de voitures ou de vélos, emmenant les baigneurs pied-noirs aux plages ou aux Bains de la Reine. Du haut des ponts, les équipages de la Force de Raid voient de petits voiliers tourner autour des bâtiments. De belles filles en maillot leur sourient ou leur lancent des lazzis gonflés d’accent. Les matelots rêvent.
À l’aube du 24 juin, les plus insouciante vont comprendre qu’il faut garder les yeux ouverts. Le destroyer britannique Douglas vient de paraître devait Oran. À son bord se trouve l’amiral North, à la fois commandant en chef du théâtre de l’Atlantique Nord et commandant en chef à Gibraltar. Que vient faire à Oran l’un des officiers généraux les plus gradés de la Royal
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